De plain-pied sur la rue, le Télémly dans toute sa splendeur. Les artistes prennent l'espace et se réapproprient les lieux. A l'intérieur, une dame virevolte, elle passe d'un lieu à l'autre, bouge, se meut dans l'agitation la plus folle. Valentina Ghanem qui gère un espace organise des expositions et qui présente des artistes. Voilà qui fait plaisir à voir. Du 16 octobre au 05 novembre prochains, l'Exposition d'Automne donnera lieu à un rendez-vous avec les œuvres peintes et dessinées de Moussa Bourdine. Une exposition préparée depuis longtemps sur des petites notes de pastel, aquarelle, crayons, dans lesquelles Moussa Bourdine n'hésite pas. Il investit cette galerie de bien belle manière en nous proposant au regard quelques travaux qui ne déparaissent pas dans l'espace. Un rez-de chaussée et une soupente pour accueillir les dernières inspirations de ce plasticien régulier dans les rendus qui pour cette fois nous apporte des notes automnales très bien entreprises sur des moyens et petits formats aux compositions farouchement limpides. Les personnages féminins rois de son travail ne manquent pas de trôner au fond de la galerie, entrepris dans une mise en scène, blanche, virginale, gage de pureté et de solennité du rapport. Femme-mère, femme-courage, héroïne de tragédie grecque ou de tragédie algérienne, Moussa Bourdine dans ses hommages récurrents a fini par l'intégrer dans la mythologie urbaine. Elle est exposée dans ; toute sa force dans cette posture quasi divine. Portée aux nues par l'enfant reconnaissant. Devant de nombreux amis venus découvrir les derniers opus, Moussa Bourdine, éternel béret vissé sur la tête, pull rouge et phrases affable laisse toujours le bon sens et l'amabilité prendre le pas sur les fioritures, il va sans dire qu'il reste accueillant tant dans un atelier aux feuilles volantes et crayons voltigeurs que dans une galerie aux effluves de parfums sans prix. Il nous invite dans un petit espace certes modeste en superficie, mais aussi très généreux en capacité d'accueil a faire la découverte de quelques travaux qui augurent d'un parcours éloquent dans les techniques du pastel, acrylique et crayonnés divers dans les scènes de genres habituelles qui se transposent souvent en compositions abstractives audacieuses par leur aspect souvent flamboyant, fauve même, dans l'éclat de ces rouges, orangés et blancs à la limité de l'expressionisme. Car faut-il insister sur le caractère purement plastique de son travail investi essentiellement sur le crayon, les pastels, l'aquarelle, et l'huile, pas question de fioritures gratuites aux effets démultipliés. La force du plasticien réside dans le geste précis, l'abord de ses supports dans une attitude souvent poignante, agitée, subtile et en même temps amoureuse de ces papiers, tissus, ou grammages puissants qui s'apprivoisent sous les instruments dominateur du sieur Bourdine, qui oublie pour notre plus grand plaisir toute mesure de discipline et de « bienséance » bourgeoise. Outre le fait que son expression se laisse séduire par les pastels, huiles et crayons classiques le résultat aux regard laisse une impression de force et d'originalité qui nous font découvrir les travaux du plasticien toujours dans un plaisir renouvelé tant dans les sujets interprétés que par les couleurs abordées pour nous livrer des peintures savoureuses à plus d'un titre. Dans ces expressions automnales, Moussa se livre à quelques exercices exquis de mise en place de couleurs et de formes assez vives, « calmées » par ses pastels et ses « nuages » de fonds et de formes qui laissent pointer la feuille de papier avec « l'audace » d'une couleur trop puissante, ou une forme dopée par la quadrichromie d'une page prise ici et là dans des livres. Dans cette exposition sur deux temps, se révèlent sous nos yeux les qualités d'un musicien harmonieux dans ses phrasés qui ne se laisse point conter par les contraintes de la recherche plastique sans trop se la raconter. Mais « raconter » par la peinture ses doutes, ses joies et ses peines. Sur quelques trente opus, souvent minuscules comme pour partager des petits secrets tous mignons, il nous prend par la main et partage ces images avec le plaisir de la confidence, la visite est sympathique, elle nous met à la rencontre d'un peintre à la sagesse récurrente qui n'a d'égale que sa modestie, serait-il utile de dire qu'il reste sans aucun doute un des peintres majeurs de l'histoire de l'art algérien, non, il n'est pas utile de la rappeller, il y'a des musées pour cela !!!! Moussa Bourdine, «L'exposition d'Automne », du 16 Octobre, au 5 novembre 2015, Galerie Sirius, 139 Blvd Krim Belkacem, Telemly, entrée libre