Mon histoire avec le Maghreb commence en 1993 au cours d'une longue tournée de plus de 40 jours aux Etats Unis d'Amérique lors de conférences aux universités de Washington, Chicago, New York et à l'université de Clemson en Caroline du Sud, prenant conscience de l'importance d'espaces régionalisés fiables faisant face à la concurrence internationale. Le second libre (520 pages) «l'intégration économique maghrébine, un destin obligé» aborde le volet économique dans toutes ses dimensions. Car en 2013, le Maghreb est marginalisé au sein de l'économie mondiale. Le Maghreb avec une dominance culturelle amazighe, est composé de cinq pays d'Afrique du Nord, du Maroc, d'Algérie, de Tunisie, de Libye et de Mauritanie. Il couvre une superficie globale d'environ 5,7 millions de km2 et comprend 90 millions d'habitants. Les contrastes restent extrêmes entre une Mauritanie très pauvre, une Algérie et Libye vivant de la rente pétrolière et gazière, une Tunisie et un Maroc confrontés à un endettement croissant. Chaque pays du Maghreb est un cas particulier rendant complexe une étude générale. De plus, les plaies du «printemps arabe» ne sont pas encore cicatrisées. La Libye et la Tunisie n'ont pas encore pris le véritable virage démocratique. Le Maroc et l'Algérie, par crainte de contagion, sont en observation. Le Maghreb est une région hétérogène et les différences de PIB et de dettes le démontrent. Sur le plan de la dette et de la balance des transactions, la différence entre pays producteurs d'hydrocarbures et les autres pays du Maghreb est énorme. L'Algérie et la Libye sont ainsi très peu endettées et le Maroc connaît un déficit chronique de sa balance commerciale, en constante augmentation. Les différentiels d'investissement en pourcentage s'expliquent par les importants investissements sur le plan minier et au niveau des hydrocarbures. Examinons en détail les situations socio-économiques. L'Algérie pèse environ 45% du PIB maghrébin largement dominée par les hydrocarbures. Environ 60% de leurs échanges se font avec l'Europe. L' Algérie a une population de 38,7 millions pour un produit intérieur brut (PIB) en 2013 de 215 milliards de dollars à prix courants, une importation de biens de 55 milliards de dollars de biens (plus 12 milliards de dollars de services) et une exportation de 65 milliards de dollars 98% hydrocarbures. Grâce aux remboursements par anticipation, l'exercice 2013 a été clôturé avec une dette extérieure publique historiquement basse à seulement 374,5 millions de dollars contre 20,4 milliards de dollars en 2000, Selon l'OCDE, la dette extérieure de l'Algérie s'élèverait à environ 2,4% de son PIB (contre une moyenne de 23% pour la région Mena) et la dette publique algérienne est de moins de 9% du PIB. Le Maroc a une population de 32,9 millions pour un PIB à prix courants de 105 milliards de dollars, une exportation de 23 milliards de dollars et une importation de 39 milliards de dollars de biens auxquels il faut ajouter 10,45 milliards de dollars de services. La dette extérieure publique du Maroc, a poursuivi, se situe en 2013 à 26,5 % du Produit intérieur brut (PIB) contre 25,7 % en 2012 selon la direction du Trésor et de finances extérieures (DTFE) qui relève du ministère de l'Economie et des Finances. La Tunisie a une population de 10,8 millions d'habitants pour un PIB à prix courants de 49,78 milliards de dollars, une importation de 24,66 milliards de dollars et une exportation de 20,11 milliards de dollars. Si l'on inclut les services, la dette extérieure représente en 2013 52,26% du produit intérieur brut. La Mauritanie a 3,72 millions d'habitants pour un PIB de 4,18 milliards de dollars, contre 3,94 en 2012, des importations de biens de 3,26 et des exportations de 2,64 milliards de dollars. Si l'on inclut les services, la dette représente en 2013 environ 87,7% du PIB. La Libye a environ 6,2 millions d'habitants pour un PIB –existe des donnes contradictoires, de 59 milliards de dollars en 2012, 70 en 2013 selon le Trésor français pour une importation de 27 milliards de dollars en 2013, et des exportations de 44 milliards de dollars accusant une perte estimée à environ 20 milliards de dollars où comme l'Algérie les hydrocarbures représentent 98% des exportations, (entre 200 000/300 000 barils jour contre une capacité avant la révolution de 1,6 million de barils jour, les potentialités dépassant les 2 millions de barils jour. Entre 2010/2012, la dette extérieure étant presque nulle, la Libye avant les événements ayant investi plus dans diverses activités à travers son fonds souverain, certains avancent que plus de 60 milliards de dollars en comptes personnalisés sont perdus pour l'Etat libyen. Rappelons que le Libyan Investment Authority est un fonds souverain, fondé en 2006, et en mars 2011, le bureau conseil Precing évaluait les actifs de la LIA à 70 milliards de dollars (50 milliards d'actifs financiers et 20 milliards d'avoirs immobiliers et d'infrastructures), plaçant cet investisseur dormant au 12e rang mondial. 3.Le Maghreb marginalisé et dominé par la sphère informelle Le PIB maghrébin total à prix courants est de 444 milliards de dollars en 2013 pour une population approchant 93 millions d'habitants. Le PIB mondial est estimé à 73 800 milliards de dollars en 2013. Cela représente 0,60% du PIB mondial. Le PIB USA (320 millions d'habitants) 16 724 milliards de dollars et de l'Union européenne étant respectivement de plus de 17 000 pour 500 millions d'habitants, le Maghreb par rapport à ces deux espaces représentent respectivement en 2013 un pourcentage de 2,65% et 2,60%... Le Maghreb représente 16,20% du PIB français (2 739 milliards de dollars) qui a une population de 65 millions, 11,84% PIB allemand (3 593) pour une population de 80 millions d habitants, 8,9% du PIB du Japon( 5 007) pour une population de 128 millions, 35% de la Corée du Sud (1198) pour une population de 49 millions d'habitants (presque la moitié du Maghreb) et un petit pays comme la Belgique 370 milliards de dollars de PIB pour une population de 11,11 millions ( 20% de plus) et à la Grèce qui compte 11 millions d'habitants (10% de la population maghrébine) pour un PIB 241 milliards de dollars en 2013, malgré la crise le Maghreb contribue à peine du double. Mais les économies maghrébines sont dominées par la sphère informelle L'Algérie compte environ 11 984 410 de la population active. Selon un document du ministère du Commerce algérien en date de février 2013, il existerait 12 000 sociétés écrans avec une transaction qui avoisinerait 51 milliards d'euros, soit 66 milliards de dollars, plus de quatre fois le chiffre d'affaires de toutes les grandes entreprises privées algériennes. La Tunisie, pour 2012, aurait 10,78 millions d'habitants pour une population active de 3 896 132. Le secteur informel est estimé en 2010 à environ 38% du PIB et 53,5% de la main d'œuvre. Le secteur informel est estimé en 2010 à environ 38% du PIB et 53,5% de la main d'œuvre. Hernando De Soto note pour la Tunisie en 2012, que 524 000 entreprises sur un total de 616 000 sont extralégales (85%), les actifs équivalant à un montant de 22 milliards de dollars. Pour la Mauritanie, pour 2012, la population totale est de 3,796 millions pour une population active de 1 187 609. Concernant la sphère informelle, elle représenterait plus de 60% de la population active dans les centres urbains et plus de 70% en zone rurale avec la prédominance des emplois de fonctionnaires au niveau de la capitale. Pour 2012, la Libye, dont la guerre civile a fortement affecté son économie, nous aurions 6,155 millions d'habitants pour une population active de 2 300 237, selon la Banque mondiale, d'autres sources indiquant entre 6,4 et 6,8 millions d'habitants fortement concentrés dans trois principales villes : Tripoli, Benghazi et Al Bayda, où les enquêtes sur la sphère informelle sont inexistantes. Cette sphère se développe depuis la chute du régime de Khadafi, expliquant en partie les tensions au Sahel (trafic d'armes, de drogue). Au Maghreb, la sphère informelle dépasse 50% de la superficie économique servant, certes, à court terme de tampon social mais décourageant les véritables entrepreneurs, créateurs de richesses. En bref, le Maghreb connaît une marginalisation croissante au sein de l'économie mondiale. La non intégration lui fait perdre plusieurs points de croissance, ce qui ne peut qu'accentuer les tensions sociales au niveau de cette région stratégique. Selon le rapport de la Banque mondiale, il perd deux à trois points de taux de croissance par an, sans compter les effets indirects, du fait de la non intégration. Le risque est une désintégration économique et sociale si le PIB n'est pas multiplié au moins par trois, horizon 2020, avec le risque d'une déstabilisation de toute la région sahélo-saharienne. (Suite et fin)