Le président de la République, sitôt la Constitution adoptée par le Parlement, a adressé un message dont voici les principaux termes. «Notre pays vient d'écrire une nouvelle page de son histoire politique et constitutionnelle. Une ère prometteuse s'ouvre aujourd'hui pour notre peuple, une ère marquée par des conquêtes démocratiques substantielles, et illustrée notamment par des acquis irréversibles visant la préservation des constantes nationales, et des principes fondateurs de notre société. En ce jour historique, il m'est particulièrement agréable de saluer le sens élevé de la responsabilité, du patriotisme et la clairvoyance dont ont fait preuve, résolument, les membres du Parlement, toutes tendances politiques et tous courants idéologiques confondus. En adoptant, aujourd'hui, à une large majorité, le projet de loi portant révision de la Constitution soumis à votre auguste Parlement, vous venez de marquer votre entière adhésion, en votre qualité de représentants de la nation, aux conquêtes démocratiques que ce nouveau texte ambitionne de réaliser. Cependant, si un constat s'impose, à l'évidence, c'est celui qui atteste la vitalité de notre jeune démocratie et la dynamique constante qui la fait vivre. En effet, si un certain nombre de parlementaires ont voté contre le projet, et que d'autres ont préféré s'abstenir, cela ne peut être que révélateur d'un Parlement qui fonctionne au rythme d'une démocratie pluraliste, un parlement librement choisi par le peuple pour exprimer sa volonté, et reflétant la diversité des courants d'idées, et d'opinions qui animent notre société.» Le Président soulignera à propos des réformes dans le volet politique que «son objectif visait en premier lieu à répondre aux attentes légitimes de notre peuple en symbiose avec les évolutions du monde, à approfondir la démocratie, à consolider les fondements de l'Etat de droit, et à renforcer les garanties constitutionnelles de promotion et de protection des droits et libertés de l'homme, et du citoyen dans notre pays». Revenant sur la réconciliation nationale, le président indiquera que «la décision d'engager des réformes politiques, comme vous le savez, est intervenue après celles que j'avais entreprises quelques années auparavant sur la concorde civile et la réconciliation nationale, dans l'objectif, devenu hautement prioritaire, de ramener la paix et la sécurité des personnes et des biens dans notre pays comme je m'y étais engagé en 1999. La paix des cœurs et des esprits est revenue, après de longues années de terrorisme, un terrorisme barbare dont l'objectif principal était de saper les fondements de l'Etat et de nier aux Algériens le droit à la différence, voire même le droit à la vie. L'image de l'Algérie, pendant longtemps ternie par les affres de ce phénomène relevant d'un autre âge révolu, a profondément changé aujourd'hui pour donner place à une Algérie apaisée et réconciliée avec elle-même, une Algérie résolument tournée vers l'avenir, dans la modernité. A cet égard, il n'est que justice de réitérer solennellement l'hommage vibrant à notre peuple pour tous les sacrifices consentis, de saluer, une nouvelle fois, le courage et l'héroïsme de l'Armée nationale populaire, digne héritière de notre glorieuse Armée de libération nationale, ainsi que l'abnégation, et l'admirable détermination de tous les autres corps de sécurité sans oublier, bien entendu, le lourd tribut payé par celles et ceux qui, par la plume, l'image ou la parole ont porté haut et fort la voix de l'Algérie au moment même où elle s'est trouvée, seule, à affronter l'épreuve, et de surcroît, soumise à l'arbitraire d'un embargo international quasi intégral durant de longue années». Le président Bouteflika soulignera ensuite «la détermination de notre peuple à relever les défis pour concrétiser la démocratie, tout en soutenant le rythme de la construction nationale, sans affecter la volonté de protéger le volet social en ces temps difficiles marqués par la chute des prix du pétrole, ce qui induit à repenser les priorités nationales de développement». Bouteflika reviendra sur «ce qui a nécessité le processus des réformes promis, et présentement engagées, afin de passer à une étape politique, et constitutionnelle déterminée, à une autre étape qualitativement supérieure tout au long de la construction d'une société, fondée sur les valeurs républicaines. L'Algérie d'aujourd'hui, n'est plus celle des années 1990. Notre génération à la conviction d'avoir fait ce qu'il fallait faire, au moment où il fallait le faire, et avec les moyens qui s'offraient à elle. Une autre génération, qui aura peut-être une vision différente de la nôtre, continuera, avec d'autres idées, d'autres moyens, et d'autres manières, ce qui a été commencé par ses aînés. Elle léguera à son tour, le moment venu, l'œuvre qu'elle aura accomplie à la génération suivante, de telle sorte que chacune de ces générations aura contribué à la construction patiente de l'édifice constitutionnel avec la spécificité de sa démarche et la particularité de son empreinte. C'est ainsi que se construisent au fil du temps, patiemment et sûrement, dans la continuité, et la diversité, les fondements des nations fortes, par la volonté inébranlable de leurs peuples», conclut le Président.