,La politique de l'autruche qu'applique la direction générale Arcelor Mittal dans le conflit socioprofessionnel qui l'oppose depuis quelques jours à plus de 5 000 salariés en poste dans les différentes et nombreuses unités du complexe sidérurgique El Hadjar, ne ressemble en rien à celle des précédentes années. Celles, où aussitôt émis un préavis de grève, se multiplient les communiqués à l'adresse des salariés, de presse et même les dépôts de plaintes. C'est que le conflit en question qui oppose employeur et employés depuis quelques jours et appelé à se radicaliser dans les prochaines heures, est spontané. Même les syndicalistes du conseil de l'entreprise qui, ces deux dernières années, activent en intelligence avec l'employeur, sont déclarés persona non grata. En l'absence de toute tentative directe de dialogue de l'employeur, les salariés protestataires ont décidé de radicaliser leur position. Ce qui a eu pour conséquence que depuis hier lundi, la production du complexe sidérurgique El Hadjar ArcelorMittal Algérie est une nouvelle fois mise à l'arrêt forcé. Ainsi en ont décidé les salariés des aciéries I et II. Ils ont également bloqué la voie ferrée destinée au transport de la fonte liquide alimentant les installations de production de l'acier. Et si pour les aciéristes un problème de suppression de la prime de production collective du mois d'avril alimente la colère des salariés, la même colère qu'attise l'absence de tout dialogue caractérise d'autres unités de production. Ce qui justifie d'ailleurs les préavis de grève que les travailleurs ont émis après établissement d'un procès-verbal de non conciliation. Dès mardi et mercredi donc, dates d'expiration du préavis, outre les deux aciéries et le Haut fourneau, les unités tuberie sans soudure dite filiale Alpha Pipe and Tube Algeria, les 2 aciéries et le laminoir à chaud déclencheront une grève générale illimitée. Les travailleurs ont précisé qu'elle se poursuivra jusqu'à la satisfaction de leur plateforme de revendications. Celles-ci sont majoritairement liées à l'augmentation des différentes indemnités dont le panier et la femme au foyer. La tentative des syndicalistes du complexe sidérurgique d'amener les contestataires à mettre fin à leur mouvement a été ponctuée par une fin de non-recevoir. Nos tentatives d'en savoir plus du côté de la direction générale ArcelorMittal sont demeurées vaines. Le même silence radio caractérise la direction de la communication. Pour peu qu'il n'y ait pas d'ici là un compromis entre les deux parties en conflit, la production sidérurgique s'en ressentira davantage avec une perte estimée à 1 million de dollars/jour. Il est vrai que le groupe ArcelorMittal a cédé sa position d'actionnaire majoritaire de la société, il aurait cependant conditionné cette cession par le maintien du sigle ArcelorMittal et la nomination d'un de ses représentants à la tête de la direction générale. Ce qui lui permet de décider de tout sans que le conseil d'administration ne trouve à redire. L'on cite dans ce tout, l'importation du charbon, des billettes, des brames et prochainement de la fermeture de certaines unités stratégiques telles que les laminoirs et pourquoi pas le Haut fourneau. Ce qui transformerait le complexe sidérurgique El-Hadjar en un parc sous douane où seront entreposés les stocks importés de produits sidérurgiques exonérés d'impôts et destinés à être commercialisés sur le marché national. Préalablement, l'on aurait remercié la majorité des salariés (licenciements abusifs, spoliation du personnel, départ à la retraite anticipée...). C'est en tout cas ce que projetterait de réaliser cette même direction générale. Elle s'appuierait sur des soi-disant «résolutions» venues «du conseil d'administration». En fait, la mise en place de cette instance dirigeante très proche du groupe leader mondial de l'acier a des relents d'une démarche mafieuse. Elle n'a pas vocation à servir les intérêts nationaux, mais plutôt ceux d'une certaine mafia aux affaires au Luxembourg et même en Algérie. Pour éviter d'éveiller les soupçons des cadres algériens en poste au niveau de la centrale d'achat, on leur a créé des contraintes multiformes. Ils ont eu le choix entre laisser faire la stratégie d'importation des rebuts du groupe franco indien sans rechigner ou prendre une retraite anticipée avec une bonne indemnité de départ. C'est ce que semble avoir pressenti les protestataires qui veulent s'assurer de leur devenir et celui de leur outil de production. Cette situation pourrait faire l'objet de l'intéressement du nouveau groupe public «Industries métallurgiques et sidérurgiques» (Imetal). Ce dernier a élaboré un plan d'action. Il est appelé à être soumis au conseil de participations de l'Etat pour approbation. Et pourquoi ne pas prévoir la reprise de la totalité des actions (100%) de la filiale Tuberie sans soudure ou Ampta. Celle-ci est toujours sous l'emprise du groupe ArcelorMittal avec 70% du capital social pour 30% à Sider. Une opportunité à saisir au regard de l'ambitieux plan de développement que l'entreprise Sonatrach envisage mettre en application très prochainement. Il s'agit entre autres de la réalisation de tout un réseau de transport des hydrocarbures, de pipe-line, de tubes leasing, de réhabilitation de sites pétroliers et gaziers. La TSS est spécialiste dans la production des tubes de 6 à 14 pouces, ceux-là même dont a besoin Sonatrach. C'est dire que le moment est choisi de dire à ArcelorMittal qu'il est temps pour lui de mettre fin à son insatiabilité en Algérie.