Un nouveau livre extraordinaire sur Nelson Mandela a levé le voile sur de profondes dissensions familiales que l'homme d'Etat de dimension mondiale a vécu l'année dernière sur son lit de mort. Le journal sud-africain Sunday Times a publié des extraits du mémoire très attendu de la proche collaboratrice de M. Mandela, Zelda le Grange, qui sera publié cette semaine. «Good Morning, M. Mandela» révèle que sa veuve, Graça Machel, a dû obtenir l'accréditation pour les funérailles de son mari et que seules quatre places ont été attribuées aux membres de sa famille lors de la messe funèbre. Le livre souligne que sa fille aînée, Makaziwe, surnommait Graça Machel «Mme Frantic» pour la manière avec laquelle elle a réagi l'an dernier après la panne sur la route de l'ambulance qui transportait son mari malade vers l'hôpital. En outre, Graça Machel était également mise à l'écart lorsqu'il fallait prendre certaines décisions importantes concernant l'héritage et l'état de santé de Nelson Mandela. «Elle a été blessée sur le plan moral et émotionnel», a écrit la Grange. Le livre révèle également que des factions de la famille de Nelson Mandela ont profité de son incapacité à exprimer sa volonté pour «intervenir et commencer à contrôler les questions à leur faveur». Ils ont empêché certains de ses proches et amis de lui rendre visite au cours de ses derniers mois, tout en permettant à des étrangers de le rencontrer alors qu'il était trop malade pour exprimer ses désirs. Makaziwe a déclaré au Sunday Times qu'elle poursuivrait la Grange si le livre contient des inexactitudes au sujet de la famille Mandela. Toutefois, la Grange a déclaré au journal «Aucune ligne de ce livre ne peut être contestée». Le mémoire relate comment la Grange avait mené sa vie et tout ce qu'elle croyait impossible dans le passé a été transformé par le plus grand leader de l'Afrique du Sud. Zelda La Grange a grandi comme une Afrikaner blanche qui a soutenu les principes de la ségrégation raciale. En 1990, son père lui avait déclaré que l'Afrique du Sud était dans le pétrin parce que «le terroriste» a été libéré de prison. Vingt-trois ans plus tard, son père «a pleuré comme un enfant» quand Mandela est mort, a-t-elle témoigné. De 1994 à 1996, la Grange occupa le poste de dactylographe à l'Union Buildings à Pretoria, où Mandela l'avais prise sous son aile. Dans le livre, elle rappelle le moment où elle se heurta à lui pour la première fois: «Il me tendit la main pour me saluer. J'étais confuse et ne sais pas si c'était bon pour moi de le saluer. J'ai dit: 'Bonjour M. Mandela. On ne sait pas vraiment quoi faire en ces moments-là, sauf pleurer. Ce que j'ai fait. C'était plus fort que moi. J'ai sangloté. Il s'est ensuite adressé à moi. J'ai réalisé qu'il m'avait parlé en afrikaans, ma langue maternelle. Je ne savais pas si je devais tenir la main de cet homme noir. Je voulais qu'il parte, mais il ne l'a pas fait. Je me sentais coupable que cet homme très familier et aux yeux doux et avec sa générosité d'esprit se soit adressé à moi dans ma propre langue après les nombreuses années de détention que mon peuple lui avait fait subir. M. Mandela a remarqué que je ne pouvais pas poursuivre notre conversation alors qu'il me tenait encore la main et m'a donné des tapes amicales sur l'épaule avec sa main gauche». Peu de temps après, l'icône mondiale l'avait désignée comme sa secrétaire particulière et puis, quand il a quitté ses fonctions présidentielles en 1999, l'avait nommée son assistante personnelle et porte-parole officielle de la Fondation Nelson Mandela. La Grange est restée farouchement fidèle à Mandela pendant des années et l'a protégé comme son propre père. Un pourcentage des profits tirés de ce livre, qui sera publié dans le monde entier, sera offert par l'auteur à la Fondation Nelson Mandela. Depuis sa mort, sa veuve Graça Machel et son ex-épouse Winnie Madikizela-Mandela sont vêtues en noir et n'ont fait aucune apparition publique. Une cérémonie de purification a été effectuée à Qunu devant les membres de la famille à une date qui n'a pas été indiquée.