«Descendez tous. Tenez vos affaires en mains car nous allons procéder à une fouille». Le long d'une route défoncée et poussiéreuse, un militaire passe en revue les passagers d'un car exténués par des heures de voyage dans l'extrême nord du Cameroun. «Nous sommes partout dans la région», assure le soldat posté dans les environs de Dabanga, localité de la région de l'extrême nord frontalière du Nigeria où la famille française Moulin-Fournier avait été enlevée en 2013 par les islamistes du groupe armé nigérian Boko Haram. Fouille des voitures, vérification des pièces d'identité des passagers: «nous recherchons des armes, des munitions, de la drogue», explique le militaire. Casque vissé sur la tête, gilet pare-balles bien serré autour du corps, il arrête systématiquement tous les véhicules circulant sur l'axe Maroua-Kousseri. A quelques mètres de là, un fusil mitrailleur posé à l'arrière d'un pick-up se veut dissuasif. Le Cameroun a déployé ces derniers jours un impressionnant dispositif militaire dans l'extrême nord, devenu la cible d'attaques sanglantes et d'enlèvements d'Occidentaux répétés, mais aussi une plaque tournante du trafic d'armes destiné à Boko Haram.