L'élection présidentielle en Tunisie se déroule aujourd'hui (dimanche) après une campagne électorale menée, trois semaines durant, dans un climat de véritable compétition entre deux candidats qui apparaissent comme les favoris, Beji Caid Essebssi et Moncef Marzouki, en vue de briguer le poste de président de la République tunisienne, convoité par 27 candidats dont certains étaient ministres à l'époque du président déchu Zine El-Abidine Ben Ali. Dans cette course pour atteindre le Palais de Carthage, deux pôles se sont constitués autour des candidats du parti Nidaa Tounès, Beji Caid Essebssi et de son rival Mohamed Moncef Marzouki, qui sont, estiment les analystes, à chances égales, et pourraient se retrouver dans deuxième tour de cette élection, ce qui a créé un vrai suspens quant au résultat du scrutin. Mais certains analystes estiment qu'après les bons résultats obtenus par le parti Nidaa Tounès lors des dernières législatives, l'ex-Premier ministre Béji Caïd Essebsi, 88 ans, a une petite longueur d'avance et devrait l'emporter d'autant plus qu'il a eu le soutien de la majorité des partis constitutionnels et certains intellectuels soucieux «d'éviter les erreurs du passé». En fait, c'est le discours national raisonné adopté par Caid Essebssi durant sa campagne électorale qui l'a servi. Quant au candidat Marzouki, il espérait bénéficier du soutien du mouvement Ennahdha mais le parti islamiste non seulement s'est retiré de l'élection présidentielle mais il a déclaré ne soutenir aucun candidat. Seulement les observateurs font remarquer que, d'une part, selon un dirigeant d'Ennahdha, le mouvement a tranché cette question et a décidé de ne pas soutenir le président sortant Moncef Marzouki au prochain scrutin et d'autre part, des consultations secrètes ont eu lieu entre Ghannouchi et Essebssi sur la formation du prochain gouvernement, ce qui laisse penser que la direction du mouvement Ennahda n'entravera pas l'accession d'Essebsi au pouvoir et pourrait même le soutenir au deuxième tour. Afin d'éviter «une nouvelle dictature», le futur chef de l'Etat ne disposera, selon la Constitution adoptée en janvier, que de pouvoirs restreints, l'essentiel de l'exécutif relevant du Premier ministre issu de la majorité parlementaire. L'Instance supérieure indépendante pour les élections (ISIE) a fait savoir par la voix de son vice-président, Mourad Benmouli, que l'opération de vote à l'étranger qui a débuté vendredi à Canberra (Australie) se déroulait dans de «bonnes conditions». Les indicateurs sur l'opération étaient «positifs en général et aucun problème majeur n'a été enregistré», a-t-il souligné. Plusieurs candidats se sont retirés de la course pour diverses raisons dont le climat tendu marqué par l'ascension de la violence et du terrorisme qui empêcherait des élections dans la sérénité. La centaine d'infractions (comme le non-respect des règles d'affichage et des signes de violence contenue dans les discours de certains candidats) constatées par l'ISIE n'a pas beaucoup pesé sur la campagne électorale qui avait démarré à un rythme lent. La Tunisie avait suffisamment de motifs pour être entraînée à la dérive, mais la transition montre des signes qui laissent prévoir qu'elle va réussir. Les attaques terroristes contre diverses cibles n'ont pas réussi à empêcher le processus électoral de suivre son cours. Les élections législatives qui se sont déroulées dimanche 26 octobre ont constitué un moment crucial dans la vie politique de ce pays et, avec les présidentielles d'aujourd'hui, l'engage dans une étape charnière dans le processus de transition commencée avec la chute du régime de Zinedine Ben Ali. Rappelons que la présidentielle du dimanche 23 novembre, est la dixième du genre organisée en Tunisie. Un deuxième tour sera prévu fin décembre prochain si l'un des candidats n'obtient pas la majorité absolue au premier tour.