Qui aurait cru qu'un jour la Fifa serait charcutée par un président qui aura non seulement écrasé voire terrassé l'instance internationale de football, mais aussi entrainé avec lui toute sa cavalerie. Le feuilleton met en jeu l'avenir de Michel Platini, un avenir qui s'est très vite obscurcit. Une radiation à vie de toutes activités liées au football le menace, la sanction a été requise, le lundi 23 novembre, par Vanessa Allard, membre de la chambre d'investigation du comité d'éthique de la Fédération internationale de football. Ce lourd réquisitoire, le même que celui prononcé à l'encontre de Joseph Blatter, fait suite au versement de 2 millions de francs suisses (1,8 million d'euros) effectué en février 2011 par le président suisse de la FIFA au dirigeant de l'Union des associations européennes de football (UEFA). C'est l'avocat du président de l'UEFA Me Thibaud d'Alès qui l'a annoncé, dénonçant un «pur scandale» et la «démesure» d'une telle peine demandée. Le jugement devrait être rendu en décembre. «Le document de Allard est délirant, il achève de la discréditer, confie au Monde Thomas Clay, professeur de droit et membre de l'équipe de défense de Platini. Demander la suspension à vie de Michel Platini de toutes activités relatives au foot, c'est un oxymoron. C'est une chasse à l'homme qui est engagée. Il est traité comme un voyou. On veut l'assimiler à Blazer, Warner ou Ben Hammam [trois membres du comité exécutif suspendus à vie pour corruption].» La FIFA ne cesse de vouloir jumeler les dossiers Blatter et Platini. On a un rapport truffé d'approximations, qui n'est étayé par aucune preuve.» Pour Me d'Alès, «La chambre d'instruction du comité d'éthique de la Fifa a donc requis le bannissement à vie de Michel Platini, nous l'avons vu dans le dossier qui nous a été transmis. Je regrette que cela soit sorti, car la plus grande confidentialité devait entourer cette procédure», a commenté Me d'Alès, regrettant la fuite de cette information mardi matin rapportée par Libération sur son site. Ce bannissement requis est conditionné à la preuve d'une corruption. Mais il y a clairement une démesure de la peine requise. Elle ne repose sur rien dans le dossier. On peut se demander si la personne chargée d'enquêter ne doit pas être appelée «la personne chargée de spéculer» ou la personne «chargée d'éliminer Michel Platini» en vue de la présidence de la Fifa», a-t-il déclaré. «C'est un pur scandale. Et en rendant public cela, il y a clairement une volonté de nuire. Les masques tombent les uns après les autres à la Fifa, il y a une instrumentalisation du calendrier électoral et une stratégie d'élimination du candidat Platini», a ajouté l'avocat de l'ex-triple Ballon d'or, membre du cabinet Clifford Chance à Paris. Faut-il rappeler qu'il est «reproché à Platini un paiement de 1,8 million d'euros reçu en 2011 de Joseph Blatter, président démissionnaire de la Fifa, pour un travail de conseiller achevé en 2002». Ce qui étonne, c'est le silence de la commission d'éthique de la Fifa qui s'est refusée à tout commentaire. Une source proche de la Fifa, qui n'a pas souhaité être citée, a indiqué, au sujet des réquisitions rendues publiques, qu'il pourrait s'agir d'une «manœuvre du camp Platini pour montrer le supposé préjugé anti-platinien de la commission d'éthique». «Je suis scandalisé que cela ait fuité», a souligné pour sa part Me d'Alès, réfutant une telle manœuvre, rapporte le journal «Le Point » dans sa dernière livraison et d'ajouter que Platini est déjà sous le coup d'une suspension provisoire de 90 jours prononcée le 8 octobre et qui court jusqu'au 5 janvier. Sa candidature à la présidence de la Fifa, toujours prévue le 26 février, est pour l'heure gelée par cette suspension. Il a saisi le tribunal arbitral du sport. L'avocat de Platini, Me Thibaud d'Alès, qui dénonce un «pur scandale». Reconnaît que le parcours de Michel Platini n'a pas été exempt de fautes, mais défend une carrière où «les lumières l'emportent très largement sur les ombres». Selon lui, la Fifa cherche en Platini un parfait bouc émissaire, alors que la fédération «ne brille pas par son honnêteté et son intégrité». Et de conclure : «Michel Platini c'est trop d'éclat, de lumière et de réussite (...). Certes, avoir trop de succès est un scandale pour les envieux et les aigris, mais ça ne doit pas entraîner la radiation à vie d'une telle personnalité.»