Le chanteur Moh Ouali Hakem a tiré sa révérence, à l'âge de 81 ans, dans la nuit de vendredi à samedi derniers, des suites d'une longue maladie. Il a été enterré samedi au cimetière du village natal, Tizi N'Temlelt, à Iflissen, dans la daïra de Tigzirt, au nord de Tizi-Ouzou, en présence d'une foule nombreuse dont plusieurs artistes et chanteurs l'ayant connu et apprécié son œuvre et parcours artistique. L'auteur de la célèbre chanson «Ya Sidi Khaled El Marsa», a été pendant plusieurs années le bras droit de l'un des maîtres de la chanson chaâbi, feu Dahmane El Harrachi, et compagnon de longue date de deux maestros de la chanson kabyle, Cheikh El Hasnaoui et Slimane Azem, en l'occurrence. Le chanteur, qui a chanté l'immigration, l'exil, la nostalgie de son pays ainsi que d'autres thèmes de la vie, était, pour reprendre un de ses proches, un «homme modeste, humble et pétri de valeurs humaines ». Peu connu du grand public, feu Moh Ouali Hakem, fut très sollicité par les maîtres de la chanson algérienne, à l'instar de Dahmane El Harrachi, Slimane Azem, Cheikh El Hasnaoui, Mohamed Belkheir, Akli Yahiaten pour ne citer que ceux-là. Moh Ouali Hakem est né en 1934 au village Tizi N'Temlelt dans la région de Tifra à Tigzirt. Ses débuts dans la chanson remontent à 1952, en France où il venait de débarquer avec son père, alors émigré, travailleur dans une usine. Ses premiers airs les fredonnera dans les usines, selon la biographie du chanteur barde de l'immigration. En 1956, le chanteur décide de s'offrir une guitare et commença à fredonner les airs de Cheikh El Hasnaoui et Slimane Azem, deux virtuoses de la chanson de l'exil. En 1957, il rencontra, par hasard, Arab Uzelag, alors chanteur célèbre, en compagnie de Amraoui Missoum. Mais c'est en 1958, qu'il fit une rencontre décisive pour sa carrière artistique restée dans l'oralité de la chanson de l'exil : au passage Theirry, à la Bastille, se trouvait un café dénommé « Lqahwa n Ami Ali » (Café de l'oncle Ali), lieu de passage de tous les artistes maghrébins de l'émigration. Son propriétaire, lui-même virtuose instrumentiste, mettait à la disposition des artistes émigrés de Paris, de Belgique, d'Allemagne, tous les instruments dont ils avaient besoin pour un gala, une séance d'enregistrement ou pour tout simplement passer le temps, selon toujours la biographie du défunt. C'est dans ce café célèbre et riche de présence artistique, que Hakem Moh Ouali fit la connaissance de Dahmane El Harrachi. De 1958 à 1962, Hakem et Dahmane ne se quitteront pas d'une semelle. Ils sillonnèrent Paris et donnèrent des concerts à travers tous les cafés maghrébins. Notons par ailleurs qu'au mois d'août de l'année 2008, des citoyens de son village natal, Tizi N'Temlelt, lui avaient rendu un vibrant hommage en présence de plusieurs artistes et hommes de culture, à l'instar de Cherif Hamani, Ali Ideflawen, Moh Saïd Fahem, Mohand Akli Belkheir. La direction de la Culture de la wilaya de Tizi-Ouzou, ainsi que l'ensemble du personnel du secteur de la culture, ont présenté leurs sincères condoléances à la famille de l'artiste et les ont assuré, en cette pénible circonstance, de leur profonde compassion.