Près de huit mois après les premiers incidents qui ont éclaté à Ghardaïa, la situation demeure inchangée. Les affrontements mettant aux prises les deux communautés mozabites et arabes continuent toujours sans que les pouvoirs publics n'arrivent à trouver un consensus entre les antagonistes. Hier encore, des citoyens ont organisé une manifestation devant le siège de la wilaya de Ghardaïa, dénonçant l'insécurité et interpellant les hautes autorités à intervenir pour mettre fin aux provocations et à la violence dont ils font l'objet. Des représentants de manifestants ont été reçus par le wali qui a entendu les préoccupations de la communauté mozabite. Au même temps, plusieurs citoyens de la même communauté se sont rassemblés hier devant la Maison de la presse Tahar-Djaout», pour les mêmes revendications à savoir, l'absence de la sécurité à Ghardaïa entre autres... Les manifestants ont scandé des slogans par lesquels ils ont interpellé M. Sellal, lui rappelant les promesses tenues pour mettre fin à l'insécurité. Pour rappel, le Premier ministre Abdelmalek Sellal a fait plusieurs déplacements à Ghardaïa où il a rencontré les représentants des deux communautés, en vain. La dernière visite de Sellal à Ghardaïa remonte au 14 juin dernier. Lors de sa visite, il a indiqué que l'Etat algérien s'impliquerait de plus en plus afin de mettre fin à ce conflit. «Les forces de sécurité continueront d'accomplir leur mission pour faire régner sécurité et quiétude à Ghardaïa, et le gouvernement ne reculera pas lorsqu'il s'agit de faire appliquer la loi» a fait savoir Abdelmalek Sellal. Ce dernier n'a pas manqué de montrer du doigt des parties (sans les citer), les accusant selon lui d'avoir tenté de semer la discorde entre les citoyens. Le Premier ministre n'a pas manqué également de rappeler la théorie de la «main étrangère» qui voulait déstabiliser la région et tout le pays. Après sa rencontre avec les représentants des deux communautés, Abdelmalek Sellal s'est engagé à enquêter sur «sur d'éventuels dépassements» indiquant que cet état de fait ne sera plus toléré. Cette visite a été précédée quelques heures seulement par la nomination d'un nouveau wali Abdelhakim Chater à la tête de la wilaya de Ghardaïa. L'ex-wali de Ghardaïa, Mahmoud Djemaa, a été muté dans les mêmes fonctions dans la wilaya de Tamanrasset. Malheureusement, les incidents entre les deux communautés ont repris et des échauffourées entre groupes de jeunes ont éclaté 10 jours après la visite de M. Sellal dans plusieurs quartiers de la localité de Berriane. Plusieurs édifices publics ont été saccagés et incendiés. Au début de ce mois de juillet, un jeune Mozabite de 17 ans a été assassiné. Selon des sources qui restent à confirmer, le défunt aurait été tué à coups de pierres et de barre de fer alors qu'il circulait sur sa moto au niveau de la route nationale n°1. Cet état de fait a donné lieu à des incidents qui ont éclaté entre des groupes de jeunes à proximité de Ksar El Hofra et de la Place colonel Lotfi. Plusieurs personnes dont deux enfants ainsi que des éléments de force de l'ordre ont été blessés. La recrudescence des violences a jeté la colère et la consternation chez plusieurs habitants de Ghardaïa, indiquant que le gouvernement a échoué pour assurer la sécurité dans la région. «Si ce conflit a eu lieu dans un autre pays, ce sont les premiers responsables qui devraient rendre des comptes ou à défaut «rendre le tablier» avant qu'ils ne soient démis de leurs fonctions», ont ajoutés nos interlocuteurs. Malheureusement, ce n'est le cas chez nous, les responsables ne font que nous endormir avec des promesses qui n'ont pas apporté des résultats, ont-ils conclu.