Comme la Crimée a défié les ordres de Kiev, elle devient une référence pour d'autres régions d'Ukraine. Le Donbass, la région du charbon et de l'acier (entre Donetsk et Lougansk) a brandi des drapeaux russes et réclamé l'autodétermination, comme la Crimée. Ils veulent vraiment rejoindre une Union douanière chapeautée par la Russie. Il y a eu de grosses manifestations contre le régime de Kiev à Odessa, à Dniepropetrovsk, à Kharkov et dans d'autres villes russophones. Pratiquement partout, les députés cherchent à s'entendre avec Kiev et à en tirer quelques bénéfices, mais les gens ne sont pas d'accord. Ils sont furieux, ils ne veulent pas entendre parler de la junte. Le régime de Kiev ne veut pas admettre leur revendication de liberté. Le maire de Donetsk, bien élu et populaire, a été enlevé par les forces de «sécurité» ukrainiennes, et emmené à Kiev. Et maintenant on manifeste violemment dans la ville. La junte a choisi un oligarque pour commander le Donbass, Sergueï Tarouta, mais il a eu du mal à assumer le rôle, parce que les gens du cru n'en voulaient pas, pour une bonne raison : c'est lui qui a racheté le très important port polonais de Gdansk et l'a mené à la banqueroute. Il semble qu'il soit plus performant pour siphonner des capitaux au loin que pour diriger des affaires sérieuses. Honteusement, M. Tarouta amenait avec lui un personnel de «sécurité» non identifié et lourdement armé, des mercenaires fournis par Blackwater, à ce qui se dit fraîchement débarqués d'Irak et d'Afghanistan. Il va lui en falloir bien plus s'il veut prendre le Donbass de force. L'Ukraine n'a pas grand-chose comme armée, dans la mesure où les oligarques ont raflé tout ce qui était jadis assigné aux militaires ; le régime de Kiev n'a aucune confiance dans sa propre armée, de toute façon. Leur tentative pour lever un contingent de civils a immédiatement échoué, parce que presque personne ne s'est présenté. Ils essaient toujours d'écraser la résistance. Trois cents nouveaux mercenaires de Blackwater ont atterri en mars à l'aéroport de Kiev. Le régime a appelé l'OTAN au secours et fait savoir qu'il était prêt à permettre le stationnement de missiles US en Ukraine. Ces missiles, comme ceux de Pologne, trop près eux aussi de la Russie au goût des Russes, pourraient fort bien représenter la ligne rouge russe à ne pas franchir, tout comme les missiles russes à Cuba pour les Américains en 1962. Poutine a demandé à la chambre haute du Parlement russe la permission de déployer des troupes russes si nécessaire, et le Parlement a donné son feu vert à l'unanimité. Elles seront probablement déployées pour protéger les ouvriers en cas d'attaque par un Secteur Droit «vitaminé» par les mercenaires de Blackwater. Une catastrophe humanitaire, des troubles à grande échelle, un afflux de réfugiés ou l'arrivée des troupes de l'OTAN pourraient aussi forcer la main à Poutine, y compris contre sa volonté... (à suivre)