S'il admet être «affecté» par le scandale planétaire qui touche la Fifa, Joseph Blatter, réélu président vendredi pour un cinquième mandat, s'est de nouveau présenté hier comme «l'homme de la situation». «J'ai été affecté par ce qui s'est passé (le scandale de corruption et les coups de filets de la justice visant son instance, ndlr) et j'ai été touché par les attaques (personnelles contre lui, ndlr)», a admis le Suisse de 79 ans hier devant un auditorium de son instance rempli à ras bord par la presse internationale. Mais quand un journaliste lui a demandé s'il ne devrait pas démissionner, Blatter a oublié la fatigue de la semaine pour redevenir combatif : «Non. Pourquoi je réponds non ? C'est facile, vous avez vu le résultat de l'élection, il y a eu 133 voix pour moi (contre 73 à son challenger le Prince Ali, qui s'est retiré avant le second tour, ndlr). Je suis toujours l'homme de la situation, l'homme pour régler les problèmes». Et d'user de sa métaphore marine favorite, apparue en 2011 lors de sa précédente réélection : «J'assume, et je promets que dans les semaines prochaines nous travaillerons pour remettre le bateau (la Fifa) dans des eaux moins perturbées, dans une situation calme et réjouissante». Quelles sont donc les sensations à la barre du navire Fifa ? Mer agitée mais pas insurmontable à entendre le capitaine Blatter : «La tempête dure encore, mais elle n'a pas la valeur d'un ouragan». «Je n'ai pas eu de contacts directs avec la justice et je n'ai pas peur d'être arrêté, pourquoi cette question ?», a-t-il balayé calmement quand un reporter lui posait les deux questions. Et de se défendre d'avoir forgé au sein de la Fifa une culture de la corruption, comme le dénoncent ses opposants. «Non, certainement pas, nous avons toujours essayé sous mes présidences d'éliminer ces individus fautifs, si vous regardez les archives, vous verrez». Et d'ajouter, tranquillement, au sujet de son futur mandat : «Le foot est un sport où il y a des adversaires. Je serai le président de tous, même ceux qui n'ont pas voté pour moi». Blatter taille la justice américaine et bichonne les sponsors Blatter garde toujours en travers de la gorge, l'arrestation de sept hauts responsables de la Fifa mercredi au petit matin dans un 5 étoiles de Zurich, à deux jours du congrès, sous l'impulsion de la justice américaine. «Trois journalistes américains étaient là pour attendre que ça se passe...», grince-t-il. «Les Américains ont le droit de faire toutes les enquêtes, ça ne me dérange pas. Mais ce sont des affaires qui concernent l'Amérique du Nord et du Sud, on aurait pu les contacter ailleurs qu'avant un congrès de la Fifa à Zurich», a encore déploré celui qui est entré à la Fifa, il y a 40 ans, suggérant ainsi un coup de pub de la justice américaine sur le dos de la Fifa. La pression autour de la Fifa touche aussi son porte-monnaie, puisque des sponsors, et non des moindres, comme Hyundai, Coca Cola, Adidas et Nike ont exprimé leur plus vive inquiétude devant l'image souillée de leur partenaire footballistique. Visa s'est montré le plus exigeant, menaçant même de revoir ses accords. «Nous avons des contacts avec les sponsors, des échanges de lettres, nous essayons de rétablir la situation. Je suis sûr de ramener la situation à la normale, il y aura des visites personnelles à des sponsors», a rassuré «Sepp», qui se fera donc VRP de son instance dans les semaines à venir.