Au sein d'un Maghreb qui se rejette comme ensemble intégré, l'ennemi stratégique étatique pour chacun des pays qui devraient le composer n'est pas à chercher hors de cet espace. D'abord, pourquoi Maghreb arabe et non pas Afrique du Nord ? Faudrait-il cette fois-ci encore se convaincre ou se laisser convaincre que les frères arabes du Maghreb (ou les frères Africains du Nord ?) vont réellement coopérer très étroitement à la lutte contre un certain nombre de menaces, se montrer extrêmement solidaires, considérer en extrapolation que toute menace qui s'exerce sur l'un d'eux recevra la réponse appropriée de tous ? Nous avons un peu trop l'habitude de donner à leur rencontre (celle des ministres arabes maghrébins ou africains du Nord de l'intérieur) un cachet exceptionnel, alors que ces derniers ont l'habitude de se rencontrer et de se promettre de converger, il faudrait bien que l'on comprenne si les menaces d'hier ne sont pas celles d'aujourd'hui ou bien si aux premières se sont ajoutées les secondes. Quels préalables incontournables à une coopération débarrassée de toute suspicion ? D'abord, il faudrait que dans ce qui peut s'apparenter à une alliance, au moins aucun de ces pays ne devrait considérer qu'un autre pays membre est son ennemi stratégique. Il faudrait que chacun considère l'autre comme un allié stratégique. Plus important encore, ou aussi important, la coopération ne peut s'avérer étroite, réelle et efficace que si chacun des membres est autonome par rapport à des influences extérieures, c'est-à-dire à des puissances extérieures, occidentales plus particulièrement. Une obligation non moins importante s'impose à tous. Un accord politique sécuritaire entre les cinq membres (arabes ou africains ?) devrait être supérieur à tout accord du même genre (ou accord de défense) contracté entre un des pays membres et une puissance extérieure. Pour exemple, rappelons que les pays du Golfe ont donné la caution régionale arabe à la guerre contre l'Irak de mars 2003, malgré la disposition dans la charte de la Ligue arabe qui impose la solidarité opérationnelle militaire contre toute agression extérieure contre un pays membre. Les pays du Golfe avaient invoqué un accord de défense avec les Américains. Pourquoi donc si souvent on présente la réunion de cinq ministres maghrébins arabes (jamais africains du Nord) comme un nouveau départ ou une correction ? Filialisation maghrébine d'Al-Qaïda, «dachéisation en cours des mouvements terroristes existants ou des groupes terroristes, abandon des massacres contre les populations et concentration sur les forces de sécurité et assimilées avec de fréquents attentas contre les forces de sécurité et les institutions, cela induit fatalement de nouveaux questionnements sur le changement de stratégie des terroristes et également sur les changements par adaptation des parades. Que va-t-il changer en Afrique du Nord ou au Maghreb ?