Les remous au sein du FLN, même quand ils se traduisent par de véritables bagarres, n'impressionnent pas les observateurs qui suivent les luttes qui n'ont jamais cessé depuis au moins vingt ans au sein de l'ancien parti unique. Le pire a été atteint quand le FLN s'est divisé en pro et anti Benflis avant l'élection présidentielle d'avril 2004 avec les coups de poings échangés devant la porte des salles de réunion et à l'intérieur, impliquant jusqu'à des ministres FLN en poste. Ce qui s'est passé hier à l'hôtel El Aurassi n'a pas égalé ce niveau de violences entre pro et anti Saadani. Les contestataires, même en ayant leurs badges, paraît-il, comme Abdelaziz Belkhadem, ont été empêchés d'entrer dans la salle où se réunissait le Comité central. Le secrétaire général en poste, Amar Saâdani, a pu tenir sa réunion comme il l'entendait, c'est-à-dire une session ordinaire pour discuter des choses ordinaires que sont les questions d'actualité liées particulièrement aux consultations politiques qu'organise le pouvoir en vue de la future révision de la Constitution. Le SG du FLN a réussi à empêcher que ses contestataires, un mélange d'anciens redresseurs et leurs adversaires d'hier, imposent dans l'ordre du jour une procédure qui l'évincerait de son poste. Il semble bien que les contestataires soient en retard d'une bonne phase. Alors qu'ils en sont encore au 29 août 2013 quand Amar Saâdani s'est imposé, dans l'urgence, à la tête du parti, et même pour certains au 31 janvier 2013, avec l'éviction d'Abdelaziz Belkhadem, les nouveaux maîtres du FLN dirigés par Saâdani pensent, eux, au 10e Congrès et voient loin devant, 2019, sans doute, c'est-à-dire la prochaine échéance présidentielle. Présentée comme une session d'une importance cruciale par les observateurs, la réunion du Comité central du FLN s'est finalement déroulée de façon ordinaire à partir du moment où les perturbateurs n'ont pu accéder à la salle et n'ont pu donc rééditer le coup qui a fait tomber Belkhadem. On peut dire, à l'issue des travaux de cette session, qu'Amar Saâdani a conforté son autorité de fait et assis un peu plus encore sa légitimité, en tout cas au sein du Comité central dont la majorité lui semble acquise. La prochaine étape est celle du Congrès et entre-temps, il espère certainement avoir laminé les rangs de ses opposants et marginalisé leurs leaders, comme Abderrahmane Belayat, Abdelaziz Belkhadem et la brochette d'anciens ministres. Il a l'avantage de profiter de l'argument de la stabilité du FLN auquel est sensible toute la clientèle, au sein et en dehors de l'ex-parti unique, qui vit de sa position dans le système du pouvoir. Il a également la partie facile en accusant ses détracteurs d'agir et d'intervenir en dehors des cadres statutaires du FLN, ce qui, selon lui, nuit à la sérénité des débats. Enfin, il accuse ses adversaires de montrer une piètre image du parti auprès de l'opinion publique avec le déballage de griefs qui devraient être faits à l'intérieur des structures. Amar Saadani a pris le beau rôle dans ce feuilleton.