Aux dernières nouvelles, la parenthèse Bensalah au poste de secrétaire général du RND (Rassemblement national démocratique) est pratiquement fermée. Le retour d'Ouyahia à la tête du parti n'est plus qu'une question de temps exigé par les procédures statutaires à suivre. L'intérêt du parti et sa stabilité passent avant tout, d'autant plus que le pays a besoin d'un RND fort et stable, estime Bensalah lui-même. Ainsi, en mai 2015, Ahmed Ouyahia revient à la tête du RND pour la même raison- «sauver l'unité du parti»- qui l'en avait éloigné en janvier 2013. Il avait expliqué le motif de son départ dans le message annonçant sa démission surprise, adressé, directement «aux militants et militantes», en passant par-dessus le Conseil national. A l'époque, janvier 2013, on s'en souvient, les redresseurs du FLN ne savaient pas encore comment faire partir Abdelaziz Belkhadem qui s'accrochait à son poste et ne manquait pas alors de narguer ses adversaires à chaque occasion. Et pure coïncidence ?- comme pour le RND, son frère ennemi et néanmoins partenaire dans l'Alliance présidentielle, le FLN vit lui aussi des turbulences qui pourrait amener le même changement à sa tête, comme au début 2013. Dans les deux cas, il y a toujours la même bonne raison à opérer le changement : l'intérêt supérieur du parti. Au RND, le vent, maintenant favorable à Ahmed Ouyahia, le pousse à nouveau à la tête du parti. Quel scénario pour ce retour d'Ouyahia ? En janvier 2013, le Conseil national n'avait pas attendu plus de deux jours après la date d'effet de la démission d'Ahmed Ouyahia, pour annoncer qu'il choisissait Abdelkader Bensalah, arrivé comme un sauveur pour diriger le parti et lui faire surmonter la division qui l'a déchiré à la suite de l'action des redresseurs. Le congrès prévu d'abord avant la fin du premier semestre 2013, et qui s'est tenu finalement en décembre de la même année, avait entériné ce choix porté sur le président du Sénat, pour être le nouveau secrétaire général du parti. Sans surprise d'ailleurs, tout indiquait que le RND voulait reconstruire son consensus autour d'Abdelkader Bensalah, présenté comme l'homme de la pondération, ce qui convenait aux responsables et militants dont la position doit beaucoup au soutien qu'ils accordent au président Bouteflika. Le RND n'avait d'ailleurs pas attendu le congrès pour donner des assurances sur sa ligne de soutien au président. Quelques mois avant ce congrès, une réunion extraordinaire du Conseil national confirmait dans sa déclaration finale que sa ligne restait marquée par le réalisme et par le souci de demeurer dans le giron de la présidence. Le RND a toujours soutenu le programme du président de la République et contribué à sa concrétisation, et il n'entendait pas s'éloigner de cette voie. Faut-il rappeler que le RND actuel s'est construit, au début de 1999, sur le soutien à la première candidature Abdelaziz Bouteflika à la présidence de la République, et qu'il n'a rien du RND d'origine dont bien des membres fondateurs, comme Tahar Benaibèche, qui en fut le premier secrétaire général, élu au congrès d'avril 1998, qui avait suivi le congrès constitutif, ont été évincés. C'était le temps où l'on parlait de RND-Benbaibèche et de RND-Ouyahia, divisés, à l'époque, sur la position à adopter par rapport à la candidature d'Abdelaziz Bouteflika, déjà soutenue par le FLN, à l'élection présidentielle d'avril 1999. Début février 1999, Ahmed Ouyahia avait renversé la vapeur, prenant la tête du RND et le mettant au service de Abdelaziz Bouteflika. Trois ans après, défait aux élections législatives de mai 2002 remportées par le FLN dirigé alors par Ali Benflis, le RND passera ensuite, en juin 2002, par une courte crise marquée par deux sessions houleuses de son Conseil national, mais le parti retrouve vite une vie normale sous la direction du même Ahmed Ouyahia qui s'était éclipsé, après la défaite, pour réapparaître sans être sérieusement gêné par une opposition interne, constituée de frondeurs d'un opportunisme extraordinaire, qu'il n'a pas eu beaucoup de difficultés à réduire. C'est en mai 2003 qu'Ouyahia s'est offert un congrès tout à fait ordinaire et formel, qui a donné naissance à ce qu'on pourrait appeler le RND-2 différent du RND-1 d'origine, mais comme lui ayant vocation à être le «parti du pouvoir». En mai 2015, le temps passe vite, Ouyahia reprend en mains le RND, dans une troisième version, un parti divisé, affaibli par les luttes intestines et dans lequel, il compte pas mal de rivaux.