Si les travaux du 12e congrès de l'Union générale des travailleurs algériens (UGTA) devaient se distinguer des précédents, ce serait par la hâte des délégués, sitôt ouvert le congrès, à fermer le jeu en plébiscitant Abdelmadjid Sidi-Saïd pour un mandat supplémentaire de cinq ans. Avec Sidi-Saïd à sa tête, l'UGTA est devenue progressivement une institution partie prenante du pouvoir. La preuve : il y avait à la séance inaugurale Mohamed-Ali Boughazi, le représentant du président Bouteflika, qui a lu le message du chef de l'Etat adressé aux congressistes, le président de l'Assemblée populaire nationale (APN), Mohamed Larbi Ould Khalifa, le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, un représentant du président du Conseil de la nation, ainsi que des membres du gouvernement et des personnalités politiques. L'UGTA ne cache plus son implication dans la politique, lui trouvant même des justifications dans les «acquis» des travailleurs qui auraient été obtenus par ce biais. Dans ses dernières interventions publiques, le secrétaire général reconduit à la tête de l'UGTA n'a pas manqué de brandir comme un trophée la suppression de l'article 87 bis qui empoisonnait toutes les augmentations des bas salaires. Sidi-Saïd est à l'aise dans la démarche qui lui convient parfaitement et qui consiste à mobiliser pour les objectifs du pouvoir tout en réclamant en contrepartie le respect des droits fondamentaux des travailleurs et la consolidation du système de protection sociale. Il a réussi à placer, comme partenaire incontournable, l'UGTA au centre du pacte économique et social de croissance signé en février 2014, lors de la réunion tripartite gouvernement-UGTA-patronat. Mais autour de l'UGTA, l'ambiance est houleuse et la contestation active, annonçant une protesta de type «redresseurs» qui pourrait bien gâcher la fête. Car le point faible de l'UGTA est justement cette trop grande implication dans des alliances politiques alors que la vocation du syndicat est dans la défense ferme et intransigeante des intérêts des travailleurs.