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Pourquoi la baisse du prix du pétrole ?
Publié dans La Nouvelle République le 07 - 12 - 2015

Les marxistes «complotistes» ne croient pas que Karl Marx a véritablement percé les mystères du fonctionnement de l'économie politique capitaliste et pour pallier à ce qu'ils croient être les insuffisances du marxisme ils aiment imaginés des complots et des tractations en coulisses dans lesquels les émirs arabes, les mollahs iraniens, les ploutocrates américains, les oligarques européens et les malfrats milliardaires organisent l'économie du monde, fixent le prix du pétrole et préparent dévotement le prochain krach boursier maîtrisant pleinement les leviers de l'économie capitaliste (sic).
L'effondrement récent du prix du pétrole leur pose toutefois quelques soucis. En effet, comment expliquer que le comploteur semble travailler à détruire l'économie et à réduire ses profits ? Ils ont beau expliquer que la baisse du prix du pétrole a entraîné une hausse des ventes d'armes américaines aux pays du Golfe, la manigance semble peu plausible puisque de tout temps - pétrole en hausse ou pétrole en baisse - les pays arabes ont toujours été sous dépendance occidentale pour leur approvisionnement en armements. Seul l'Iran possède une industrie nationale conséquente de l'armement. Les Américains préfèrent un pétrole dispendieux (puisqu'il fait circuler beaucoup de pétrodollars) et des armes sophistiquées, abondantes et coûteuses puisqu'ils sont le premier marchand d'armes mondial. La baisse du prix du pétrole ne peut qu'embarrasser ses clients. D'autant plus qu'un pétrole dispendieux permet l'exploitation profitable du pétrole de schiste étatsunien onéreux à extraire. Les analystes «complotistes» auront beau examiner le problème de tout bord et de tout côté, ils pourront imaginer différents scénarios de malversations impliquant les plus grands criminels politiques et militaires de la terre - il en restera toujours que le pétrole à 40 ou 50 dollars le baril ce n'est pas profitable pour les capitalistes pétroliers ni pour les principautés du Golfe Persique, et ce n'est pas dans l'intérêt des entreprises américaines du pétrole. Mais c'est dans l'intérêt des manufacturiers, des entreprises de transport, des compagnies multinationales de l'automobile et connexe, qui représentent ensemble plus du quart de l'économie mondiale. Pourquoi ne pas investiguer de ce côté, du côté des lois inéluctables de l'économie politique pour comprendre les tendances nécessaires de l'économie politique capitaliste ? La crise systémique actuelle est une crise de sous valorisation du capital qui ne parvient plus à mettre de plus en plus de capitaux en action pour produire de plus en plus de plus-value. Quand des usines sont relocalisées en Occident - revenant de Chine pour migrer vers l'Europe et les Etats-Unis - c'est souvent dans un secteur de forte mécanisation assurant la production de plus-value relative et l'embauche d'un minimum de travailleurs pour manoeuvrer ces machines informatisées. C'est la surabondance de pétrole sur les marchés, en fonction de la diminution des unités de production consommatrices d'énergies qui explique la baisse du prix du baril. En définitive le chômage explique la baisse du prix du pétrole. Les princes, cheiks et émirs du pétrole n'ont pas d'autres choix que de produire plus de pétrole - même à vil prix - étouffé qu'ils sont dans des pays politiquement instables où ils ne souhaitent surtout pas redynamiser le printemps arabe. Pire, les cheiks du pétrole sont prisonniers de quantités de pétrodollars qui demain, au moment de la grande dévaluation du dollar américain qui se prépare vaudront moins. Bref, leur fortune n'est que pacotille et mirage dans le désert. Alors, oui, les cheiks du pétrole maintiennent leur production envers et contre l'avis de leurs mentors étatsuniens qui ne font pas consensus. Car si l'industrie pétrolière américaine et européenne vocifère contre la baisse du prix du pétrole, tous les autres secteurs économiques s'en réjouissent et font des réserves pour le jour où les prix remonteront en même temps que le dollar chutera. Peut-être que la baisse du prix du pétrole constitue la revanche des industriels sur les pétroliers même si ni les uns ni les autres ne l'ont vraiment voulu. Nonobstant ceci, quand le cycle descendant des profits pétroliers se sera rapproché des abysses, le cycle ascendant des investissements reprendra son ascendant, les capitaux ayant suffisamment fui ce secteur peu rentable pour le rendre à nouveau profitable et permettre un nouveau cycle d'investissement - rentabilité - accumulation préparant une nouvelle crise. Une crise économique pour les capitalistes ce n'est pas quand les prix fluctuent, ou quand la misère humaine s'approfondit, ou quand le chômage s'accentue. Une crise systémique du capitalisme c'est quand les profits n'augmentent plus et donc que le capital ne se valorise plus et ne se reproduit plus - élargie. Ainsi va la vie en économie politique capitaliste comme Marx l'a écrit. Nous présentons ci-dessous quatre textes qui présentent différentes cogitations et spéculations sur les complots politiques contre l'économie du pétrole et pour expliquer la baisse des prix pétroliers. Annexe 1 Camarade X : réflexions sur la chute du prix du pétrole Nous connaissons les liens internes entre le dollar comme monnaie universelle, le pétrole payé en dollars et la banque centrale US. Nous savons qu' à plusieurs reprises, le dollar fut mis en cause comme monnaie universelle, mais à ce jour toutes les entreprises visant à détrôner le dollar ont échoué. Nous savons que les USA à plusieurs reprises ont utilisés les chocs pétroliers, afin d'éponger leur déficit abyssal, ceci de connivence avec l' Arabie Saoudite et le chah d' Iran, l'OPEP suivra. Le but des USA était de provoquer une rareté pétrolière fictive sur le marché afin de faire monter le prix du baril. On parla de PIK OIL pour l'an 2000 tout en projetant un prix du baril à 200 dollars. A plus de 100 dollars le baril, l'exploitation du pétrole non conventionnel pouvait se pratiquer à grande échelle aux USA et ailleurs, les schismes bitumeux seront à grand frais exploités, sachant que l' exploitation serait limitée dans le temps. La presse commença par nous dire que les USA non seulement étaient devenus autonomes, mais qu'ils exportaient maintenant du pétrole, la fée clochette était passée par là. On annonça que les USA étaient enfin en mesure de réduire leur déficit. Il n' en fallait pas plus pour redonner des couleurs au dollar. La FED de son côté après avoir fait fonctionner jusqu'à la démesure la planche à billet, s 'est mise à promettre de relever ses taux d'intérêts - ce quelle n'a pas fait finalement comme nous l'avons souligné la semaine passée (1). Mais voilà que le prix du baril commençait à chuter et perdra 50% de sa valeur, se situant en moyenne à 50 dollars le baril avec des plongeons en dessous de 40 dollars le baril. Que s' était il donc passé pour que les USA perdent la main sur l' approvisionnement pétrolier ? Première question ont ils vraiment perdu la main au point que l'Arabie Saoudite puisse désobéir à l'Oncle Sam ? Permettez moi d' en douter. (voir l' annexe 1) Mes doutes semblent se confirmer puisque Obama vient de lever l'embargo sur l'Iran et Cuba, ce qui va provoquer un afflux supplémentaire de pétrole, et que des recherches en Alaska sont programmées. Il y a une autre explication bien médiatisé : comme l' OTAN est à l' offensive contre la Russie, dont il faut couper les ailes en Ukraine, et faire tomber Bachar. Un embargo sur la Russie plus la chute du prix du pétrole devrait faire en sorte que Poutine, décide d'hiverner dans sa tanière. Mais Poutine ne semble pas aller dans se sens, il modernise son armée et aurait (selon Investigation) utilisé une arme secrète pour sauver Bachar et impressionner Obama. Ce dernier a d' ailleurs stoppé nette ses manœuvres contre la Syrie ? Laissant le socialiste Fabius pantois avec sa fourniture d'armes aux bons islamistes- terroristes. Le boycott de la Russie, la non - livraison des Mistrals à Poutine, n'arrange pas le commerce extérieur de la France, nous apprenons même que la livraison de Rafales à l'Inde est stoppée au profit de la Russie. En ce qui me concerne, je pense que les USA manœuvre avec l'arme du pétrole de manière quelque peu différente que lors des chocs pétroliers. Vous aurez remarqué que le cours du dollar remonte et que presque mécaniquement celui de l'or chute. La BCE a même prévue remonter ses taux pour que des liquidités affluent. Un pétrole à bas prix payer avec un dollar fort, c'est une bonne affaire pour les USA. D'autre part, les producteurs américains voudraient exporter du pétrole de schiste, léger, et importer du pétrole lourd pour alimenter leur industrie du raffinage (voir annexe 2). Seuls les entreprises et pays pétroliers comme l'Irak, le Venezuela, l'Equateur, le Nigeria, l'Algérie, des pays pour lesquels un fonctionnement socio-politique soutenable implique des prix supérieurs à 90 dollars le baril. À noter au passage que la Cop 21 qui doit se tenir à Paris du 30 novembre au 11 décembre 2015 est du fait de la chute du prix du pétrole dans l' impossibilité de présenter son programme « écolo » de gaz contre pétrole. Annexe 2 Pétrole, guerre, mensonges : le secret des sept sœurs «Le précédent gros contrat, de l'ordre de 123 milliards de dollars, avait été conclu en 2010 entre l'Amérique et quatre pays du Golfe (Arabie saoudite, Koweït, Abou Dhabi, Qatar), précisément en vue de renforcer leur capacité défensive «face à l'Iran». Soixante milliards de dollars pour la vente à l'Arabie saoudite de 87 chasseurs bombardiers «F-15», de 70 hélicoptères de combat «Apache» et de 72 hélicoptères «Black Hawk», 36 hélicoptères Little Bird AH-6, ainsi que des bombes, des missiles, y compris la bombe guidée par GPS, JDAM, produite par Boeing et le missile guidé par laser Hellfire. Trente milliards de dollars complémentaires seront affectés à la fourniture de bâtiments de guerre et d'un système de défense balistique, complémentaire au réseau de missiles de type Patriot et au reconditionnement des anciens appareils de l'armée de l'air et de la marine. Bases militaires, barrages électroniques et compagnies militaires privées: le Golfe, une zone hyper protégée mais nullement hermétique. De surcroît, des barrages électroniques ont été édifiés aux frontières de l'Arabie Saoudite et des Emirats Arabes Unis pour décourager toute invasion ou infiltration. Le barrage électronique saoudien a été édifié avec le concours des Français, celui d'Abou Dhabi, avec le concours de la firme israélienne AGT (Asia Global Technologies), dont le contrat de
trois milliards de dollars concerne aussi bien la protection des frontières que la protection de quinze sites pétroliers de l'émirat, ainsi que la fourniture de Drones, les avions de reconnaissance sans pilote, de fabrication israélienne. Faiblement peuplées, entourées de puissants voisins tels l'Iran et l'Irak, de création récente et inexpérimentées, les pétromonarchies ont longtemps confié leur protection à des pays amis aguerris, ou, à défaut, à des compagnies militaires privées, les mercenaires des temps modernes, et, les fabuleux contrats d'armement étaient généralement perçus comme des polices d'assurance déguisées, en raison des mirifiques rétro commissions qu'ils généraient. La protection de l'espace aérien saoudien a été longtemps confiée aux aviateurs pakistanais, le territoire national du Sultanat d'Oman aux bédouins de la légion arabe jordanienne, les mercenaires occidentaux se chargeant du reste, avec une répartition des rôles entre les Anglais, surtout présents dans leur ancienne zone d'influence, notamment les Emirats pétroliers du Golfe, et les Américains ayant la haute main sur l'Arabie Saoudite et le reste du Moyen-Orient. La protection du Cheikh Zayed Ben Sultan Al-Nahyane, Emir d'Abou Dhabi et président de la Fédération des Emirats du Golfe, ainsi que l'encadrement des troupes omanaises dans la répression de la guérilla marxiste du Dhofar, dans les années 1965-1970, ont relevé de la responsabilité de «Watchguard», une des deux compagnies de mercenaires britanniques, dont le siège est à Guernesey. Fondée en 1967 par David Sterling, un ancien des commandos de l'air britanniques (Special Air Services), elle passe pour être un instrument d'influence de la diplomatie britannique. Outre Blackwater, qui s'est fâcheusement illustrée en Irak, les Etats-Unis comptent, eux, deux grandes sociétés privées militaires: Vinnell Corp, dont le siège est à Fairfax, en Virginie, et BDM international. Toutes deux filiales de la multinationale Carlyle, elles apparaissent comme les bras armés privilégiés de la politique américaine en Arabie et dans le Golfe. Vinnel corp, dont la mission saoudienne a fait l'objet d'un attentat à Khobbar en 1995, a la haute main sur la formation de la Garde nationale saoudienne, tandis que BDM gère la formation du personnel de l'armée de l'air, de la marine et des forces terrestres saoudiennes Face à l'Iran, la constellation des pétromonarchies du Golfe s'est ainsi transformée en une véritable base flottante américaine au point que se pose la question de la viabilité stratégique et de la pertinence politique des gros contrats d'armement jamais conclu dans l'histoire, en temps de paix, entre les Etats Unis et les pays de la zone. Le contrat de 2010 comme celui de 2015 outrepassent les capacités d'absorption des bénéficiaires de même que les capacités d'assimilation de cet armement par ses servants locaux. (Suivra)


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