La réouverture du procès de l'affaire dite Khalifa Bank a donné lieu à des rétractations en bloc de pratiquement l'ensemble des accusés. La majorité des mis en cause ont dans leurs auditions «blanchi» leur patron qui pourrait bénéficier d'un éventuel acquittement. Pour rappel, 71 accusés (après le décès de 5 autres) sont actuellement jugés dans cette affaire. Vingt et un sont en détention alors que les autres comparaissent librement. Au début, tout le monde parle de l'affaire de détournement et de corruption du siècle et beaucoup d'encre a coulé à ce sujet. Après l'extradition du n°1 de l'entreprise et la réouverture du procès, la surprise est grande, la quasi-totalité des mis en cause sont revenus sur leurs anciennes déclarations, niant tout en bloc. En écoutant les auditions des accusés, n'importe qui pourrait d'ores et déjà dire que le n°1 de Khalifa Bank n'avait rien à se reprocher. Même s'il sera condamné à une peine de prison égale ou un petit peu supérieur à ce qu'il a passé derrière les barreaux, la décision du tribunal aura pour effet de ne pas permettre à ce dernier de demander réparation. Pour l'instant, et après huit séances du jugement de la seconde manche, nous constatons que l'ensemble des témoignages profitent à l'accusé principal. Selon les accusés, la quasi-totalité des prêts et des opérations financières ont été accomplis régulièrement et conformément aux textes de loi en vigueur. Le PDG de Khalifa TV et de Khalifa airways en France, Djamel Guellimi, a également nié toute implication dans la falsification de documents au profit d'Abdelmoumène Khelifa. Pourtant, M. Guellimi est poursuivi pour association de malfaiteurs, faux en écriture, vol en réunion et abus de confiance. Le prévenu a reconnu avoir travaillé jusqu'à 1993 comme clerc dans l'étude du notaire Omar Rahal, également poursuivi pour le chef d'accusation de faux en écritures publiques et auditionné dimanche par le même tribunal. Il a soutenu qu'après sa démission, il a créé une activité, «très rentable», de distribution de médicaments et qu'il ne s'était plus rendu dans l'étude notariale. Guellimi a nié tout en bloc, rejetant l'ensemble des faits qui lui sont reprochés. Une autre personne est revenue sur ces déclarations devant la police judiciaire et le magistrat instructeur, il s'agit d'Issir Idir. Lors de son audition par le président de l'audience, le juge Antar Menouar, l'accusé a nié les accusations retenues contre lui. Guellimi a demandé au tribunal de faire une expertise pour authentifier la signature apposée sur les actes d'hypothèque. L'audition a porté sur les fonctions qu'il a occupées au sein du groupe Khalifa, à savoir celles de PDG de Khalifa TV et Khalifa Airways en France et de directeur de l'office du groupe. Interrogé sur sa relation avec les responsables qui se rendaient au groupe Khalifa pour différentes raisons, il a reconnu avoir rencontré le frère de l'ancien ministre Bouguerra Soltani «pour un poste au sein de Khalifa TV», ainsi que le frère de l'ancien commissaire de la Banque d'Algérie, Keramane Abdelwaheb, qui voulait «placer sa fille» chez Khalifa Airways, selon ses dires. Il a également parlé de sa rencontre avec le président de la Fédération algérienne de football (FAF), Mohamed Raouraoua, qui «s'est rapproché du groupe pour faire la connaissance de Abdelmoumène Khelifa» et de sa rencontre avec des «enfants de responsables pour des postes au sein du groupe». En 2007, le prévenu Guellimi Djamel a été condamné dans cette affaire à 15 ans de prison ferme assortis d'une amende de 14 millions de DA. En somme, à moins d'un éventuel renversement de situation dans les prochaines auditions, cette affaire pourrait être close sans pour autant s'attendre à des sévères condamnations des mis en cause.