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De Lamine Konté à Serge Teyssot-Gay
Publié dans La Nouvelle République le 18 - 02 - 2015

La musique a tardé à s'emparer des œuvres du poète martiniquais Aimé Césaire, cependant ces dernières années, les tentatives d'adaptation ont été nombreuses. Cette semaine, le guitariste Serge Teyssot-Gay et le rappeur Marc Nammour de La Canaille, présentent à Paris, leur vision du Cahier d'un retour au pays natal.
Le torrent Aimé Césaire n'est pas tari. Presque sept ans après la mort du poète martiniquais – et cent deux ans après sa naissance ! –, on n'en finit pas de revenir à lui. On le commente à l'université, on le réédite, on le célèbre à tous les étages de la République et on le met en musique. Mais, même si Cahier d'un retour au pays natal est paru en 1939 et a très vite frappé par sa portée révolutionnaire et par sa puissance prophétique, il lui faut du temps pour quitter la page imprimée et se lover dans les sillons du vinyle. En 1977, le Sénégalais Lamine Konté enregistre un extrait de Cahier d'un retour au pays natal sous le titre Négritude. Trois minutes et quelques secondes accompagnées par le balafon d'Alpha Konaté sur l'album Chant du nègre, chant du monde, avant plusieurs adaptations de textes de Léopold Sédar Senghor, l'autre fondateur du courant littéraire révolutionnaire de la négritude, alors président de la République du Sénégal. Bernard Ascal, musicien, poète et peintre, a déjà découvert depuis des années la poésie d'Aimé Césaire. Il mettra des lustres à aboutir à un premier enregistrement, en 2005. Il associe le Sénégalais, le Martiniquais et le Guyanais dans l'album Senghor, Césaire, Damas. Puis il se lance dans une adaptation du Cahier d'un retour au pays natal qu'il enregistre en 2007. Quand le poète s'est éteint en avril 2008, il vient de transmettre à Bernard Ascal son accord pour la parution de l'album et son approbation du terme oratorio pour qualifier cette mise en musique. Couronné par un coup de cœur de l'académie Charles-Cros, le double CD Cahier d'un retour au pays natal est la première adaptation intégrale de l'œuvre. Ici ou là, d'autres tentatives ont lieu, comme en 1998 une série d'adaptations pour une émission de télévision en hommage au poète. Positive Black Soul, Stomy Bugsy, KDD, Menelik, Bambi Cruz, ainsi, adaptent et enregistrent du Césaire. Parmi eux, MC Solaar a l'honneur d'enregistrer le texte fondateur proclamant «Et par le jet insolent de mon fût blessé et solennel- Je commanderai aux îles d'exister». Un immense héritage Et, dix ans plus tard, dans sa si singulière scansion de conteur créole évadé en free-jazz, Joby Bernabé fait éclater le verbe de Césaire dans de nouvelles adaptations. Car la mort du poète semble libérer des musiciens – ou leur imposer l'ampleur énorme de son héritage. Ainsi, quand il apprend la mort d'Aimé Césaire en avril 2008, le rappeur Abd Al Malik écrit aussitôt un texte, Césaire (Brazzaville via Oujda). Cet hommage à l'immense poète, inclus sur l'album Dante, est d'une forme curieuse. Au milieu du titre, Malik dit «coupe, coupe la musique, écoute ça !» Et il récite le poème Dorsale Bossale. Au-delà de sa propre situation de Français d'origine africaine, il place le théoricien de la Négritude dans une lignée parfois trop oubliée en ce qui le concerne, et qui est celle des plus grands poètes français – «Baudelaire, Rimbaud, Césaire», aime à dire Abd Al Malik. C'est cette passion de la langue française qui conduit aussi un Arthur H à reprendre Césaire, parmi d'autres poètes antillais, dans le projet L'Or noir, est créé sur la scène du Théâtre national de l'Odéon en 2012 puis enregistré en compagnie du multi-instrumentiste Nicolas Repac. Une entreprise à la confluence de la musique et de la lecture poétique... Sur le terrain du théâtre, le comédien Jacques Martial, par exemple, donne une fervente transcription scénique du Cahier d'un retour au pays natal. Mais c'est peut-être sur l'océan sans cesse recommencé de la musique improvisée que la poésie d'Aimé Césaire se met à la fois en danger et en lumière. Ainsi, on peut plonger avec Teyssot-Gay, Nammour et Bilbeaud dans une matière mouvante, mais éclairante, dans un chaos électrique qui soutient, paraphrase et commente la parole fondatrice du poète. L'énergie rock s'accorde à l'emphase parfois opaque d'une langue mallarméenne, tout en proposant une sorte de sens nouveau, de précision, de limpidité au dévidement des mots. Et l'on se prend à ne plus savoir quelle est l'influence première qui faisait écrire des formules comme «Les sodomies monstrueuses de l'hostie et du victimaire». Est-ce alors Guillaume Apollinaire ou Sonic Youth qui se fait le plus entendre derrière Aimé Césaire ?

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