Le chef militaire d'Al-Qaïda dans la Péninsule arabique (Aqpa), Qassem al-Rimi, a menacé vendredi les autorités yéménites de représailles après les attaques meurtrières menées par des drones américains contre les insurgés islamistes au Yémen. Dans une vidéo mise en ligne sur des sites islamistes, le commandant d'Aqpa a averti que son groupe frapperait «tout établissement, ministère, campement ou caserne dès lors que les moujahidine ont la preuve de leur implication pour avoir placé des puces sur des voitures pour en faire des cibles à des tirs guidés de drones ou pour avoir servi d'intermédiaire avec les Américains». «Tous ces établissements sont, pour nous, des cibles légitimes. Nous n'allons pas attendre qu'ils nous bombardent, nous irons les envahir», a-t-il ajouté. Il a indiqué avoir établi «une longue liste (...) de tous ceux qui ont été impliqués dans de telles opérations» et qui «devront en payer le prix». Les insurgés d'Aqpa sont régulièrement visés par des attaques menées par des drones, dont l'usage a été défendu par le président yéménite Abd Rabbo Mansour Hadi en personne. Le réseau extrémiste a multiplié ces derniers mois les attaques spectaculaires dans le pays, dont la dernière avait visé début avril un QG de l'armée à Aden (sud). Il a revendiqué cette attaque, ayant fait 20 morts, en affirmant avoir pris pour cible un centre de commandement servant à diriger les attaques de drones américains. L'armée yéménite a lancé mardi une offensive contre les combattants d'Aqpa pour les déloger de leurs repaires notamment dans le sud du pays, où le réseau est bien implanté. Cette offensive est intervenue dix jours après une série de raids de drones américains et de l'armée yéménite contre des bases et des camps d'entraînement d'Al-Qaïda dans ces régions, ayant fait une soixantaine de morts dans les rangs du réseau. Dans un communiqué publié vendredi sur des sites jihadistes, Aqpa a dénoncé cette offensive comme «une escalade militaire décidée (...) après des visites effectuées à Washington par le ministre yéménite de la Défense (...) pour recevoir les ordres de ses maîtres américains». Il a en outre démenti de récentes affirmations du président Hadi selon lesquelles Aqpa, issu de la fusion des branches yéménite et saoudienne du réseau, est formé à 70% de combattants étrangers. «C'est un mensonge. Les moujahidine sont dans leur grande majorité des ressortissants de ce pays musulman», le Yémen, a-t-il affirmé. Les Etats-Unis sont le seul pays à disposer de drones dans la région. Ces appareils ont été utilisés de façon particulièrement intense l'année dernière pour soutenir la lutte des autorités yéménites contre Aqpa, tuant des dizaines de personnes soupçonnées d'appartenir au réseau extrémiste. Aqpa, considéré par les Etats-Unis comme l'émanation la plus dangereuse du réseau, avait profité de l'affaiblissement du pouvoir central au Yémen en 2011, à la faveur de l'insurrection populaire contre l'ancien président Ali Abdallah Saleh, pour renforcer sa présence notamment dans le sud et l'est du pays.