La chanteuse tunisienne Zahra Lajnef et la troupe indienne Bollywood Masala Orchestra ont présenté jeudi en soirée au Théâtre du Casif, à Sidi Fredj (Alger), un florilège de chansons originales et une fresque de danses folkloriques, devant un public attentionné. Durant près de deux heures, le «quart de ton» et le «Comma» (huitième de ton qui donne à la musique indienne toute sa sensibilité), ont créé, à Alger, des passerelles d'échanges entre deux genres musicaux issus de deux cultures différentes. Zahra Lajnef, exprimant sa joie d'être en Algérie a fait son entrée avec «El Youm N'har R'bah», une pièce au rythme ternaire, conçue dans un thème récurrent, sur lequel s'étend une belle mélodie interprétée dans le genre «istikhbar». Dans un élan poétique apprécié par l'assistance, la cantatrice, bien inspirée, se laissant emporter par son lyrisme lance :»Deux peuples au patrimoine commun, vivant une belle histoire d'amour et de fraternité que le temps continue de raconter». Dotée de savoir-faire et de créativité, Zahra Lajnef a innové et donné libre cours à sa musicalité, cédant à l'impression du moment dans des appels-réponses brillement entretenus avec la complicité de ses musiciens, dirigés par Ahmed Belahcène. Dans un mélange de styles marqué par des sonorités de musique Pop et du jazz, l'arrangement musical moderne a bien servi l'authenticité des rythmes et les mélodies aux modes du terroir. Native de Gafsa en Tunisie, Zahra Lajnef, diplômée en musique, a fréquenté plusieurs musiciens de différents pays et a effectué plusieurs tournées en Europe et dans le Bassin méditerranéen notamment. Elle s'intéresse au patrimoine et aux musiques populaires, avec des albums comme «Regrag» (2005) et «Chama» (2010) qu'elle a écrits et composés dans un «style particulier» où le mélange des genres est mis en valeur. La troupe indienne Bollywood Masala Orchestra, dirigée par Rahis Bharti est intervenue en deuxième partie de soirée avec un spectacle plein d'énergie et de couleurs. Vingt-quatre artistes ont composé la formation indienne, dont dix danseuses et un «ascète» (fakir), cracheur de feu, qui s'est infligé des pratiques de «soumission aux exigences de la spiritualité», a-t-on expliqué. Dans une prestation, qui mêle la tradition à la modernité, la musique spirituelle indienne classique a fusionné avec les chansons romantiques célèbres de Bollywood. Assis à même le sol, les musiciens ont mis en valeur les instruments traditionnels de l'Inde, à l'instar de l'harmonium (sorte d'accordéon horizontal à deux octaves), le dholak (percussion à un seul corps avec deux peaux de part et d'autre), le kartal (sorte de castagnettes) et le tabla (composé de deux fûts, un petit tambour et une timbale). Les ballerines, alternant avec le programme des chansons traditionnelles, ont exécuté dans la grâce du mouvement et la beauté du geste des danses expressives, mettant en scène des situations de vie, romantiques, spirituelles et festives. Fondé par le musicien Rahis Bharti, le Bollywood Masala Orchestra, dont les membres sont pour la plupart issus du Rajasthan (nord-ouest de l'Inde), vise à promouvoir la musique et les danses indiennes dans leur richesse et leur diversité. Inscrites dans le cadre des soirées du Casif qui répercutent les spectacles programmés au Festival de Timgad, dont la 36e édition est placée sous le signe du soutien et de la solidarité avec le peuple de Ghaza, les deux prestations ont drainé un public d'adeptes relativement nombreux. Organisées par l'Office national de la culture et de l'information (ONCI), les soirées du Casif se poursuivent jusqu'au 31 août.