1.-Mon histoire maghrébine-euro-méditerranéenne et africaine Mon histoire avec le Maghreb commence en 1993 au cours d'une longue tournée de plus de 40 jours aux Etats-Unis d'Amérique lors de conférences aux universités de Washington, Chicago, New York et à l'Université de Clemson en Caroline du Sud prenant conscience de l'importance d'espaces régionalisés fiables faisant face à la concurrence internationale. En novembre 1994 au siège de l'Unesco à l'invitation de Pierre Moussa qui consacrait une rencontre internationale sur l'Afrique, coprésidé par le vice-président Sud africain de l'époque Thabo Mbeki, le Président étant était feu Nelson Mandela, je suis intervenu avec le professeur Mohamed Berrada ancien Ministre des finances et de l'économie du Maroc «sur la place du Maghreb au sein de la stratégie euro-méditerranéenne» conférence reprise au siège du Ministère des Affaires Etrangères en Algérie devant les ambassadeurs accrédités à Alger ronéotypée dans ses fascicules. Plusieurs années plus tard, au même siège de l'Unesco les 28/31 mars 2008 au cours de la rencontre des experts consacrée à la réunion des chefs d'Etat pour la création de l'Union pour la Méditerranée à laquelle l'Algérie avait donné son accord tenue en juillet 2008, je suis intervenu sur le même thème. À l'invitation du Conseil des Fondations de Washington co-présidée par Miss Jennifer Kennedy et sponsorisée par les fondations Rockefeller et Bill Gates, qui s'est tenue du 26 au 30 mai 2008 à New York (USA) qui a vu la présence de plusieurs centaines de personnalités mondiales, et qui a traité du développement humain à travers les sommets sur l'OMD (Objectif du Millenium pour le Développement) et l'OMC (Organisation Mondiale du Commerce), je suis intervenu sur le thème ‘'le Maghreb pont entre les USA, l'Europe et l'Afrique''. Depuis, deux études sous ma direction ont été publiées au sein de l'Institut français des Relations Internationales IFRI à Paris 8ème Think tank mondial l'une sur "la coopération Europe/Maghreb face aux mutations géostratégiques mondiales"-en novembre 2011- dont le chapitre III d'une brûlante actualité est consacré au Maghreb et à la sécurité euro-méditerranéenne euro-africaine et l'autre sur le thème «les enjeux géostratégiques du Maghreb face à la sphère informelle dans toutes ses dimensions d'une brûlante actualité en référence à ce qui se passe au Sahel, trafic d'armes, de drogue, de marchandises parue en décembre 2013, etc.». Entre 2009/2014 j'ai été invité d'honneur par le Parlement Européen le 24 septembre 2013 à Bruxelles, dans le cadre de la Création de l'Association Amitié Europe-Maghreb, puis à l'Ambassade de la CEE à Alger 15 janvier 2014 consacré aux problèmes de sécurité au Sahel avec les experts de la lutte antiterroriste de la CEE. Au Maroc les 27/30 janvier 2014 (Rabat) j'ai été invité par l'organisation internationale -L'Alliance pour Refonder la Gouvernance en Afrique (ARGA). Pour clore cette rétrospective qui s'inscrit dans cette logique continue, j'ai également présenté le 17 février 2014 à l'Université Panthéon Sorbonne –et au palais du Luxembourg (Sénat) les deux ouvrages sur le Maghreb face aux enjeux géostratégiques regroupant pour la première fois 36 experts internationaux et professeurs d'Universités algériens, marocains, tunisiens, mauritaniens, libyens et européens, qui s'en est suivi un large débat sous la présidence de mon ami Jean Pierre Chevènement président de l'Association France et de l'Association ‘'Res Republica'', un grand ami de notre pays. Et toujours sur le même thème, mais qui couvre également la stratégie énergétique en Méditerranée, enjeu de taille pour l'Algérie, une vingtaine de rencontres internationales dont je ne citerai que le 10ème forum mondial du développement durable le 31 mai 2013, que préside mon ami le docteur Emile Malet, ambassadeur français itinérant au Tchad un Séminaire international Paris 31 mai 2013 ainsi que « le Maghreb et son Nord » au sein de l'Institut euro-méditerranéen que préside mon ami le professeur Jean Louis Guigou, conseiller du président français. Différentes rencontres internationales ont eu lieu en Tunisie, notamment en présence de l'ancien Ministre et syndicaliste de feu Bourguiba, Bensalah et au Maroc à l'invitation de l'Institut stratégique entre 2008/2010 (mes conférences disponibles sur www.google.fr). Enfin le mardi 18 octobre 2014 au Palais du Luxembourg qui coïncidera, en principe avec la visite officielle du Premier Ministre algérien Abdelmalek SELLAL, à l'invitation du professeur, ancien ministre d'Etat, sénateur, Jean pierre Chevènement dans le cadre de l'Association Algérie-France qu'il préside, je suis l'invité représentant la partie algérienne en tant qu'expert international, pour animer une conférence qui verra la participation de personnalités politiques, diplomates, experts et opérateurs, des deux rives de la Méditerranéen, intitulée ‘'Pour un co-partenariat Algérie-France dans le cadre euro-méditerranéen et euro-africain''.
2.- Pourquoi militer pour la construction d'un Maghreb uni et démocratique ? C'est dans ce cadre que s'inscrivent les deux ouvrages sous ma direction et celle du docteur Camille Sari expert financier, enseignant à la Sorbonne « le Maghreb face aux enjeux géostratégiques, parus en premier lieu en Algérie Edition Mâarifa mars 2014 et en France en début juillet 2014 aux Editions Harmattan ParisFrance. Il regroupe différentes spécialités avec des sensibilités différentes mais partageant la même volonté de dépasser les blocages en s'appuyant, transitoirement, sur la société civile, les entrepreneurs, les universitaires, en attendant que le politique suive à l'instar de ce qui s'est passé au début de la construction européenne. L'idée nous est venue où nous avons constaté que le Maghreb était la seule région du monde qui n'était pas intégrée, bien qu'elle fût la plus homogène du point de vue culturel et que les peuples de cette région aient témoigné et témoignent de leur attachement à l'union. Nous avons dès lors contacté bon nombre de nos amis respectifs et après avoir décidé de ne pas aborder la question du Sahara occidental dont la résolution devra être laissée aux institutions internationales, et rappelé que notre objectif était de rapprocher les points de vue et éviter d'attiser les tensions, l'aspect culturel et économique étant déterminant. Les auteurs de cet ouvrage, par la diversité de leurs origines, la richesse de leurs formations et de leurs parcours, ont tenté d'aborder tous les aspects qui entourent la construction maghrébine : l'histoire, la sociologie, le droit, les institutions, les problèmes sociétaux, l'immigration et les aspirations de la jeunesse, la relation avec l'Union européenne, les réglementations commerciales et douanières et bien entendu l'économie et la monnaie. Les défis sont nombreux et les obstacles ne sont pas à négliger. L'irrationnel, l'archaïsme, la défense des privilèges, la non prise en compte des aspirations populaires, sont les ingrédients d'un immobilisme anachronique à contre-courant de l'histoire. La mondialisation nous réserve de mauvaises surprises et les ressources minières ont une fin. Il est dans l'intérêt de cette région de relancer son développement économique et social par la création d'une Communauté Economique Maghrébine. L'intégration du Maghreb devrait également contribuer à la sécurité dans la région sahélo-saharienne. Le premier livre (480 pages) « quelle gouvernance et quelles institutions au Maghreb face aux enjeux géostratégiques », s'articule autour de deux parties : la première partie traite de questions stratégiques : quelle gouvernance, pour quelles institutions et la seconde le Maghreb face aux enjeux géostratégiques. Le second libre (520 pages) « l'intégration économique maghrébine, un destin obligé » aborde le volet économique dans toutes ses dimensions. Car en 2013, le Maghreb est marginalisé au sein de l'économie mondiale. Le Maghreb avec une dominance culturelle amazighe, est composé de cinq pays d'Afrique du Nord, du Maroc, d'Algérie, de Tunisie, de Libye et de Mauritanie. Il couvre une superficie globale d'environ 5,7 millions de km2 et comprend 90 millions d'habitants. Les contrastes restent extrêmes entre une Mauritanie très pauvre, une Algérie et Libye vivant de la rente pétrolière et gazière, une Tunisie et un Maroc confrontés à un endettement croissant. Chaque pays du Maghreb est un cas particulier rendant complexe une étude générale. De plus, les plaies du "printemps arabe" ne sont pas encore cicatrisées. La Libye et la Tunisie n'ont pas encore pris le véritable virage démocratique. Le Maroc et l'Algérie, par crainte de contagions, sont en observation. Le Maghreb est une région hétérogène et les différences de PIB et de dettes le démontrent. Sur le plan de la dette et de la balance des transactions, la différence entre pays producteurs d'hydrocarbures et les autres pays du Maghreb est énorme. L'Algérie et la Libye sont ainsi très peu endettées et le Maroc connaît un déficit chronique de sa balance commerciale, en constante augmentation. Les différentiels d'investissement en pourcentages s'expliquent par les importants investissements sur le plan minier et au niveau des hydrocarbures. Examinons en détail les situations socio-économiques. L'Algérie pèse environ 45% du PIB maghrébin largement dominée par les hydrocarbures. Environ 60% de leurs échanges se font avec l'Europe. L'Algérie a une population de 38,7 pour un produit intérieur brut (PIB) en 2013 de 215 milliards de dollars à prix courants, une importation de biens de 55 milliards de dollars de biens (plus 12 milliards de dollars de services) et une exportation de 65 milliards de dollars 98% hydrocarbures. Grace aux remboursements par anticipation, l'exercice 2013 a été clôturé avec une dette extérieure publique historiquement bas à seulement 374,5 millions de dollars contre 20,4 milliards de dollars en 2000, Selon l'OCDE, la dette extérieure de l'Algérie s'élèverait à environ 2,4% de son PIB (contre une moyenne de 23% pour la région MENA) et la dette publique algérienne est de moins de 9% du PIB. Le Maroc a une population de 32,9 millions pour un PIB à prix courants de 105 milliards de dollars, une exportation de 23 milliards de dollars et une importation de 39 milliards de dollars de biens auxquels il faut ajouter 10,45 milliards de dollars de services. La dette extérieure publique du Maroc a poursuivi se situe en 2013 à 26,5 % du Produit intérieur brut (PIB) contre 25,7 % en 2012 selon la Direction du trésor et de finances extérieures (DTFE) qui relève du ministère de l'Economie et des Finances. La Tunisie a une population de 10,8 millions d'habitants pour un PIB à prix courants de 49,78 milliards de dollars, une importation de 24,66 milliards de dollars et une exportation de 20,11 milliards de dollars. Si l'on inclut les services la dette extérieure représente en 2013 52,26% du produit intérieur brut. La Mauritanie a 3,72 millions d'habitants pour un PIB de 4,18 milliards de dollars, contre 3,94 en 2012, des importations de biens de 3,26 et des exportations de 2,64 milliards de dollars. Si l'on inclut les services la dette représente en 2013 environ 87,7% du PIB. La Libye a environ 6,2 millions d'habitants pour un PIB –existe des donnes contradictoires , de 59 milliards de dollars en 2012, 70 en 2013 selon le trésor français pour une importation de 27 milliards de dollars en 2013, et des exportations de 44 milliards de dollars accusant une perte estimée à environ 20 milliards de dollars où comme l'Algérie les hydrocarbures représentent 98% des exportations, (entre 200.000/300.000 barils jour contre une capacité avant la révolution de 1,6 million de barils jour, les potentialités dépassant les 2 millions de barils jour. Entre 2010/2012 la dette extérieure étant presque nulle, la Libye avant les événements ayant investi plus dans diverses activités à travers son fonds souverain, certains avancent que plus de 60 milliards de dollars en comptes personnalisés sont perdus pour l'Etat libyen. Rappelons que le Libyan Investment Authority est un fonds souverain, fondé en 2006, et en mars 2011, le bureau conseil Precing évaluait les actifs de la LIA à 70 milliards de dollars (50 milliards d'actifs financiers et 20 milliards d'avoirs immobiliers et d'infrastructures), plaçant cet investisseur dormant au 12e rang mondial.
3. Le Maghreb marginalisé et dominé par la sphère informelle Le PIB maghrébin total à prix courants est de 444 milliards de dollars en 2013 pour une population approchant 93 millions d'habitants. Le PIB mondial est estimé à 73 800 milliards de dollars en 2013. Cela représente 0,60% du PIB mondial. Le PIB USA (320 millions d'habitants) 16724 milliards de dollars et de l'Union européenne étant respectivement de plus de 17000 pour 500 millions d'habitants, le Maghreb par rapport à ces deux espaces représentent respectivement en 2013 un pourcentage de 2,65% et 2,60%. Le Maghreb représente 16,20% du PIB français(2739 milliards de dollars) qui a une population de 65 millions, 11,84% PIB allemand( 3593) pour une population de 80 millions d habitants, 8,9% du PIB du Japon( 5007) pour une population de 128 millions , 35% de la Corée du Sud(1198) pour une population de 49 millions d'habitants (presque la moitié du Maghreb) et un petit pays comme la Belgique 370 milliards de dollars de PIB pour une population de 11,11 millions ( 20% de plus) et à la Grèce qui compte 11 millions d'habitants (10% de la population maghrébine) pour un PIB 241 milliards de dollars en 2013 , malgré la crise le Maghreb contribue à peine du double. Mais les économies maghrébines sont dominées par la sphère informelle L'Algérie compte environ 11 984 410 de la population active. Selon un document du ministère du Commerce algérien en date de février 2013, il existerait 12 000 sociétés écrans avec une transaction qui avoisinerait 51 milliards d'euros, soit 66 milliards de dollars, plus de quatre fois le chiffre d'affaires de toutes les grandes entreprises privées algériennes. La Tunisie, pour 2012, aurait 10,78 millions d'habitants pour une population active de 3 896 132. Le secteur informel est estimé en 2010 à environ 38% du PIB et 53,5% de la main-d'œuvre. Le secteur informel est estimé en 2010 à environ 38% du PIB et 53,5% de la main d'œuvre. Hernando De Soto note pour la Tunisie en 2012, que 524 000 entreprises sur un total de 616 000 sont extralégales (85%), les actifs équivalant à un montant de 22 milliards de dollars US. Pour la Mauritanie, pour 2012, la population totale est de 3,796 millions pour une population active de 1 187 609. Concernant la sphère informelle, elle représenterait plus de 60% de la population active dans les centres urbains et plus de 70% en zone rurale avec la prédominance des emplois de fonctionnaires au niveau de la capitale. Pour 2012, la Libye, dont la guerre civile a fortement affecté son économie, nous aurions 6,155 millions d'habitants pour une population active de 2 300 237, selon la Banque mondiale, d'autres sources indiquant entre 6,4 et 6,8 millions d'habitants fortement concentrés dans trois principales villes : Tripoli, Benghazi et Al Bayda, où les enquêtes sur la sphère informelle sont inexistantes. Cette sphère se développe depuis la chute du régime de Khadafi, expliquant en partie les tensions au Sahel (trafic d'armes, de drogue). Au Maghreb, la sphère informelle dépasse 50% de la superficie économique servant, certes, à court terme de tampon social mais décourageant les véritables entrepreneurs créateurs de richesses. En bref, le Maghreb connaît une marginalisation croissante au sein de l'économie mondiale. La non-intégration lui fait perdre plusieurs points de croissance, ce qui ne peut qu'accentuer les tensions sociales au niveau de cette région stratégique. Selon le rapport de la Banque Mondiale il perd deux à trois points de croissance par an, sans compter les effets indirects, du fait de la non-intégration. Le risque est une désintégration économique et sociale si le PIB n'est pas multiplié au moins par trois, horizon 2020, avec le risque d'une déstabilisation de toute la région sahélo-saharienne.