Des phases de transition interminables qui engagent le processus de retour à la case départ. Des phases qui promettent d'être accompagnées par la douleur des frustrations socio-économiques et par la violence politique due au fait que les pouvoirs politiques ne reconnaissent que les élections qu'ils ont gagnées. Au regard des expériences arabes des «révolutions», le passage par des urnes non «contrôlées» donne fatalement la victoire aux islamistes. Un ordre islamiste succède à l'ordre autoritariste. Les «autoritaristes» ne doivent s'en prendre qu'à eux-mêmes pour avoir géré le pays dans le sens de la neutralisation des démocrates au profit des islamistes. Leur calcul a été faussé. Ils pensaient obtenir la neutralisation mutuelle entre islamistes et démocrates, mais finalement ils n'ont obtenu que celle des démocrates. Un constat est à faire. Il ne peut y avoir de changement du système sans passer par des conflits éventuellement durables car aucune partie n'est réellement prête à abandonner. Il en est autant du passage de l'autoritarisme vers l'islamisme que vers la démocratie. Un autre constat est à faire. Aucune transition n'a encore abouti. On se disait s'être engagés dans un processus de démocratisation sans jamais avoir pu faire aboutir celui-ci. Pourquoi ce ratage ? D'abord, aucun pouvoir en place n'a admis d'accepter que son tour est venu de céder la place alors qu'ils n'ont jamais arrêté de promettre la transmission du flambeau à la jeunesse. Chaque pouvoir, à l'exception de l'époque Hamrouche, n'est prêt à élaborer, lui-même, les réformes politiques, selon sa propre conception et à en conduire, lui-même, leur mise en œuvre. Bien entendu, il les conduira, selon le rythme qu'il aura défini lui-même. Même le contenu du concept de démocratie sera défini par lui-même. Peut-on être juge et partie ? Apparemment non en termes de stabilité et de sécurité car aucun pays arabe engagé dans une transition n'a connu de période sereine. Nous disons bien aucun. Durant cette phase de transition, les lois en vigueur ne changent pas à la même vitesse que les mutations politiques qui voudraient court-circuiter les différentes étapes indispensables à l'apprentissage des acteurs et des populations.