«C'est une grande perte pour la wilaya d'Annaba où il assumait ses charges de wali et pour l'Algérie au titre de commis infatigable de l'Etat que la disparition de Mohamed Mounib Sandid», se désolent de nombreux citoyens d'Annaba. Ils étaient venus par vagues successives présenter leurs condoléances sur le registre mis à leur disposition à l'entrée officielle de l'administration locale. Sans conteste, le défunt était un véritable novateur dans la manière de gérer le devenir d'une population de 650 000 habitants. Pragmatique, il était également connu par sa ténacité et sa sagacité dans la prise en charge des problèmes socioéconomiques avec sensibilité, mais aussi, et très souvent, avec autorité. Non pas l'autorité de la volonté, mais celle d'un commis de l'Etat chargé d'impulser un nouvel élan au développement local. C'est ce qu'il avait tenté de réaliser depuis son arrivée à Annaba. Mis au contact de la réalité du terrain véritablement miné par les défaillances et les incompétences de certains de ses proches collaborateurs et membres de son exécutif, il n'avait pas cessé d'appeler à plus de rigueur dans le travail. «Si la situation d'anarchie dans les différents secteurs socioéconomiques perdure, nous n'irons pas loin. Il est temps de corriger les erreurs. Dorénavant, chacun de vous sera comptable de la moindre défaillance», avait-il martelé dans son discours de clôture de la dernière session de l'Assemblée populaire communale. Ce commis de l'Etat s'est aussi illustré dans des interventions très virulentes après avoir constaté les grands retards enregistrés dans la réalisation de différents projets socioéconomiques. En témoignent l'aérogare Rabah-Bitat, le centre anticancer, le tronçon de route Aïn Achir-Oued Bakrat et d'autres chantiers auxquels il accordait une grande importance. Ce qui lui avait valu l'estime et la considération de la population. Celle-ci le connaissait fort bien pour l'avoir vu officier en qualité de chef de daïra de Berrahal (Annaba). Précédemment nommé wali dans différentes wilayas du pays dont Khenchela et Béchar, Mohamed Mounib Sandid a su accomplir avec un grand professionnalisme sa mission à la tête de la wilaya d'Annaba où il avait été bien accueilli par la population locale. Aussitôt installé dans ses fonctions, il avait mis de côté tout protocole pour se déplacer seul et sans aucune escorte à travers les cités et les quartiers. Et ce n'est qu'après s'être bien imprégné de la situation de leurs habitants, qu'il avait fait l'appel des directeurs des secteurs concernés pour les mettre en demeure de réagir rapidement. Ce qui n'avait réduit en rien ses qualités humaines et son abnégation dans l'accomplissement de ses missions notamment en ce qui concerne le développement local. Sa décision de fermer les portes de son cabinet aux opportunistes et autres trafiquants habitués à nager dans les eaux troubles, lui a valu d'être l'objet de toutes les rumeurs. Plusieurs avaient même tenté de l'impliquer injustement dans des cabales en distillant des rumeurs les unes plus incroyables que les autres. Conducteur de la caravane du développement local, il laissait les chiens aboyer tout en créant un bon cadre de travail avec les gens de la presse pour informer et s'informer. Ce qui n'était pas fait pour plaire à ceux qui intéressés par le dépeçage de ce qui reste comme patrimoine foncier et immobilier. Particulièrement ceux d'entre eux qui se considérer comme des rois dont les ordres doivent être exécutés sans discuter quand il s'agit de dépouiller les richesses du peuple pour se remplir les poches, blanchir l'argent et le déposer dans des banques à l'étranger. Le défunt wali a refusé de se plier aux injonctions des uns et des autres. Il avait envoyé paître deux de ses interlocuteurs habitués à être obéis au doigt et à l'œil. Le wali a par la suite démontré qu'il portait bien son nom de Sandid «l'irréductible». Il aurait refusé toute idée de conciliation que des personnes intéressées par un retour d'ascenseur avaient tenté de matérialiser. Selon nos sources, le défunt wali avait même déposé sa démission pour démontrer qu'il ne changerait pas d'avis et que les terrains et autres biens publics convoités resteront propriétés du peuple. C'est pourquoi, à Annaba, la population estime que le décès de Mohamed Mounib Sandid ne constitue pas uniquement une perte pour sa famille. La perte de ce valeureux père de quatre enfants, qui avait à cœur l'intérêt national, l'est aussi pour l'Algérie. Il a été victime de la mafia à l'origine de l'accident vasculaire cérébral. Il l'a terrassé quelques minutes après sa rencontre avec un des grands opportunistes spécialistes du trafic d'influence de par sa relation étroite avec les animateurs des hautes sphères du pouvoir. Avec son décès dans l'accomplissement de sa mission, le pays perd un grand commis de l'Etat dont la probité n'a d'égale que sa volonté de réussir le développement local là où, pression du haut lieu oblige, ses prédécesseurs avaient échoué.