L'annonce d'un retour à une transition conduite par des civils pourrait intervenir d'un moment à l'autre. Ouagadougou est étrangement calme. Les grands axes de la capitale du Burkina Faso sont toujours jonchés de barricades de briques, de branchages et de pneus prêts à être enflammés. Mais personne à côté. Les incessants tirs de sommation et les fumées noires, qui s'élevaient dans le ciel depuis la prise d'otage du président Michel Kafando et de son gouvernement mercredi 16 septembre, ont disparu. Hier, le Régiment de sécurité présidentielle (RSP), la garde présidentielle à l'origine du coup d'Etat dans ce pays sahélien, s'est subitement retirée du centre-ville, alors qu'une grande pluie nettoyait la capitale. Pour John, un journaliste burkinabè venu constater cette subite désertion, «c'est un repli stratégique, parce que les médiateurs sont ici». Toute la ville est comme suspendue à la médiation de la Cédéao (Communauté des Etats d'Afrique de l'Ouest) conduite par les présidents béninois, Thomas Boni Yayi, et sénégalais Macky Sall. Arrivés vendredi dans la capitale burkinabè, ils ont déjà rencontré trois fois le général Diendéré, le nouvel homme fort du Burkina Faso. Mais ils ont aussi reçu les chefs des partis politiques de l'ancienne opposition au président Blaise Compaoré, des diplomates et des organisations de la société civile. Un président hagard Enfin, ils se sont entretenus samedi après-midi avec le président de la transition, Michel Kafando, qui contrairement à ce qu'avait affirmé le RSP, n'est pas libéré. Il reste sous bonne garde et n'a d'ailleurs pas pu venir à l'hôtel Laico où se déroulent les négociations. Les deux médiateurs ont dû se déplacer dans la résidence présidentielle où il est retenu. La presse, conviée à les suivre, a découvert un président hagard, manifestement marqué par la prise d'otage en plein Conseil des ministres, dont il a été victime. Il n'a d'ailleurs pas voulu ou pu s'exprimer et n'a pas eu un regard pour les photographes et caméras. Malgré tout, les négociations avancent. Et Thomas Boni Yayi a promis dans la soirée de samedi une «bonne nouvelle». Il a trouvé que le général Diendéré, qui a conduit le putsch, avait le «sens des responsabilités». Pour lui, «tout le monde» est dans «de bonnes dispositions pour que la paix sociale et la cohésion reviennent». Le général Diendéré a, quant à lui, affirmé qu'il ne voulait pas s'accrocher au pouvoir et promis qu'il ne s'agissait plus que d'une question de «modalités maintenant». Ce dimanche, l'annonce d'un retour à une transition conduite par des civils pourrait intervenir d'un moment à l'autre.