Le secteur des transports est saturé de projets gelés depuis des années, dont les travaux de réalisation avancent au ralenti. Il y a d'autres achevés et dont la mise en exploitation est à chaque fois annoncée pour être aussitôt remise à plus tard. La nouvelle gare routière et l'aérogare Rabah-Bitat de Annaba font partie de ce dernier lot. «La nouvelle gare routière sera mise en service en novembre prochain et la nouvelle aérogare le sera en décembre», a indiqué le ministre des Transports, Boudjemaâ Talaï. En fait, ses déclarations n'ont rien apporté de nouveau en termes de matérialisation à 100% de ces projets. Face aux caméras de télévision, à la radio et devant les représentants de la presse écrite, Amar Tou et Amar Ghoul, ses prédécesseurs, avaient exprimé le même optimisme. Les deux précédents ministres des Transports avaient aussi annoncé la mise en exploitation de l'autorail rapide Skikda-Annaba à la fin du mois de mars 2009, et le dédoublement de la voie ferrée Annaba-Ramdane Djamel (sur 96 km avec un montant de 26 milliards de DA) fin août 2010. Il n'en est rien. Tous les projets sont au point mort, y compris ceux portant sur la réalisation de nouvelles gares et trois trémies. L'on a beau secoué les cocotiers des entreprises de réalisation, dont une étrangère, rien n'y fait. On en est toujours au stade des contraintes non levées. Sauf imprévu, Boudjemaâ Talaï pourrait effectuer une visite de travail à Annaba en novembre prochain. Ça ne sera pas pour le lancement des travaux de l'extension du port ou ceux du tramway que la population doit classer dans la série des aspirations de modernité brisées. On sait que ce même ministre a émis son veto. Ça ne sera pas aussi pour révéler que l'acquisition par la SNTF d'une trentaine de locomotives hybrides neuves auprès de la société leader européen du ferroviaire Alstrom est en bonne voie. Développement socioéconomique de la région ou pas, le train de minerai, de marchandises ou celui des voyageurs continuera à rouler à 20 km/h sur la voie ferrée Ramdane Djamel-Azzaba. Le rail dans la wilaya est fragilisé depuis des années par de nombreux déraillements à l'origine de la mise à la ferraille de plusieurs locomotives et wagons. L'on ne dira pas que, crise économique oblige, la modernisation du secteur ferroviaire est mise en veilleuse. Et pourtant, l'enveloppe financière de 20 milliards de dollars y afférente a été depuis longtemps débloquée. C'était du temps où la responsabilité de ce département incombait à Amar Tou. Des 10 000 km de voie ferrée prévus pour être réhabilités et électrifiés, un peu plus de 2 250 km seulement l'ont été alors que la totalité de l'opération aurait dû être achevée dans le cadre du quinquennal 2010-2014. Et puis, il y a la voie ferrée reliant Bellara, site de l'implantation du nouveau complexe sidérurgique à Jijel. Cette infrastructure ferroviaire qui aurait dû être terminée depuis longtemps connaît plusieurs contraintes. «C'est un problème de conduite gros diamètre à dévier qui pose problème mais ce sera pris en charge», a précisé Talaï. Dans la perspective d'un développement des moyens de transport, le ministère de tutelle a commandé auprès d'une société italienne la construction de deux navires à grande vitesse pour le transport des voyageurs par voie maritime. D'une capacité de plus de 200 passagers, ces nouvelles acquisitions assureront dans quelques semaines et sous la forme de navettes quotidiennes, la liaison maritime Annaba-Skikda. Peut-on dire que sous l'impulsion de Talaï, le secteur des transports va véritablement décoller ? Lui qui a réussi à mettre au pas certains chefs d'entreprise de son département en poste au niveau des ports, à Air Algérie, à l'ENTMV et dans de nombreuses autres infrastructures portuaires, aéroportuaires et ferroviaires, aurait-il assez de temps pour mener à bien sa politique de développement d'un secteur qui était pratiquement livré aux caprices des apparatchiks du système ?