L'Etat va rattraper les pertes en fiscalité pétrolière par la fiscalité ordinaire. L'Etat va passer d'une économie de développement à une économie de croissance. Différemment lu, nous allons vers une économie capitaliste. Il serait intéressant de revenir sur les axes d'orientation de la loi de finances 2016, en scrutant quelque peu les déclarations du ministre des Finances pour défendre son projet suite aux questions des députés. Benkhalfa tente de rassurer en déclarant aux députés sceptiques que «l'Etat a investi dans la prospérité sociale», mais, ajoute-t-il «dans ce contexte de baisse des prix des hydrocarbures, le pays mise sur les ressources internes pour compenser les pertes dans ses revenus d'exportation des hydrocarbures». Autrement dit, ce sont les contribuables qui vont payer la différence. Nous sommes en pleine cohérence avec les orientations du FMI. Selon le ministre, le gouvernement maîtrise la gravité de la situation et possède «une vision prospective de l'économie du pays», afin que notre pays ait à l'avenir des instruments modernes pour faire du pays, un pays émergeant, malgré la baisse des prix du pétrole. A ce propos Benkhalfa rassure encore comme s'il avait des informations strictement confidentielles à propos des évolutions du marché pétrolier : «Nous avons une vision prospective de l'économie nationale et nous avons les pronostics sur la situation financière du pays sur les trois prochaines années, mois par mois. Une situation que nous maîtrisons parfaitement» garantit le ministre, en défendant le contenu de la loi de finances 2016, une loi décriée par plusieurs spécialistes, comme étant injuste parce qu'elle ne fait payer les pertes de revenus pétroliers qu'à la classe moyenne et aux pauvres. Au sujet des revenus pétroliers, M. Benkhalfa a expliqué que leur gestion, dans le contexte actuel des cours du brut, devrait se faire avec «prudence», ce qui n'est pas nouveau, étant donné que tous les budgets de l'Etat étaient calculés sur la base de 37 dollars le baril, et que la différence devait être épargnée dans le Fonds de régulation des recettes, en somme, un fonds souverain déguisé. «Nous avons perdu près de la moitié de nos recettes provenant du pétrole, mais nous allons les compenser à partir des ressources bancaires, et de la fiscalité ordinaire.» Benkhalfa dira que «dans les prochaines années, la politique du gouvernement reposera sur l'investissement intensif». Concernant les nouvelles dispositions de la LF 2016, le ministre a assuré que la règle des 51/49% régissant l'investissement étranger est non seulement maintenue, mais aussi élargie au commerce de gros et aux services. «Tout investissement étranger doit obéir à la règle 51/49», a-t-il insisté. Répondant à la question de députés quant à l'article 71 qui propose l'introduction d'un «mécanisme budgétaire» permettant au ministre des Finances d'annuler ou de geler des projets à travers des «décrets d'ajustement», M. Benkhalfa a indiqué que cette pratique, répandue de par le monde, visait à consacrer le principe d'une gestion «prudente» des ressources de l'Etat. Face aux critiques de parlementaires sur le fait qu'une telle mesure est susceptible de créer un chevauchement entre les pouvoirs législatif et exécutif, M. Benkhalfa a considéré que cette pratique n'allait nullement attribuer des prérogatives supplémentaires au gouvernement. Pour ce qui concerne la disposition qui consacre la possibilité d'ouverture du capital des entreprises publiques économiques (EPE) à des résidents nationaux, le ministre a expliqué que cette mesure n'était pas du tout en contradiction avec le principe de la souveraineté économique du pays. En somme, le ministre des Finances a expliqué aux députés que le projet de loi de finances consacrait trois principaux éléments: le maintien de la politique sociale, la prudence dans la gestion des ressources de l'Etat et l'accélération de la croissance économique. L'avenir tranchera sur la véracité de ces déclarations.