Bien mauvaise que la tournure prise par l'affaire des 3 containeurs chargés de produits prohibés saisis il y a quelques jours au port de Annaba. De banale opération de contrebande, l'on est d'abord passé à une opération de blanchiment de capitaux pour aboutir à une action écran tendant à jauger de la vigilance des douaniers et policiers algériens des frontières. Ce qui aurait pu réussir n'était l'intervention des douaniers de la direction régionale de Annaba à l'origine de la mise à jour de ce véritable scandale. C'est le cas de le dire au regard de l'arrivée ces dernières quarante huit heures à Annaba d'une commission d'enquête dépêchée par la direction régionale de la police algérienne des frontières. Ses éléments ont pour mission de déterminer avec exactitude les responsabilités de chacun des vingt policiers chargés d'assurer la sécurité de l'infrastructure portuaire, de veiller également à ce qu'aucun passager du navire des voyageurs «El Djazaier II» ne quitte le lieux sans avoir été soumis à la procédure règlementaire. Il a été établi que les trois contrebandiers conducteurs des trois voitures chargées des produits prohibés ont, non seulement, pu sortir du port totalement libre, mais qu'ils disposaient aussi de faux documents de voyages et de plusieurs complicités. Ce qui rend leur identification presque impossible. A moins que le 4e complice arrêté et un autre parmi les trois contrebandiers en fuite et qui serait un ancien policier des frontières révoqué ne soit arrêté. Autre fait anormal, arrivés à 18h00 au port de Annaba et constatant que leurs véhicules allaient être fouillés au peigne fin, les trois criminels sont sortis du port vert minuit passé. Selon nos sources, ils auraient été pris en charge par des complices aux alentours du port avant d'emprunter la route vers la Tunisie. Les complicités dont ils ont jouies étaient apparemment fortes même s'il est dit que la somme de 6 millions de dinars a été versée sur les quais du port de Annaba pour «fermer les yeux» de certains. Sinon comment expliquer que les trois contrebandiers aient pu se déplacer sans être inquiétés de Annaba jusqu'à la frontière terrestre à Oum Teboul et accéder en territoire tunisien sans avoir à rendre des comptes ni du côté algérien ni de l'autre. Ce trop-plein de questions est resté sans réponse. Du moins en ce qui concerne l'identité des auteurs et la destination que devait prendre l'importante cargaison saisie dans les trois véhicules. Et lorsqu'il est dit que dans le lot il y avait 5 kg d'or 18 carats, des lingots d'argent, des talkies walkies, des fumigènes, il faut prendre en considération l'information selon laquelle, les quatre contrebandiers se préparaient à importer des explosifs. C'est ce qu'ont conclu nos sources proches du cercle des enquêteurs. A ce stade, l'on a reconnu qu'Il ne s'agit plus d'enquête sur une affaire de contrebande, mais d'une affaire beaucoup plus importante. Un acte hautement préjudiciable, s'il en est, aux intérêts supérieurs du pays. Ce qu'atteste, la rumeur distillée sur la place publique locale, quant à la prétendue implication de hautes personnalités de l'Etat. De là à dire que cette tentative est une poudre aux yeux ayant pour objectif la déstabilisation de nos sentinelles économiques et sécuritaires aux frontières, il n'y a qu'un pas. Les services spéciaux algériens l'ont franchi en prenant en charge le dossier.