A l'ombre de l'escalade guerrière et des drames sanglants vécus par la Syrie, sur tous les fronts, pour que les alliés de Washington puissent enfin convaincre la Maison Blanche de revoir ses plans d'intervention militaire visant à renverser le président syrien Bachar Al-Assad, au lieu de se contenter de leur plaire par des déclarations se résumant à dire qu'il aurait perdu sa légitimité et qu'en aucun cas il ne ferait partie de la solution politique, leurs médias, notamment en Arabie Saoudite et en Turquie, claironnent à qui veut bien l'entendre que la «chute» de la Syrie est imminente. Ceci, alors qu'il est parfaitement clair que le sort de la Syrie est le cadet de leurs soucis et que tout ce qui les intéresse est de se débarrasser du président syrien, comme cela fut le cas en Libye grâce à la coopération des Qataris avec la bénédiction de l'Administration US. Une fois leur victoire contre le dirigeant libyen Mouammar Al Kadhafi célébrée, peu leur importait que la Libye soit vouée aux gémonies en tombant entre les griffes d'Al-Qaïda et que la sécurité européenne et régionale aillent en enfer. Mais pendant que les Saoudiens et les Turcs souriaient jaune, les rapports des services du renseignement s'entassaient sur les bureaux des présidents russe et américain prouvant, par les menus détails, l'étendue de la participation de la Turquie et de l'Arabie Saoudite à ce qu'ils attribuent à l'opposition syrienne. Ainsi, quand on leur rétorque que cette fameuse opposition n'est autre que Daech et Al-Nosra, ils commencent par tenter d'établir une distinction entre ces deux organisations terroristes (la seconde étant révolutionnaire et donc plus respectable que la première à en croire Fabius, Walid Joumblat, le gouvernement israélien, etc. ), avant de finir par prétexter que la situation en Syrie ne fait qu'empirer. Et quand on leur demande comment se fait-il que des armes sophistiquées, «made in USA» en particulier, soient tombées entre les mains des combattants d'Al-Nosra, ils expliquent que c'est le résultat de leurs larcins dans les arsenaux des deux armées irakienne et syrienne. C'est pourquoi Moscou a demandé à Washington de lui fournir une copie des numéros de série des missiles anti-char correspondant à des plateformes tombées entre les mains du renseignement russe après leur utilisation par Daech et Al-Nosra. Demande logique si l'on se souvient du rôle joué par les missiles Stinger livrés aux Talibans lors de la guerre en Afghanistan... Moscou n'a pas attendu longtemps. Quarante huit heures après sa demande, Daniel Rubenstein, l'adjoint du ministre des Affaires étrangères US en charge du dossier syrien, arrivait dans la capitale pour en discuter avec le vice-ministre russe des Affaires étrangères Mikhaïl Bogdanov. (A suivre)