L'ex-clerc du notaire Amar Rahal, Djamel Guelimi, a nié, hier, devant le tribunal criminel de Blida, toute implication dans la falsification de documents au profit de Abdelmoumène Khelifa. Accusé pour association de malfaiteurs et falsification de documents officiels, l'accusé, qui a été condamné à 10 ans de prison ferme lors du premier procès en 2007, a affirmé n'avoir jamais mis les pieds dans le bureau de Amar Rahal, après sa démission en 1993, pour créer une année plus tard une entreprise de distribution de produits pharmaceutiques avec deux associés. Défendu par Me Miloud Brahimi, l'accusé déclare avoir connu Abdelmoumène Khelifa dans son quartier à Chéraga. « Je me demande toujours pourquoi j'ai été condamné alors que je n'ai aucun contact avec le groupe Khalifa », s'est demandé l'accusé devant le juge Menouar Antar. Ce dernier lui rappelle que lors de l'enquête judiciaire, il a été questionné sept fois par le procureur général et avait déclaré qu'il a accompagné Abdelmoumène Khelifa et Issir Idir chez Me Amar Rahal. « Depuis 1994, je n'ai jamais mis les pieds dans le bureau de Rahal », a réplique l'accusé, en rappelant qu'il a été le seul employé du notaire, parmi neuf autres, à être interrogé. « Pourtant dans le rapport, Issir Idir confirme que vous l'avez accompagné avec Abdelmoumène Khelifa chez le notaire pour établir l'acte notarié de l'hypothèque qui servira pour contracter le crédit bancaire », intervient le juge. « Je n'ai pas connu Issir Idir », répond Guelimi, qui dit ne pas comprendre cet acharnement judiciaire contre lui. Il déclare que sa société de distribution de produits pharmaceutiques faisait un chiffre d'affaires de 3 milliards de centimes et il était très à l'aise financièrement. « Pourquoi me serai-je aventuré dans une affaire pareille ? », souligne-t-il. « Nous savons que les deux actes notariés ont été falsifiés mais le cachet humide du notaire est authentique, l'expertise graphologique le confirme », réplique le juge, qui rappelle à Guelimi son arrestation à l'aéroport international Houari-Boumediène avec en sa possession 300.000 euros qu'il s'apprêtait à faire sortir du territoire national. « J'ai payé pour cette affaire 18 mois de prison ferme », rappelle l'accusé. « Pourquoi vouliez-vous faire sortir cet argent ? », questionne le juge. « Pour acheter une maison en France », argumente-t-il. « Quand est-ce que vous vous êtes engagé dans le groupe Khalifa ? », demande le juge. « En 2000, Abdelmoumène Khelifa m'a proposé de prendre la direction de Khalifa Airways en France. Du 1er mars 2001 jusqu'en 2002, j'occupais la fonction d'inspecteur général et puis j'ai intégré Khalifa TV à la demande du PDG », raconte Guelimi. Interrogé par le magistrat sur les personnalités qu'il recevait en tant que PDG de Khalifa Airways, Guelimi a cité Abdenour Keramane (ex-ministre de l'Industrie), « qui m'a demandé si Abdelmoumène Khalifa pouvait recruter sa fille. Le PDG a donné son accord et la fille a été enrôlée pour diriger l'agence de la compagnie à Milan en Italie. Mais les autorités italiennes se sont opposées car il fallait au préalable une autorisation d'exploitation aérienne », explique l'accusé, qui justifie, à l'occasion, le versement d'un million d'euros dans le compte de la fille Keramane pour l'exploitation de l'agence, la location et le salaire du personnel. Il signale avoir refusé de recruter le fils de Boudjerra Soltani car il ne répondait pas aux critères. L'accusé avoue, en outre, avoir engagé la fille de Temmar et Benhouna, l'ex-membre de la commission de la monnaie et du crédit. A son tour, Abdelhafid Chachoua, ex-responsable de la direction du transport des fonds à Khalifa Bank, poursuivi pour association de malfaiteurs, vol, escroquerie et falsification de documents officiels, a affirmé qu'il n'est « ni voleur ni escroc » dans cette affaire. Cet ex-inspecteur déclare que sa mission de responsable de sécurité et transport de fonds se limitait à transporter juste l'argent. Le juge lui reproche alors d'avoir transporté de l'argent vers le siège de la banque alors cette dernière ne possédait pas de caisse. « J'appliquais les ordres du PDG », se défend-il. Il affirme que tout l'argent qu'il transportait l'était de manière légale et qu'aucun détournement n'a été enregistré sous sa responsabilité. « Mais après la découverte d'un trou dans les comptes, Abdelmoumène Khelifa a fait appel à vous pour régler ce problème. Pourquoi ? », rétorque le juge sans obtenir une réponse convaincante. Sur la provenance de l'argent avec lequel il a acheté une villa, Chachoua affirme qu'il avait une activité commerciale parallèle qui lui permettait d'engranger suffisamment d'argent pour acquérir des maisons. Concernant les multiples voyages effectués à l'étranger avec Abdelmoumène Khelifa, l'accusé explique qu'il ne faisait qu'exécuter les ordres de son responsable. « Les photos de vous avec Abdelmoumène Khelifa dans la villa de Cannes prouvent que vous êtes un intime », lance le juge qui n'aura pas de réponse également.