Les initiatives politiques sont, depuis quelque temps, à la mode. Chaque parti y va avec son petit projet, et une ambition de rassembler en deux ou trois mois l'ensemble de acteurs politiques du pays, pour les uns, ou de réaliser le changement radical tant souhaité pour les autres. Du FFS qui s'efforce à convaincre les différentes formations se réclamant soit du pouvoir, soit de l'opposition, de participer à sa conférence nationale de consensus, à la Coordination pour les libertés et la transition démocratique (CLTD) qui propose une plateforme de transition, mais qui peine à rallier l'adhésion de beaucoup d'acteurs influents, au MSP, puis au FLN qui, chacun de son côté, se propose de mener des «consultations» avec les partis politiques et autres acteurs associatifs sur les questions de l'heure, on sent que les auteurs de ces initiatives font leur baptême de feu en politique et manquent cruellement de maturité. Les tergiversations constatées dans l'attitude de certains partis (par exemple, la position du FLN par rapport à la proposition du FFS) sont une preuve tangible que la culture de partenariat est encore absente dans nos mœurs politiques. Au lieu donc d'aboutir à l'objectif suprême qui est d'asseoir l'esprit de consensus, les différents partis œuvrent, consciemment ou inconsciemment, à fragmenter davantage le tissu politique et social, déjà fragile, et aggrave la fracture qui existe entre le citoyen et les élites politiques du pays. Résultat : chaque parti risque de se retrouver seul, et toutes ces initiatives foisonnantes n'auront servi qu'à donner une illusion d'animation politique dans une période politique creuse, où la date des prochaines élections est encore loin. Ainsi, le FFS risque, à la lumière des fortes réserves émises par le FLN et le RND sur sa démarche et le rejet de la plupart des formations de l'opposition, d'annuler tout simplement le projet de sa conférence de consensus qu'il prévoit d'organiser à la du mois en cours. De leur côté, les partis regroupés au sein de la CLTD se sentent incapables de mobiliser la population autour de leur mot d'ordre de changement, et n'arrivent pas à sortir de leur cercle restreint qui, d'ailleurs, commence à s'effriter, avec la dernière sortie du MSP, qui constitue pourtant le principal segment dans cette coordination. Le parti islamiste projette, lui aussi, de lancer des consultations en solo avec la classe politique, pouvoir compris. Une sortie qui ne fera que fragiliser davantage la coordination et mènera inéluctablement à une perte de confiance en son sein.