Pas moins de 10 000 enfants ont été déclarés victimes de différentes formes de violence durant les douze mois de l'année écoulée, dont 2 000 cas d'atteintes sexuelles. Certaines situations demeurent un tabou que les parents évitent de dénoncer, ce qui démontre que les chiffres sont, malheureusement, plus importants que ceux officiels. Un état de faits a été réitéré jeudi par le président de la Fondation nationale pour la promotion de la santé et de la recherche (Forem), le professeur Mustapha Khiati qui a, encore une fois, tiré la sonnette d'alarme sur un avenir incertain pour des dizaines de milliers d'enfants, soit une importante tranche des futurs adultes, toutes catégories confondues. Cette tranche vulnérable de la société semble de plus en plus affectée par de nombreux maux sociaux dans les différents milieux, à savoir, que la violence est constatée dans le foyer familial, à l'école, dans la rue ou dans d'autres environnements où, soit elle est victime de violence directe ou une proie facile à différentes formes de délinquance. Lors de son passage sur les ondes de la Chaine III de la Radio nationale, le professeur Khiati n'a pas manqué de culpabiliser famille, école et entourage sur ce qu'est devenue l'enfance tout en estimant que les chiffres officiels demeurent loin de la réalité, les tabous empêchent d'en parler dans de nombreux cas. Des tabous ancrés dans la société et qui, à comprendre l'invité de la rédaction, s'étalent de la famille, à la société et même au plus haut niveau puisqu'on ne discute presque pas de certaines atteintes dont celles sexuelles. Outre la maltraitance et les différentes atteintes aux enfants, le président de la Forem est revenu sur l'incitation des jeunes à consommer de la drogue, à fumer des cigarettes ou bien à les utiliser pour mendier peut-être, aussi, assimilé à des actes de violence. «14% des collégiens et 27% des lycéens, avouent consommer de la drogue» a-t-il noté. Selon lui, les 200 000 enfants quittant, chaque année, l'école par suite d'un échec scolaire, sont susceptibles de devenir des acteurs de la violence et des consommateurs potentiels de drogue. «Ils doivent faire l'objet de programme de prise en charge qui n'existent malheureusement pas», regrette-t-il. Revenant sur les possibles origines de cette situation dramatique que vivent des milliers d'enfants, l'intervenant indique qu'une bonne partie revient aux traumatismes créés par la période terroriste des années 90, causant, entre autres, un état de la dislocation de la cellule familiale et des conséquences de l'exode rural. Par ailleurs, pour ce qui est de la loi sur la protection de l'enfance contre les violences dans le projet de révision de la constitution, Mustapha Khiati relève qu'il s'agit là d'une avancée importante tout en appelant à prendre les choses plus aux sérieux, à ouvrir un large débat sur cette question et à créer un observatoire de l'enfance, seul, à même de prévenir les déviances dont elle pourrait être l'objet.