En décidant de faire évacuer par la force publique une quarantaine de logements sociaux squattés vingt-quatre heures auparavant, le wali a mis fin à un trafic de logements sociaux à grande échelle. Ils sont seize individus, prétendument mères ou pères de familles à avoir créé un réseau de détournement de logements publics locatifs. C'était ce dernier mercredi. Alors que les Algériens étaient majoritairement devant le petit écran à suivre la rencontre de football qui devait sceller l'avenir de notre représentation dans la suite des compétitions qualificatives à la Coupe du monde en Russie, ces individus avaient d'autres préoccupations. Celle, notamment, de mettre devant le fait accompli les autorités de la wilaya en squattant un nombre de logements flambant neufs. Achevés et réceptionnés, ils sont implantés dans la localité de Kharaza, commune Oued El-Aneb en bordure de la RN44. Attribués à des familles, plusieurs devaient être occupés dans le cadre d'une opération de recasement qui se préparait. Il faut dire que le manque de réaction des précédents responsables locaux obnubilés par la sauvegarde de la paix civile coûte que coûte face à cette pratique du «fait accompli», a encouragé les uns et les autres. Certains squatteurs sont des repris de justice et des escrocs. C'est en tout cas ce que révèlent les conclusions de l'enquête. La démarche aurait pu, une nouvelle fois réussir. C'était compter sans l'intransigeance et la rigueur de l'actuel wali Youcef Cherfa à faire respecter l'ordre et la loi. Réquisitionnées, les forces de sécurité sont rapidement intervenues pour déloger les indus occupants qui s'étaient déjà mis dans la peau de locataires. Les quelques tentatives de fomenter le trouble sur la voie publique ont été rapidement maîtrisées. Les auteurs ont été interpellés pour être soumis à une enquête. Démarche pertinente puisqu'à l'exception de quelques squatteurs se comptant sur les doigts d'une seule main, tous les autres se sont avérés être de véritables habitués du fait accompli avec pour armes un bidon d'essence ou une bouteille de gaz butane et la menace de l'immolation. C'est le subterfuge que les énergumènes interpellés mercredi à Kharaza avaient tenté d'utiliser. Vainement puisque face à la détermination des gendarmes, ils seront tous arrêtés. Vêtus de l'habit du courtier clandestin de l'immobilier ou agissant pour leur compte, ces individus majoritairement des repris de justice, se sont spécialisés dans les transactions des baraques à démolir pour cause de recasement et la rétrocession des logements sociaux. Avec des complicités bien introduites dans le circuit des services compétents (daïra, APC, OPGIi, Protection civile), ils sont constamment aux aguets. Ils ont été des centaines à utiliser les manifestations violentes de rue comme moyen de pression sur les autorités locales pour bénéficier d'un logement social qu'ils rétrocèdent aussitôt. Il y a également ces centaines de logements publics locatifs à El-Bouni 3. Inoccupés depuis des années, ils servent à certains initiés à arrondir leur fin de mois en les louant l'espace d'une nuit, d'un jour de quelques mois à des individus qui ont font des garçonnières ou pied à terre pour les recherchés. A une centaine de mètres du poste de police fixe menant vers la route de l'aéroport, situés en hauteur, trois logements sont squattés depuis des années sans que nul responsable de l'OPGI ne s'en inquiète.