Le Barça y a cru l'espace de dix minutes. Le temps pour Messi d'inscrire un but et pour Piqué de se prendre un rouge. Finalement, l'Athletic Bilbao résiste, répond et soulève la deuxième Supercoupe d'Espagne de son histoire. Le miracle n'a pas eu lieu. Dans un Camp Nou plein à craquer, avec une équipe presque type, les Barcelonais ont tout fait comme d'habitude. Ils ont eu la possession, ils se sont procuré des occasions, ils ont touché la barre, mais ils n'ont jamais réussi à renverser l'Athletic Bilbao. Au tableau d'affichage, 1–1, ils sont même loin de la remuntada annoncée. La faute à trop d'imprécisions offensives, à la bêtise de Piqué, mais aussi et surtout à onze Basques déterminés, solidaires et confiants après leur victoire à l'aller. L'Athletic Bilbao mérite amplement sa Supercoupe d'Espagne tout en réalisme et en bravoure. Le Barça ne le contredira pas. Et puis un quintuplé, c'est déjà suffisant, non ? C'est bien aussi d'en laisser aux autres... La muraille basque tient presque bon Boum ! On joue la cinquième minute et déjà la barre transversale basque tremble. Piqué, bien servi en retrait, donne le premier avertissement du soir. Le Barça doit marquer, vite, et lance donc le siège sans attendre. Durant les 43 premières minutes, la muraille rouge et blanc flanche parfois, mais ne rompt jamais. Suárez demande une dizaine de ballons dans le dos des défenseurs... En vain. Pedro fait de même sur le côté gauche... En vain aussi. Les infiltrations d'Iniesta se transforment toutes en corner. Bref, les combinaisons catalanes sont trop hésitantes, téléphonées et n'aboutissent pas. Et forcément, dans ces conditions-là, face à onze joueurs survoltés et repliés, c'est difficile de marquer. Pire, Eraso est à deux doigts de briser prématurément les espoirs blaugrana à la 38', mais il préfère se la jouer perso, tirer à côté et entretenir le suspense. Et puis finalement, Messi arrive à entamer le système de fortification adverse juste avant la mi-temps. Un centre de Rakitić, une remise de la poitrine de Suárez et une mine de la Pulga va donner l'élan nécessaire aux Catalans pour y croire en deuxième mi-temps. 1–0. Mais Bilbao n'est pas du genre à laisser tomber non plus. La preuve : Iraizoz, le gardien basque, ne veut pas rendre le ballon aux Catalans après le but. C'est limite, mais c'est l'image qui caractérise le mieux l'état d'esprit des joueurs de Bilbao ce soir. La bêtise de Piqué Et donc, au retour des vestiaires, Les Blaugrana doivent redoubler d'efforts pour se trouver des espaces face à onze bêtes enragées. Ce qu'ils font plutôt bien. Ils sont conquérants, enthousiastes, agressifs, et même un peu trop. À la 56', Piqué n'est pas d'accord avec l'arbitre. Il estime, à raison, que De Marcos était hors-jeu la minute d'avant, et se fait expulser par l'arbitre pour lui avoir crié dessus. C'est sévère, mais c'est aussi complètement idiot de la part d'un homme qui a réussi à séduire Shakira. Le Barça n'avait vraiment pas besoin de ça. Et logiquement, après ce coup de sang, l'espoir se transforme en frustration. La frustration de ne pas toucher le ballon. Parce que Bilbao le sait aussi : la meilleure défense c'est l'attaque. Et encore plus à onze contre dix. Finalement, à un quart d'heure du terme, Bilbao transforme la frustration en mort prématurée : Aduriz profite encore d'une errance défensive barcelonaise pour ajuster Bravo. 1–1. C'est fini pour le Barça. L'expulsion de Kike Sola en fin de match n'y changera rien. Le Camp Nou se vide bien avant le coup de sifflet final. Les cris de joie et les chants des joueurs de Bilbao résonnent dans l'enceinte barcelonaise. Le regard rivé au sol, les Blaugrana font le deuil du sextuplé...