Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi s'est déclaré prêt à envoyer ultérieurement des forces dans un futur Etat palestinien pour l'aider à se stabiliser, en accord avec Israël et l'Autorité palestinienne, dans une interview au «Corriere della Sera». Le chef de l'Etat, qui entame lundi une tournée en Italie et en France, et rencontrera le pape François, a donné dimanche sa première interview à un journal occidental, dans lequel il revient en détail notamment sur le conflit israélo-palestinien et la Libye. «Nous sommes prêts à envoyer des forces militaires à l'intérieur d'un Etat palestinien. Nous aiderions la police locale et rassurerions les Israéliens par notre rôle de garant. Pas pour toujours, bien sûr. Pour le temps nécessaire à rétablir la confiance. Mais d'abord, il doit exister un Etat palestinien où envoyer des troupes», souligne le président du plus grand pays arabe. Il rappelle qu'il «faudra du temps pour rétablir la confiance, mais n'est-ce pas ce qui est arrivé avec Israël après que nous ayons fait la paix» (par le traité de paix de 1979, suite aux accords de Camp David). De cette proposition d'envoi de forces, «j'ai parlé longuement avec le Premier ministre Benyamin Netanyahu» et aussi «avec Abou Mazen», le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, a-t-il assuré. Evoquant le terrorisme islamiste qui croît notamment dans le Sinaï, il affirme que l'organisation Etat islamique (EI) est «seulement une des faces d'une même médaille» d'un terrorisme «qui a tant de visages». Il appelle les Européens à «la sécurité commune, la lutte commune contre le terrorisme». «Si ce n'est pas commun, cela ne fonctionnera pas. J'en parlerai aussi avec le pape, en particulier en ce qui concerne la sécurité des minorités religieuses, chrétiens en tête», ajoute-t-il. Concernant la Libye «où règne le chaos» et «où sont en train de se créer des bases djihadistes extrêmement dangereuses», «la communauté internationale doit faire un choix très clair et collectif en faveur de l'armée nationale libyenne et de personne d'autre». «Aides, équipements, entraînement doivent lui parvenir à elle exclusivement», ajoute M. al-Sissi, qui assure que l'Egypte «n'a pas effectué d'intervention militaire et n'en fait pas» dans ce pays voisin. Le numéro un égyptien, qui a destitué l'an dernier le président islamiste Mohammed Morsi et fait réprimer les Frères musulmans, avec près de 1 400 morts et plus de 15 000 arrestations, se félicite de «l'entente optimale» avec le président russe Vladimir Poutine, des «rapports de grande amitié» restaurés avec les Etats-Unis. Il annonce un voyage en Chine à la fin de l'année, mais, ajoute-t-il, «je veux plus d'Europe».