Et de six ! Cheikh Salman, patron du football asiatique, s'est ajouté à la liste des candidats à la présidentielle de la FIFA côté poids lourds, avec Michel Platini (suspendu provisoirement) et Tokyo Sexwale, tandis que les trois autres prétendants auront plus de mal à exister. Il reste encore quelques heures d'ici la clôture des dépôts de candidatures, lundi à minuit, et la liste pourrait encore évoluer tant l'issue de cette élection paraît incertaine pour désigner un successeur à Sepp Blatter le 26 février. Trois favoris Premier poids lourd à s'être lancé dans la course, Michel Platini, l'ex-favori, est aujourd'hui dans une situation inconfortable. Bien que suspendu jusqu'au 5 janvier, le président de l'UEFA a maintenu sa candidature en attendant la décision finale de la justice sportive. Le Français, membre du comité exécutif de la FIFA depuis 2002, est suspendu pour 90 jours depuis le 8 octobre pour 1,8 million d'euros versé par Blatter en 2011 pour un travail de conseiller achevé neuf ans auparavant. La candidature du triple Ballon d'or ne sera pas examinée par la commission électorale avant la levée ou l'expiration de sa suspension. Autre écueil, la commission électorale de la FIFA doit encore juger de l'intégrité des candidats. Le panel chargé de cette évaluation sera-t-il influencé par la suspension infligée ? Cheikh Salman, membre de la famille royale du Bahrein, est le dernier prétendant déclaré en date. Président de la Confédération asiatique de football (AFC) depuis 2013, il connaît bien la FIFA pour en occuper l'un des postes de vice-président. Agé de 49 ans, il avait auparavant soutenu Platini. Pourrait-il bénéficier du soutien de l'UEFA en cas d'empêchement de Platini ? Le Bahreini traîne en tout cas de gros boulets : il fait l'objet de vives critiques de la part d'organisations de défense des droits de l'Homme pour son rôle dans la répression du soulèvement démocratique de 2011, ce qui pourrait refroidir nombre de fédérations européennes. L'autre candidat important est le Sud-Africain Tokyo Sexwale, ancien compagnon de prison de Nelson Mandela. L'homme d'affaires sud-africain, auréolé de son combat anti-apartheid, n'est pas issu du sérail du football. Ce qui peut représenter un atout tout comme un handicap, car ce sont les présidents des 209 fédérations membres qui élisent le président de la FIFA. Membre du comité d'organisation du Mondial-2010 dans son pays, il préside depuis 2015, le comité de surveillance de la FIFA pour Israël et la Palestine. Issa Hayatou, président par intérim de la FIFA et surtout patron tout puissant depuis 1987 de la Confédération africaine (CAF) ne verrait pas d'un très bon œil l'arrivée d'un rival issu du même continent, selon des sources proches de l'instance suprême du foot. Trois outsiders Ils ne pèsent pas assez politiquement pour espérer grand-chose. Le prince jordanien Ali, demi-frère du roi Abdallah et seul adversaire de Blatter le 29 mai, peut se vanter d'avoir mis le Suisse en ballottage au 1er tour avant de se retirer. Mais il avait eu à l'époque les votes de l'UEFA qui ne lui fera pas de cadeau après ses critiques acerbes sur Platini, qu'il a qualifié d'homme du «système». Jérôme Champagne, lui, a certes travaillé durant onze ans à la FIFA (de 1999 à 2010), mais s'il a, cette fois, recueilli les parrainages nécessaires, contrairement à l'élection de mai, le Français doit combler un net déficit de notoriété. Tout comme David Nakhid, ex-capitaine de la sélection nationale de Trinité-et-Tobago, passé par les Grasshoppers Zurich. Ancien diplomate, résidant à Zurich, Champagne (qui ne sera pas soutenu par l'UEFA car il a, lui aussi, critiqué Platini) estime que sa longue expérience de la FIFA «n'est pas un handicap». «Pour mener les réformes, il faut quelqu'un qui connaisse l'institution de l'intérieur», estime-t-il. Champagne comme Nakhid sont proches de Blatter, qui n'a visiblement pas abandonné l'idée de peser sur l'identité de son successeur. D'autres candidats peuvent-ils encore se déclarer ? Zico, ancienne gloire du foot brésilien, a du mal à avoir les cinq parrainages de fédérations affiliées à la FIFA nécessaires pour se déclarer. L'UEFA peut-elle promouvoir un plan B européen, avec un candidat qui se retirerait si Platini peut mener à bien sa campagne ? Réponses d'ici mardi, date à laquelle la commission électorale devra étudier la validité de chaque dossier, avec notamment l'examen de l'intégrité des candidats. Sauf pour Platini, puisqu'il faudra attendre la fin de sa suspension.