Après avoir donné un concert au Centre culturel de Paris, la chanteuse Nassima Chabane devrait animer un deuxième le 16 mai prochain au niveau de l'Institut du monde arabe de Paris. Véritable ambassadrice de la musique andalouse, Nassima Chabane ne cesse depuis trois décennies déjà de promouvoir cette discipline. Installée en France depuis 1994, cette chanteuse à la voix cristalline est une passionnée de musique andalouse. Nassima Chabane est née à Blida en 1959. Ses débuts remontent à l'année 1970 au Conservatoire municipal de Blida où elle est prise en charge par les maîtres Hadj Medjbeur, qui l'initia aux techniques instrumentales, et Dahmane Benachour, qui la forma sur le plan vocal. Fascinée par le luth, la mandoline fut son premier instrument. Avec Djida Lemdani et Zoubida Belkacem, elle fut l'une des rares élèves que Dahmane Benachour appréciait, lui apprenant les ficelles du métier, « istikhbarate » et solos. Par fidélité à ses maîtres, Nassima rejoint El Widadia, la doyenne des associations musicales de Blida que dirigeait Khodja Dziri et où elle découvre le plaisir des concerts au niveau national et international. La musique pour elle était beaucoup plus une éducation qu'une profession. Jusqu'au moment où, poursuivant ses études de sage-femme à l'hôpital Parnet d'Alger, elle fut sollicitée grâce à l'intervention de Hamidou Djaïdir, pour enregistrer une nouba à la télévision. Avec le grand ensemble de musique traditionnelle de l'ex-RTA et sous la direction de Mustapha Skandrani, elle enregistre la nouba Hsine et un morceau qu'elle affectionne beaucoup Saraqa El Ghousnou Reda Mahboubi, ainsi qu'un morceau de hawzi Roufi ala khlitek, du poète Ben Msayeb. Ce fut un succès tel que la direction de l'école Parnet la somma, à plusieurs reprises, de choisir entre les études et la chanson. Elle préféra ses études sans rompre avec la musique. Travaillant selon les sollicitations, sans prise en charge réelle, elle bénéficie toutefois des encouragements et des conseils de Saddek El Bedjaoui, Abdelkrim Dali et Hamidou Djaïdir. A partir de 1990, ses apparitions publiques deviennent ponctuelles. Con-cernant l'enseignement prodigué par ses maîtres, elle avait déclaré il y a quelques années à la presse : « Mes maîtres étaient conscients du fait qu'aucune femme n'avait chanté la nouba avant 1978, ils m'ont formé pour avoir cette maîtrise. Ils m'ont prise sérieusement en charge. De plus, j'ai eu la chance d'avoir un entourage très compréhensif. En 1979, j'ai enregistré des anthologies complètes pour la télévision algérienne. Après cela, j'ai fait plusieurs tournées et j'ai chanté dans différents pays arabes, d'Europe et d'Asie jusqu'en Corée du Nord », avait-elle expliqué. Lauréate du World Music US en 2011, Nassima Chabane reste l'une des plus belles voix de la musique arabo-andalouse aux racines multiculturelles. Elle a chanté les poèmes de l'Emir Abdelkader et ce, à travers son sublime album « Voie soufie, voix d'amour ». Nassima Chabane se plaît à répéter à chaque fois que l'occasion lui est proposée qu'au-delà de «la musique savante qui la passionne, le chant reste avant tout, pour elle, un espace de liberté ».