Les enregistrements des conversations de l'équipage de l'avion de la compagnie espagnole SwiftAir, affrété par Air Algérie, qui s'est écrasé récemment au Mali, sont «inexploitables» pour l'instant, en raison du dysfonctionnement d'une boîte noire, selon le Bureau français d'enquêtes et analyses (BEA), chargé de l'enquête technique, cité, jeudi. «Malheureusement, les enregistrements se révèlent à ce jour inexploitables en raison vraisemblablement d'un défaut de fonctionnement sans lien avec les dommages résultant de l'accident», a affirmé le directeur du BEA Rémi Jouty, lors d'une conférence de presse, lors de laquelle il a présenté les premiers résultats de l'enquête sur les circonstances du crash. La première boîte noire, qui a enregistré les paramètres du vol (vitesse, altitude, trajectoire, etc.) de l'avion, a pu être lue le jour même (le 28 juillet). Mais, pour la seconde, «la bande magnétique a été un peu endommagée», a indiqué M. Jouty, précisant qu'«il y a du signal sonore enregistré sur la bande mais ce signal est inintelligible à ce stade». Il a indiqué, à ce propos, que le BEA s'est tourné «vers les meilleurs experts» pour tenter de lire le signal. D'après les enquêteurs, l'appareil, un McDonnell Douglas MD83, qui devait relier Ouagadougou à Alger, a été pulvérisé à son impact au sol après avoir perdu de la vitesse et viré à gauche pour une raison encore indéterminée alors qu'il traversait une zone orageuse. «Quand on voit la trajectoire, cela conduit à penser que l'avion ne s'est pas désintégré en plusieurs morceaux en vol», a estimé M. Jouty, ajoutant: «Je ne pense pas que l'on puisse à ce stade exclure la thèse d'une action délibérée, mais on ne peut pas en dire plus pour l'instant». «La trajectoire de l'avion (...) fait apparaître une montée et un début de croisière normal, avec des changements de route modérés, typiques d'une stratégie d'évitement des développements orageux», a-t-il poursuivi. Il a expliqué que l'appareil avait décollé d'Ouagadougou à 01h15, heure locale. «Environ deux minutes après le début de la croisière (...) la vitesse a diminué progressivement». L'avion a viré, ensuite, à gauche avant de perdre, a-t-il relevé, rapidement de l'altitude, «avec des changements d'inclinaison et d'assiette très importants». «La rotation vers la gauche continue jusqu'à la fin de l'enregistrement. Et le dernier point enregistré, à 1h47mn15s, correspond à une altitude de 1 600 pieds (490 mètres), une vitesse de 380 nœuds environ (740 km/h) et une vitesse de descente extrêmement importante», a-t-il détaillé. Les enquêteurs du BEA ont été désignés pour prendre en charge l'enquête technique Mercredi, le chef de la mission chargée de mener une enquête judiciaire sur le crash de l'avion a fait état, de son côté, de la «forte probabilité» d'identifier les corps de toutes les victimes du crash, grâce aux prélèvements retrouvés sur le lieu du drame. «Nous avons procédé à un peu plus de 1 000 prélèvements. Scientifiquement, nous avons une forte probabilité d'identifier toutes les personnes», a affirmé le colonel Patrick Touron. L'avion affrété par Air Algérie s'est crashé le 24 juillet dernier dans le nord du Mali, alors qu'il assurait le vol AH5017 entre Ouagadougou et Alger. Personne n'a survécu au crash parmi les 116 passagers qui étaient à bord de l'appareil, dont 6 Algériens et 54 français.