Plusieurs milliers de réfugiés et demandeurs d'asile ont passé la nuit de vendredi à samedi dans le «no man's land» établi à la frontière entre la Grèce et la Macédoine qui n'accepte qu'au compte-gouttes les entrées sur son territoire. Retranchés derrière des barbelés, les policiers macédoniens déployés le long de la frontière depuis jeudi ont imposé un filtrage des réfugiés, principalement originaires de Syrie. Environ 600 d'entre eux ont été autorisés à franchir la frontière au cours de la nuit et à monter vers 05h00 (03h00 GMT) dans un train en gare de Gevgelija à destination de la Serbie, dernière étape avant la Hongrie et l'espace Schengen. Au lever du soleil, de nombreux autres candidats à l'exil continuaient d'arriver à pied dans cette zone de transit. Vendredi, les unités anti-émeutes de la police macédonienne ont effectué des tirs de gaz lacrymogène pour disperser une foule en colère qui demandait l'entrée dans le pays. Bloquées dans cet espace inter-frontalier, des familles ont passé la nuit, sans abri, autour de feux allumés dans les champs alors que la pluie rendait leur situation encore plus inconfortable, aucun ravitaillement alimentaire n'étant assuré. «Il fait très froid ici», a commenté Faroq Awais, un Pakistanais de 30 ans, qui attendait de monter dans le train à Gevgelija. «La nuit dernière, il pleuvait et on ne pouvait pas s'abriter. On a dormi contre les murs d'un bâtiment». Depuis plusieurs semaines, la gare de Gevgelija est en proie à la cohue et au désordre. Plus de 2 000 réfugiés originaires du Proche-Orient, d'Afrique et d'Asie franchissent chaque jour la frontière et tentent de monter dans des trains à destination du Nord. Au cours des deux derniers mois, plus de 40 000 migrants sont entrés en Macédoine et quelque 50 000 ont rallié les côtes de la Grèce à partir de la Turquie pour le seul mois de juillet. Le gouvernement macédonien a expliqué ne plus pouvoir faire face à un afflux de cette ampleur et a dépêché la police anti-émeutes et l'armée à ses frontières sud avec la Grèce et nord avec la Serbie. Le rythme auquel s'effectuent les entrées en Macédoine apparaît insuffisant pour éviter une situation chaotique. «Beaucoup de gens montent dans le train et nous donnons la priorité aux femmes et aux enfants», explique Aleksandra Davidovska, membre de Legis, une ONG locale qui vient en aide aux migrants. «Pour l'instant, la situation est tenable car les gens ont encore sommeil», a-t-elle ajoutée au début de la matinée. «Mais en milieu de journée, la frustration va s'accentuer».