La présidentielle d'avril 2014, ne ressemble à aucune consultation électorale. Sur les six candidats en course, il est apparu au fil des jours qu'une bipolarisation entre Bouteflika, et Benflis confirmait les pronostics des observateurs de la scène politique. Les autres candidats en lice pour briguer la magistrature suprême n'ont pourtant ménagé aucun effort pour persuader les électeurs qu'ils peuvent s'imposer en alternative à un système Bouteflikien qui semble être à bout de souffle, d'autant qu'une masse importante de la population souhaite une transmutation du pouvoir vers d'autres postulants. Rebaïne Faouzi, patron de l'AHD 54, lors de sa dernière conférence de presse s'est dit satisfait de la manière dont s'est déroulée sa campagne électorale, estimant toutefois qu'il craignait par-dessus la fraude, et que les menaces du président sortant ne l'intimidaient nullement. Persuadé du bien fondé de ses accusations, Rebaïne ne s'est jamais empêché de dénoncer l'utilisation de l'argent sale, qui a coulé à flot, les renforts de ministres, et d'hommes du sérail, ainsi que les immenses moyens étatiques au profit du président sortant. Cet homme paraissant d'une intégrité sans ambages et d'un nationalisme surprenant a été visiblement très affecté par le laissez-faire des deux commissions chargées de faire respecter la loi électorale en vigueur. Rebaïne affirme à son auditoire qu'il est parvenu à faire une campagne électorale avec très peu de moyens matériels. Même si les salles où le président de l'AHD 54 n'étaient pas pleines à craquer, Faouzi rétorquera qu'à la différence de certains de ses concurrents, « il n'est pas allé chercher contrairement aux hommes du système, les fonctionnaires et les travailleurs du filet social». «Ceci dit, je suis un militant et je n'ai aucun complexe». Doté d'un programme comportant d'intéressantes réformes de plusieurs secteurs, Rebaïne se dit extrêmement préoccupé et même inquiet sur l'issue du scrutin, car affirme t-il, «on sait tous que les dictatures mènent vers l'impasse créée qui mènerait à des situations explosives. Ce que je ne souhaite pas pour mon pays», aurait-il conclu à titre de rétrospective. A l'instar des autres candidats, Faouzi voudrait changer la Constitution, régler les problèmes des victimes du terrorisme, celui des disparus, les cas des patriotes, des gardes communaux, en résumé, réhabiliter la fonction de juge en lui apportant plus de protection dans l'exercice de ses fonctions tout en assurant pour de larges pans de la population la justice sociale. Moussa Touati, le président et candidat du Front national algérien (FNA), considérant que le bonheur de l'Algérie est sa priorité, estime qu'une coalition représentant l'ensemble des partis politiques, ainsi que le mouvement associatif devrait joindre leurs efforts en vue de mener une action commune qui déboucherait sur un consensus national. Persuadé que le taux de participation au scrutin du 14 avril ne dépasserait pas les 15% des électeurs en âge de voter, le président du FNA ne pense pas se retirer de la course à la présidentielle en dépit des rumeurs qui ont circulé sur son éventuel retrait. M. Touati estime que la situation économique et sociale moribonde du pays est le principal motif du désintérêt de la population. Il affirmera «qu'il refuse que le sang des Algériens coule». Pour Ghardaïa, M. Touati, dépité, est pour une solution pacifique, réitérant, que le pouvoir de l'argent est le maître absolu actuellement. Dans ses diverses interventions, le n+1 du FNA confirme ses appréhensions que le scrutin du 17 avril «ne sera ni honnête, ni transparent» et que son parti qu'il place dans l'opposition est une force qui a choisi la confrontation pour contrer un pouvoir qui, selon lui, a mal géré le pays, c'est ce qui expliquerait qu'il n'est pas d'accord avec les boycotteurs car ces derniers abandonnent leur souveraineté d'électeur s'ils ne vont pas voter. «Il s'agit de redorer votre dignité et votre honneur... Le peuple algérien s'est retrouvé asservi par un pouvoir prônant le capitalisme libéral». Touati suggère de réformer le système par un «régime social et démocratique au service du peuple, tel qu'énoncé dans la Déclaration du 1er Novembre 1954». Le développement de l'agriculture tient une place prépondérante dans le programme du FNA où il est stipulé la fin du bétonnage des terres arables. Le candidat du FNA fustige lui aussi les membres de la commission de surveillance de l'élection présidentielle pour leur silence face aux dépassements constatés. Les recours auprès de la Cwisep et auprès de l'administration restent sans suite regrette-t-il. Moussa Touati en vieux routier à présent, en tant que candidat à la présidentielle ne semble point surpris, à contrario, il laisse apparaître son désappointement face à l'omnipotence de l'administration. Le baptême de feu en tant que candidat à la présidentielle de Abdelaziz Bélaïd lui a fait découvrir lui aussi la complexité d'une campagne marathon où il voudrait voir les citoyens voter massivement. Rappelant volontiers les sacrifices consentis par le peuple algérien durant la guerre de libération, en citant les noms des grandes icones du mouvement national algérien, c'est donc tout logiquement que le candidat proposera à ses fans «de moderniser l'Armée nationale populaire, la considérant comme la protectrice de nos frontières, des citoyens et de la Constitution en dotant cette institution de tous les moyens pour protéger la démocratie», indique-t-il. Pour ce qui est du volet social, le plus jeune des candidats s'engage à augmenter la pension de 4 000 DA octroyée aux handicapés, à éliminer toutes les différences entre les citoyens et à promouvoir leurs droits fondamentaux, en particulier la santé, l'assurance maladie et les prestations sociales. «L'Etat garantit la protection sociale des personnes ayant des besoins spécifiques», a-t-il dit. Les diplômés algériens et les cadres de la nation ne sont pas restés en jachère puisqu'il promet de les nommer à des postes de responsabilités aussi importants que dans la représentation diplomatique de l'Algérie. Dans le domaine de l'éducation, le chef du parti El Moustekbel propose de dresser un bilan d'où se dégageront les points positifs et les points négatifs caractérisant notre système d'enseignement. La jeunesse dans sa diversité est qualifiée de «moteur du développement» À propos de l'école et du système éducatif algérien, le président du parti du Front El-Moustaqbal souligne la nécessité de dresser un constat objectif et d'en tirer les solutions indispensables. Encore fidèle à ses premiers balbutiements en politique puisque Belaïd est un transfuge de l'UNJA qu'il ne manque d'évoquer lors d'un meeting à Constantine. A ce propos il dévoilera que : «C'est un honneur pour nous de prendre Boumediene comme référence, mais surtout les idées qu'il continue encore de véhiculer même après sa mort et ce, à travers les colloques organisés chaque année par l'UNJA.» Sur sa lancée, l'orateur dira que «nous sommes la génération de l'Indépendance, mais on continue de nous dire que nous sommes encore trop jeunes pour prendre les commandes. Il est temps que ça change.