Le tribunal criminel près la cour d'Alger examinera l'affaire de l'autoroute Est-Ouest le 25 mars, dans laquelle sont mêlés 23 accusés, dont la majorité travaille au ministère des Travaux publics et chez des consortiums étrangers et qui sont poursuivis pour différents chefs d'inculpation liés à la corruption, a révélé une source judiciaire. Aujourd'hui, sept compagnies étrangères (chinoise, suisse, japonaise, portugaise, canadienne) figurent parmi les cartels mis en cause, et seront poursuivies notamment pour association de malfaiteurs, abus de pouvoir, corruption, blanchiment d'argent et dilapidation de deniers publics, selon le rôle complémentaire de la deuxième session criminelle de 2014. D'après une source judiciaire fiable, le ministère des Travaux publics avait déposé une plainte contre l'ancien directeur des nouveaux projets à l'Agence nationale des autoroutes (ANA), après avoir découvert de pots-de-vin versés par des compagnies étrangères à certains responsables du ministère dans le but d'obtenir ce marché. L'affaire commence lorsqu'un vaste plan de grands travaux a été mis en place, et révélé par l'Etat en 2004. Ce projet reposant sur un chantier colossal relatif à la construction d'un réseau autoroutier devant relier l'est à l'ouest du pays. De nombreux groupes mondiaux entrent en concurrence dans le but d'avoir ce projet, dont le coût total est évalué à 12 milliards de dollars. Cet investissement est divisé en trois lots (est, centre et ouest). Des entreprises chinoises se portent candidates, notamment le conglomérat financier CITIC représenté à Alger par l'intermédiaire du Français Pierre Falcone. En 2006, les résultats de l'appel d'offres sont communiqués et presque la totalité du projet est attribuée à deux groupements, l'un chinois (CITIC-CRCC) et l'autre japonais (COJAAL) et la supervision est confiée à Amar Ghoul, à l'époque ministre des Travaux publics. A l'origine de l'éclatement de l'affaire dite de l'autoroute Est-Ouest, des plaintes ont été déposées par différents acteurs économiques qui mettent en cause les conditions d'attribution des marchés et un système élaboré de commissions occultes. L'enquête, à la suite de pressions multiples, est confiée aux services spéciaux, au Département renseignement et sécurité (DRS) qui constate très rapidement de multiples infractions qui porteraient sur des montants financiers très importants. Le 17 septembre 2009, un premier suspect est arrêté, Medjoub Chani, un juriste installé au Luxembourg, présenté comme un intermédiaire très influent. Les investigations conduisent à l'interpellation d'un homme d'affaires (Sid-Ahmed Abdou), puis du secrétaire général du ministère des Travaux publics (Mohamed Bouchama) et du directeur de la planification du ministère des Transports (Salim Hamdane). Plus tard, plusieurs personnalités politiques sont citées, notamment le ministre des Travaux publics, Amar Ghoul, qui assiste dans le cadre d'une procédure judiciaire à l'arrestation de son chef de cabinet, Ferachi Belkacem, sans être inquiété. L'enquête sur ce gigantesque projet d'autoroute Est-Ouest, lancé en Algérie, il y a une dizaine d'années, reste inachevée. Plusieurs infractions ont été enregistrées dans le cadre du projet de l'autoroute Est-Ouest d'un coût de 6 milliards de dollars, attribué en 2006 au groupe chinois CITIC-CRCC. Le projet s'étend sur 1 700 km, d'un coût de 8 millions d'euros par kilomètre.