Hier, deux députés supplémentaires de Nidaà ont déposé leur démission. Ce qui porte à 19 le nombre de députés démissionnaires du bloc parlementaire de Nidaa Tounès. Dans la même journée d'hier, Nidaà était officiellement classé second au Parlement avec 67 députés. Ennahdha le dépasse désormais de 2 députés. De source fiable, d'autres démissions sont prévues dans la journée et les jours qui viennent. Quelque 1 700 militants se sont rassemblés, dimanche, au Palais des Congrès de Tunis pour saluer Mohsen Marzouk. L'ancien secrétaire général de Nidaa Tounes a lancé son mouvement qui devrait déboucher sur la création d'un parti politique, alors que le parti au pouvoir tenait son Congrès ce week-end. Ils sont beaucoup à avoir assisté à ce congrès. S'ils sont venus ce dimanche matin, c'est par déception. Ils avaient voté Nidaa Tounes pour s'opposer aux islamistes d'Ennahda. Aujourd'hui il déchante. « Nidaa Tounes qui était supposé nous donner un choix, qui était supposé ne pas devenir allié à Ennahdha est devenu allié à Ennahdha hier, déplore Karim. On est en train de tendre vers le parti unique ». Le militant fait allusion au discours de Mohammed Ghannouchi, le président d'Ennahdha, ce samedi au Congrès de Nidaa Tounes. Mohsen Marzouk promet que sa nouvelle formation refusera toute collusion contre nature. « Nous représentons un courant moderniste, laïcisant, pas laïque, a déclaré l'ex-cadre de Nidaa Tounes. Cette histoire d'alliance aveugle entre Nidaa Tounes et Ennahdha est une grave menace à la démocratie en Tunisie. Notre objectif, c'est de les battre aux élections». Abderraouf el-May fait partie des 17 députés qui ont quitté Nidaa Tounes. Il était à la tribune avec Mohsen Marzouk, mais tient à garder une certaine liberté. « Est-ce que ça va aboutir sur un parti ? Est-ce que ça va aboutir sur un mouvement dans lequel d'autres partis peuvent venir se joindre éventuellement ? Tout est ouvert », avance-t-il. Avec cette scission, Nidaa Tounes va se retrouver avec le même nombre d'élus qu'Ennahdha. D'autres démissions pourraient survenir cette semaine. Commencé le 1er novembre par une rixe à Hammamet, le soap opera Nidaa Tounes a resserré les rangs ce week-end à Sousse. Ce fut un congrès politiquement stupéfiant. Le président de la République, Béji Caïd Essebsi, a quitté son statut de président de tous les Tunisiens pour revenir (il est président d'honneur) dans l'arène de la machine électorale qui l'a porté au pouvoir. Il a prononcé un vigoureux discours, faisant peu de cas des dix-neuf députés qui ont démissionné du bloc parlementaire de Nidaa à l'ARP. Des propos tenus sous les yeux de Rached Ghannouchi. Décontracté, l'homme - qui était l'ennemi absolu du parti créé pour BCE - a reçu un accueil chaleureux. Il était inimaginable en 2014 que les deux briscards de la politique tunisienne soient publiquement réunis dans la même salle.