Bien que ses membres, de différentes tendances politiques, aient tenté de donner le change, l'Assemblée populaire de la wilaya d'Annaba a navigué à vue lors de sa session qui s'est tenue dimanche et lundi derniers. Interdiction faite à des élus d'exprimer leurs opinions, querelles entre membres de la même obédience et faiblesses criantes des débats sur les préoccupations des 640 000 habitants, ont caractérisé cette session de l'APW. Par nécessité autant que par tempérament, le directeur de l'exécutif de wilaya était au four et au moulin. Ce qui lui a permis d'imposer aux uns et aux autres de s'intéresser aux projets d'importance à réaliser dans le cadre du programme quinquennal 2010/2014. Quatre sont de grande importance : l'étude d'un nouveau pôle urbain d'une assiette de 690 ha pour la création d'une nouvelle à Draâ Erich, commune de Oued El Aneb, à une vingtaine de kilomètres d'Annaba. Le lancement des travaux de construction de 40 000 logements sociaux locatifs, participatifs et ruraux dans le cadre du programme quinquennal 2010/2014. La réalisation de tunnels de l'autoroute Plaine Ouest vers Zaâfrania (double sens) et Oued Forcha. L'attribution de 7 000 logements achevés où en cours d'achèvement et l'éradication de 5 000 bidonvilles et habitat précaire. La réhabilitation du Centre régional d'éducation physique et sportive du Creps Seraïdi pour lequel ont été dégagés 360 millions de dinars au titre de la première tranche d'une enveloppe financière globale de 1,40 milliard de dinars. L'achèvement de la piscine olympique et le démarrage des travaux de la salle omnisports de 3 000 places à Safsaf. Pour expliquer à des élus obnubilés par des luttes d'intérêt toute l'importance de ces projets pour le développement socioéconomique de la wilaya, le wali a fait intervenir les membres de son exécutif. Vainement puisque les élus FLN majoritaires poursuivaient leur lutte intestine sans tenir compte de la rigueur du programme de travail cohérent présenté par les services de la wilaya. Durant les deux jours de cette session très houleuse, l'essorage «parlementaire» programmé par les élus de l'alliance s'est poursuivi devant les représentants de la presse et de la société civile. Ces élus n'entendront pas le wali souligner la nécessité de mettre fin à la corruption appliquée dans les communes par certains élus, cadres et agents d'exécution lors des attributions de marché, démolition de constructions illicites, attribution de logements sociaux, aides sociales… Navigant à vue et sans réelle prise avec le quotidien des habitants, les élus majoritaires n'ont pas eu la convenance démocratique à laquelle ils voulaient faire croire. D'un niveau très bas, leurs interventions n'ont pas réussi à réduire, un tant soit peu, l'impression générale que leur médiocrité dans la gestion des affaires d'Annaba ne prête aucune discussion. Ce qui a incité Mohamed Ghaz, wali d'Annaba, a parlé de «fermeté dans l'application de la loi contre quiconque venait à l'enfreindre». C'était là une réponse aux habitants qui, ces derniers mois, à travers des émeutes, des correspondances et des témoignages exprimés, l'avaient interpellé. Il faut dire que ces deux dernières années, Annaba des travailleurs de la sidérurgie, de la pétrochimie et des petits salariés du secteur privé vit à la marge des grandes villes méditerranéennes. Faute d'élus à la mesure des ambitions de sa population, elle ne se développe plus.