Des classes pilotes dédiées à l'enseignement de tamazight seront lancées dans la wilaya de Béchar, capitale de la Saoura, dans les zones berbérophones, plus précisément à Igli, Taghit et Beni Abbes, ainsi que l'enrichissement de la programmation de la radio locale avec l'introduction de cette langue dans ce média. L'annonce a été faite par le secrétaire général du Haut commissariat à l'amazighité (HCA), El-Hachemi Assad, à Taghit même, en marge d'un colloque dédié aux ateliers de traduction et d'initiation aux enquêtes de terrain. La population locale, plus particulièrement à Igli, chef-lieu de commune et de daira, mais aussi à Mazer et à Berbie, un hameau de Taghit, y a formulé la demande et exprimé le vœu et le souhait de voir cette langue enseignée à l'école, d'une part, et, la radio locale, enrichie par de nouvelles programmations en langue maternelle, Tabeldit, un dialecte berbère proche de tachelhit, une variante de tamazight, qui représente un constituant fondamental de l'identité nationale, selon le S/G du HCA. «Il y a une forte demande sociale», a indiqué M. Assad, assurant que l'institution qu'il représente, le HCA, accompagnera et appuiera cette demande, somme toute légitime. «Nous allons saisir le ministère de l'Education nationale pour l'introduction de cette langue dans le cursus scolaire et le département de la communication pour l'enrichissement des programmes de la radio locale avec des émissions et des flashs d'info en Tabeldit», a-t-il dit. A Taghit, comme à Igli et Mazer, où l'accueil a été des plus chaleureux, les populations locales se sont données à cœur-joie, a-t-on constaté, pour s'exprimer dans le leur langue maternelle, le tabeldit, déplorant un recul dans l'usage courant. «Nos enfants, plus spécifiquement les mineurs, ne s'expriment plus avec leur langue maternelle, le Tabeldit. A la maison, comme à l'école ou dans la rue, l'arabe y est couramment usité», fait observer un sage à Igli, lors d'une des sorties sur le terrain, d'une équipe de chercheurs-étudiants encadrée par un sociolinguiste, Mustapha Benkhamou et un psychologue, Arezki Graine. Evoquant ce recul dans l'usage courant de cette langue, Tabeldit, notre interlocuteur a mis en avant l'environnement social immédiat et la tendance ou l'influence, ces dernières années notamment, des familles à, plus communiquer avec leurs enfants en arabe, plus particulièrement à la maison. «Actuellement, peu ou point de jeunes, plus particulièrement les enfants, s'expriment dans leur langue maternelle», a-t-il regretté comme pour justifier la demande sociale exprimée, celle relative à l'introduction de tamazight à l'école et l'enrichissement des programmes de la radio locale, à même de redynamiser cette langue et la promouvoir. Et de faire cas d'un projet de collecte des termes relevant du patrimoine amazigh, usités dans le langage courant en Tabeldit porté par un jeune, un étudiant en langues étrangères, l'espagnol, à l'université de Tlemcen. «Depuis le lancement de ce projet de collecte de termes et de mots véhiculés dans le discours oral, il y a de cela quelques années, cet étudiant, membre d'une association culturelle d'Igli, a recueilli plus de 800 mots et termes usités à Igli et ses environs mais aussi à Taghit et Beni Abbès», a-t-il révélé à l'équipe de chercheurs-étudiants des départements de langue et culture Amazigh de Béjaïa et de Bouira. Un travail salué par l'encadreur, le sociolinguiste, Mustapha Benkhemou qui invité le porteur de ce projet à se rapprocher du HCA pour la publication de ce travail qu'on doit, leur a-t-il dit, examiner et pourquoi pas enrichir.