Dans les démocraties, les forces politiques sont parfois interchangeables, car elles sont d'accord sur les grands axes de la politique étatique. Les alternances ne produisent pas de séisme. Droite gauche, les différences ne sont pas insurmontables. Pas d'incompatibilité entre elles. Les Européens ont presque dépassé les Constitutions nationales pour élaborer un traité constitutionnel européen. Elaborer la Constitution, c'est-à-dire la loi fondamentale avant les lois ou faire l'inverse ? Les lois qui viennent de passer devant le Parlement (elles sont toujours passées et le passeront sans risque) sont-elles en conformité avec l'actuelle Constitution ou le sont-elles en conformité avec la future constitution ? Sans doute qu'il serait hasardeux d'affirmer sa conviction que la constitution future était depuis bien longtemps déjà élaborée dans ses grandes lignes. Il serait également hasardeux d'affirmer le contraire. Pour ceux qui ont gravité autour des dirigeants au sommet de l'Etat, ils savent bien que le pouvoir ne se laissera jamais prendre au piège de n'avoir pas préparé son avenir. Pour lui éviter d'être en retard, les intellectuels recrutés spécialement pour traduire juridiquement un projet politique ou donner un contenu scientifique aux discours ont fait leur travail. Une Constitution est d'abord un projet politique. Il traduit la vision du plus fort. La force est du côté de celui qui peut en faire l'usage. Dans un système autoritaire, c'est le dirigeant au sommet qui impose sa Constitution. Dans une démocratie, c'est la représentativité qui indique le sens des rapports de force. Le parti majoritaire ou la coalition majoritaire influe sur le contenu de la Constitution. Dans une démocratie, peu importe quelle majorité va influer sur la Constitution, car l'alternance est possible et surtout, les visions et projets portés par les plus grandes forces politiques sont compatibles entre elles, ce qui assure la continuité des grandes politiques de l'Etat.