,La déconvenue est cruelle. Dimanche 17 mai, un mois et demi après avoir annoncé son intention de partir à l'assaut d'Al-Anbar, l'immense province désertique à l'ouest de Baghdad, l'armée irakienne a dû abandonner sa capitale, Ramadi, sous les coups de boutoir de l'Etat islamique (EI). Délogés de Tikrit, la ville natale de Saddam Hussein, au début du mois d'avril, les djihadistes ont pris une éclatante revanche en s'emparant d'une des dernières villes d'Al-Anbar qui leur résistaient. Dans l'après-midi de dimanche, les forces de sécurité et les milices sunnites ralliées à Baghdad ont évacué le centre de commandement de la province où elles étaient assiégées depuis plusieurs jours, scellant la victoire des soldats du «califat», proclamé par Abou Bakr Al-Baghdadi, le chef de l'EI. «Ramadi est tombée, la ville a été prise dans sa totalité. Les militaires sont en fuite», a reconnu Mohannad Haimour, le porte-parole du gouverneur de la ville, selon lequel «au moins 500 personnes, à la fois des civils et militaires», ont péri dans les combats des «deux derniers jours». Le Premier ministre irakien, Haïder Al-Abadi, a ordonné à ses troupes de tenir leur position dans l'attente d'un appui aérien et de l'arrivée de renforts, notamment les milices chiites regroupées au sein de la «Mobilisation populaire», qui convergeaient lundi vers la ville stratégique tombée aux mains des djihadistes de l'EI. Dans l'Anbar, une région presque exclusivement sunnite, ces forces supplétives, dont les exactions sont notoires, n'avaient été utilisées qu'à petite dose jusque-là, de peur d'attiser les violences confessionnelles. «La chute de Ramadi, si elle se confirme, représente une défaite très lourde pour le gouvernement irakien et ses parrains internationaux, juge Charles Lister, analyste au Brookings Doha Center. L'Etat islamique contrôle désormais trois capitales provinciales à travers la Syrie et l'Irak, alors qu'il n'en contrôlait que deux lorsque les Etats-Unis sont intervenus militairement, en août 2014.»