Ayant la caution du président Bouteflika, comme cela transparaît dans l'hommage qui lui est rendu, le secrétaire général sortant de la Centrale syndicale est bien parti pour être réélu pour un second mandat de 5 ans. Assis aux côtés du représentant personnel de Abdelaziz Bouteflika et néanmoins conseiller à la présidence de la République, Mohamed Ali Boughazi, du chef du gouvernement, Abdelaziz Belkhadem, du ministre du Travail, Tayeb Louh, et de ses collaborateurs directs, dont Mohamed Salah Djenouhat et Rachid Aït Ali, le patron de la Centrale syndicale Abdelmadjid Sidi-Saïd avait les coudées franches à l'ouverture, hier, des travaux du XIe Congrès de l'Union générale des travailleurs algériens (UGTA). Avec zéro lièvre et zéro concurrent, et devant un parterre de 1 600 congressistes, le secrétaire général de l'UGTA sortant avait l'air serein, avec en appoint un bilan exhaustif de ses deux mandats, dont le premier était une succession par intérim au regretté Abdelhak Benhamouda, assassiné par les hordes criminelles, et le second était une élection en 2002 pour un mandat de cinq ans. Mohamed Ali Boughazi, le représentant personnel de Bouteflika annoncera vite la couleur à travers un long discours : “Il reste un long chemin à parcourir et bien des écueils à éviter, des difficultés à surmonter, dont la bataille de l'emploi.” Avant d'appuyer les acquis de l'UGTA, dont le pacte social et économique. Et tout au long du discours du chef de l'Etat, l'UGTA a eu droit à plus que des éloges, sinon un soutien direct pour la reconduction de Sidi-Saïd jusqu'en 2013, donc pour un troisième mandat, à la tête de la Centrale syndicale. Et si le président de la République a retracé, dans son discours, les grandes étapes de son programme quinquennal 2004-2009, en plus de son bilan du premier mandat 1999-2004, il est clair que le mérite revient au travailleur qui a occupé une place privilégiée dans cette allocution prononcée sous une pluie d'ovations de tous les congressistes. “Acteur national privilégié par son attachement à la stabilité sociale et à la paix au sein de notre société”, l'UGTA, souligne encore le chef de l'Etat, “a toujours su mettre en valeur le lien indissociable entre le mouvement syndical algérien et le mouvement national de Libération incarné par des figures entrées dans l'épopée de la résistance, celle d'hier et celle d'aujourd'hui, comme Aïssat Idir et Abdelhak Benhamouda”. Accroché à l'entrée de la salle des conférences d'El-Aurassi, Belkhadem a affiché une caution perceptible pour la reconduction de Sidi-Saïd pour un autre mandat de cinq ans : “Je souhaite sincèrement que Sidi-Saïd brigue un troisième mandat et je souhaite plein succès aux travaux de ce congrès.” De son côté, Sidi-Saïd a estimé que “le monde a changé. Nous prônons le dialogue au lieu de la grève, qui n'est pas une fin en soi. Nous prônons la solidarité au lieu de la mésentente qui ne profite pas aux intérêts des travailleurs. Nous remercions vivement le chef de l'Etat de nous avoir soutenus. Nous sommes très touchés par son message”. Et c'est dans l'esprit du redressement national et de l'achèvement du plan quinquennal que le patron de la Centrale syndicale a annoncé son soutien à un troisième mandat de Bouteflika en 2009. “Nous n'avons pas choisi fortuitement le slogan stabilité, solidarité, modernité. Nous voulons nous démarquer en tant que partenaire social pour arracher d'autres acquis pour les travailleurs.” Dans l'ambiance du congrès, qui se tient par ailleurs au moment où le pouvoir d'achat des Algériens se dégrade un peu plus chaque jour, le directeur général de la Fonction publique, M. Merabet a indiqué que “ce congrès aura le mérite d'évaluer le travail de fond accompli par le gouvernement. J'estime que les fourchettes salariales arrêtées permettront tant bien que mal de soulager le travailleur”. À la question si l'actuel secrétaire général de l'UGTA jouit d'un appui institutionnel et des travailleurs pour briguer un troisième mandat, M. Merabet dira que “tous les indices convergent. Sidi-Saïd pourrait être réélu et il a toutes les chances pour être reconduit à la tête de l'UGTA pour un autre mandat”. Dans une déclaration à Liberté, le ministre du Travail, Tayeb Louh, attendu aujourd'hui pour une intervention en plénière, a annoncé qu'une commission composée de représentants de l'UGTA, du patronat et de son ministère a été installée au niveau de son département “pour évaluer au fur et à mesure le pacte économique et social et étudier davantage ses effets et ses impacts”. Il faut noter que les travaux du congrès, qui prendront fin demain, se sont poursuivis hier après-midi avec notamment la constitution des commissions, la présentation du rapport de la commission de validation des mandats et la présentation du rapport d'activité. Aujourd'hui, les congressistes auront à débattre le même rapport d'activité, la résolution du programme d'action et le rapport de la commission électorale. Demain, il sera procédé à l'élection du nouveau secrétaire général ou à la reconduction pour un autre mandat de cinq ans de Sidi-Saïd et l'adoption de la déclaration finale. FARID BELGACEM