La prise en charge médico-légale des enfants victimes de violence doit répondre à des objectifs autant judiciaires que médicaux afin «d'éviter le glissement du mauvais traitement banalisé, voire ignoré, vers les sévices à but éducatif donc positif pour l'enfant, d'une part, et, vers les sévices mérité, l'enfant devenant coupable et non pas victime du désarroi», a estimé, le Pr Brahim Boulassel, médecin-chef du service de médecine légale du CHU Nédir Mohamed de Tizi Ouzou. La violence physique, la maltraitance psychologique, l'abus sexuel, la négligence et la carence de soins, souvent intriqués entraînent, selon ce spécialiste, des conséquences graves sur le développement physique, psychologique et social, ainsi que sur la personnalité de l'enfant. «La maltraitance, sous toutes ses formes de l'enfant entraînant un préjudice réel ou potentiel pour sa santé, sa survie ou sa dignité dans le contexte d'une relation de responsabilité, de confiance ou de pouvoir, nécessite du médecin une double intervention, dans le registre des soins, d'une part, et, dans la constatation médico-légale d'autre part», afin, a-t-il dit, «d'harmoniser les constatations médicales initiales et les formaliser dans un certificat médical.» En faisant preuve (le médecin, ndlr), a-t-il recommandé, d'empathie, mais aussi et surtout, en s'abstenant de toute interprétation ou supposition rapide, fait observer le médecin-chef du service de médecine légale du CHU Nédir Mohamed de Tizi Ouzou. Le certificat médical, établi à la demande du représentant légal de l'enfant ou de l'autorité requérante (réquisition judiciaire), doit être délivré en tenant compte des dires et doléances de la victime, des examens, clinique et complémentaires et, la détermination de l'incapacité temporelle de travail (ITT) de travail personnel, en fonction, a-t-il précisé, des lésions physiques et des répercussions psychologiques, indépendamment des circonstances de l'agression. «Le médecin doit se limiter dans la rédaction du certificat médical aux éléments objectifs constatés et émettre des réserves pour tout ce qui ne peut être vérifié», recommande ce spécialiste, considérant que ce certificat fait partie des éléments qui permettent la sanction éventuelle de l'auteur des faits, mais aussi l'indemnisation de la victime. Le Pr Boulassel a également recommandé aux médecins de ne pas reprendre les dires de l'enfant victime de violence pour leur propre compte, de ne pas conclure en qualifiant l'infraction ou en désignant l'auteur et, en cas d'agression sexuelle, ne pas conclure à l'absence d'agression lorsque l'examen clinique ne montre aucune lésion. Evoquant le rôle des professionnels de la santé dans la protection des enfants victimes de violence, ce spécialiste a fait cas «du dépistage de la maltraitance sur un faisceau d'indices comportementaux et/ou cliniques, la collecte de preuves médico- légales et documentation du cas (dossier médical, pictogrammes, photographies, prélèvements médico-légaux), soustraction immédiate de l'enfant victime de violence d'un environnement dangereux, thérapeutique et préventif (IST, tétanos, etc.) et l'orientation vers d'autres intervenants et de suivi ». Evoquant les types de maltraitance, ce spécialiste a fait cas de violence physique dont le passage à l'acte en réponse à la frustration, les lésions cutanées, traumatismes crâniens, et autres, thoraciques, abdominaux, des membres, les sévices psychologiques principalement l'humiliation, la marginalisation, la dévalorisation, les injonctions contradictoires, menaces verbales répétées, contraintes et exigences multiples disproportionnées à l'âge de l'enfant, les abus sexuels dont les attouchements, séduction, sadisme, exhibitionnisme, sexualité verbale, jeux érotiques, incestes et, pédophilie, prostitution, pornographie, et, enfin, carence de soins et négligence, soit, une dénutrition et déshydratation, retard ou absence de soins, intoxication volontaire et refus de traitements médicaux susceptibles d'entraîner des troubles de développement, retard staturo-pondéral, et dépression.