Les affaires qui éclaboussent l'Assemblée populaire communale de Mascara, riment avec un système économiquement, politiquement et culturellement putréfié qui compromet deux classes d'individus, les corrupteurs et les corrompus. Edifiante cette affaire, qui en dit long sur les actions illégales bafouant les fondements essentiels de la commande publique, et ce, malgré la nouvelle loi sur la corruption, devenue inutile pour moraliser la vie publique. L'affaire des couffins de ramadhan de l'année 2013 où, paraît-il et selon les informations qui circulent au niveau local, on a vu une surfacturation dans le contrat passé entre les fournisseurs et l'Assemblée populaire communale du chef- lieu où pas moins de vingt personnes, entre élus, cadres et fonctionnaires ont défilé devant le juge d'instruction de la chambre 1 du tribunal de la daïra de Sig, distante d'environ une cinquantaine de kilomètres du chef-lieu. En plus de la surfacturation, la distribution des denrées alimentaires destinée aux plus démunis a vu une autre tournure ou des mains rompues ont délibérément détourné cette pitance aux proches et aux intimes. Un véritable tribalisme qui ne dit pas son nom. Scindé en trois groupes, et ce, vu le nombre important des personnes convoquées devant le juge d'instruction pour s'expliquer sur cette présomptive dilapidation des deniers publics, ils ont été entendus par le magistrat instructeur, les 19, 20 et 23 du mois en cours. Le premier groupe, entendu par le juge d'instruction de la chambre numéro 1, a vu l'ex-membre du comité des marchés (actuel P/APC), un élu et trois fonctionnaires auditionnés sur procès-verbal concernant les circonstances de cette affaire, et ce, suite à un dossier volumineux déposé par les enquêteurs de la brigade économique et financière de la Sûreté de wilaya qui a actionné les investigations sur commission rogatoire. Le deuxième groupe, toujours dans l'affaire des couffins de ramadhan de l'année 2013, concernant le jugement des offres, a vu défiler devant le magistrat instructeur, une douzaine de personnes composées essentiellement de trois membres de l'Assemblée, trois fonctionnaires et six témoins activant au sein de l'auguste institution, qui ont été de près ou de loin mêlés à cette ahurissante affaire du couffin de la «honte». Le troisième groupe, c'est-à-dire le plus directement concerné par le couffin de la «honte», comprend l'ancien P/APC démissionnaire, le vice-président chargé du social, le président de la commission du social et un membre élu auditionné par le juge d'instruction. Le volumineux dossier qui se trouve entre les mains du magistrat instructeur n'a pas encore dévoilé les véritables desseins des tenants et aboutissants de cette affaire, ni encore moins les préjudices financiers engendrés à la collectivité. Nonobstant ces faits, il y a lieu de souligner, que parmi cette cohorte de personnes auditionnées cinq élus de l'Assemblée populaire communale de Mascara ont été mis sous contrôle judiciaire par le juge d'instruction de la chambre 1 du tribunal territorialement compétent de la daïra de Sig. Concernant l'affaire de l'Assemblée populaire communale de Tighennif, malgré la condamnation de trois élus impliqués dans une affaire similaire de détournement du couffin de ramadhan, ils persistent toujours dans leurs fonctions, et ce, contrairement au P/APC de Aïn Frass dépendant de la daïra de Aïn–Fekan, qui a été limogé pour une similaire affaire de couffin de ramadhan. Deux poids, deux mesures de l'autorité sur place, qui paraît-il, plaide pour une stabilité de la commune, malgré cette condamnation. Dans un autre contexte, il y a lieu de souligner que le juge d'instruction de la chambre 1 du tribunal de Mohammadia, distant d'environ une quarantaine de kilomètres du chef-lieu, a eu à traiter une autre affaire concernant un avenant dont le montant oscille entre 14 et 18 milliards de centimes provenant d'un unique projet scindé en deux lots, communément appelé «gradins», situé au centre- ville du chef- lieu, près du lycée de jeunes filles. L'avenant n°01 des «gradins» qui au départ était estimé sur la fiche technique à 11 milliards, dans le cadre de la réalisation de 800 places, a vu son coût franchir le cap des 100%, pour se retrouver dans la fourchette des 18 milliards, et ce, en rapport avec un autre projet de 400 autres places sur le même site, et dont les travaux ont été réalisés sur un terrain peu fiable, selon le CTC. Ce projet a englouti la même enveloppe de l'avenant n°01, en évitant habilement de le porter à 22 milliards pour éviter le comité de marché de la wilaya, où les conditions d'octroi du projet obéissent à des règles draconiennes. Le décret exécutif relatif à la transparence absolue des décisions sur les marchés publics par le président de la République en 2011, qui énonce également une clarification des mandats des commissions de marchés publics pour veiller au respect des procédures et leur transparence dans les appels d'offres et dépouillements des offres, n'est pas encore d'actualité dans la wilaya de Mascara.Tel est le fonctionnement de notre système administratif et politique. La transparence apporterait soi-disant la preuve, ce serait un acte de prévention contre la corruption. Enfin, une autre affaire qui intéresse les enquêteurs demeure l'avenant, dit de la place «Emir Abdelkader», où le montant de la plus value des travaux dans le cadre du marché était de l'ordre de 25.342.822,15 dinars en plus des travaux hors marché dont la somme est de 6.935.499,86 dinars, qui a vu le montant de l'avenant estimé à 26.151.355,16 dinars, exploser à 53.309.233,41 dinars. Le jet d'eau qui a été accommodé à 16.249.489,33 dinars et la statue de l'émir Abdelkader parrainé par l'APC de Mascara à hauteur d'un million de dinars environ suivie par une autre enveloppe d'environ 4.632.476,43 dinars, tous deux, d'une très mauvaise qualité, ne sont pas comptabilisés dans ces additions et soustractions de cette gabegie digne des régimes bananiers, où la transparence est loin d'être appliquée dans le terrain de la réalité. Cela ne fonctionne pas ainsi, c'est l'histoire qui le dit. Les donneurs d'ordre à ces élus incompétents au summum de la noirceur pour régler ses faramineuses sommes dans le cadre des ouvertures de crédit du plan communal de développement et autres brèches ne mesurent pas les dégâts financiers irréparables qu'ils sont en train de commettre. Jamais inquiétés, ni par la justice ni par les divers enquêteurs sur place, ces donneurs d'ordre, le plus souvent corrompus, défient l'Etat et la République. Si ces affaires ont défrayé la chronique, s'est parce que qu'elles comportent des infractions pénales très graves induisant des enrichissements personnels des donneurs d'ordre, qui ont accumulé des fortunes colossales, le tout ceinturé dans des achats immobiliers en Espagne et en France. Les marchés publics dans la wilaya de Mascara, sont-ils aujourd'hui plus sensibles à ce type d'atteinte à la probité ? (Nous y reviendrons !)