Lors du récent sommet de l'Organisation de la coopération islamique (OCI), le roi Abdallah d'Arabie saoudite a fait un geste symbolique à l'adresse de Mahmoud Ahmadinejad en lui demandant de s'asseoir à côté de lui pour accueillir les dirigeants des Etats membres. En offrant une place de choix au dirigeant iranien, le monarque saoudien «a accompli un geste important , estiment les analystes. Vêtu d'un costume sombre et d'une chemise sans cravate, Ahmadinejad était assis à la gauche du roi Abdallah. Quelle lecture possible ? «Il s'agit d'un message à la nation iranienne, mais également j'imagine au peuple saoudien, pour leur dire que nous sommes musulmans et que nous devons travailler ensemble en oubliant nos différences», a commenté Adballah al Chammari, un analyste politique saoudien. Ce dernier précise que «le roi Abdallah dit aux chiites : nous n'essayons pas de faire les choses sans vous et de vous ignorer. Il essaie également de montrer aux sunnites qu'Ahmadinejad est lui aussi musulman et qu'il n'est pas différent de nous». «Je pense qu'Abdallah essayait de dire à Ahmadinejad que ce que souhaite l'Arabie saoudite en Syrie n'est pas dirigé contre l'Iran», estime un autre spécialiste des questions politiques saoudiennes. Aussi, ce que Ryad reproche à Téhéran, c'est d'entretenir l'agitation au sein des minorités chiites dans le Golfe, en particulier à Bahreïn, une monarchie sunnite. Toutefois, l'Arabie saoudite sunnite et l'Iran chiite se livrent depuis plusieurs années à une lutte d'influence au Moyen-Orient et leur rivalité s'est exacerbée avec la guerre civile en Syrie. Ryad, appuyé par la Turquie notamment, soutient les rebelles sunnites en lutte contre le pouvoir alaouite de Bachar al Assad tandis que Téhéran continue de se montrer fidèle à son allié syrien. Des lectures qui nous interpellent sur la portée effective de ce geste notamment quand on sait qu'il n'y a pas longtemps Ryad s'est montré disposé à aider le régime sioniste si jamais ce dernier attaquait Téhéran. Un geste qui nous rappelle ces fameuses accolades de Sarkozy en direction de Kadhafi, de Ben Ali et de Moubarak. Dans le code mafieux, ces tapes symbolisent un coup de poignard dans le dos. Que dire donc de cette place choisie par le monarque saoudien pour son «hôte» iranien. Généralement, la place de droite étant celle des amis, pourquoi donc Ahmadinejad était-il invité à s'asseoir à gauche ? Dans ce registre des «amitiés» de gauche, on retrouve également les Amerloques, qui ont dirigé de toutes leurs forces le train des sanctions et menaces contre l'Iran, et qui, subitement, font preuve d'«humanisme» à l'égard de ce pays. Un geste que Téhéran avait catégoriquement refusé en rejetant l'aide humanitaire proposée par les Etats-Unis au lendemain des séismes destructeurs qui a frappé ce pays. «L'Iran n'a pas accepté la proposition des Etats-Unis d'envoyer une aide humanitaire aux survivants des séismes», a déclaré Hassan Gadami, chef du département des situations d'urgence au ministère iranien de l'Intérieur. Hier, les Etats-Unis avaient imposé des sanctions qui ont valu un manque crucial en matière de médicaments en Iran et aujourd'hui cette même nuisance se comporte en secouriste ? On se souvient tous du geste jugé «fort» de Sharon envers les Palestiniens avec son fameux désengagement de Ghaza. La suite, on la connaît. Bien entendu, le ridicule n'a jamais tué.